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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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l’imaginaient les Vietnamiens, puisque, à Potsdam, la décision avait été prise de confier le nord de l’Indochine aux armées de Tchang Kaï-chek et le sud aux Anglais ; la limite des deux armées devait être le 16 e  parallèle… Que pouvaient faire les 2 500 soldats français présents sur place face à 25 divisions chinoises… Mais le Vietminh ne tenait pas, non plus, à ce que ce projet allié aboutisse, et Hô Chi Minh fit transmettre aux représentants français du GPRF (Sainteny, Pignon, le général Alessandri) les demandes vietminh : l’indépendance avant cinq ans, pas après dix ans…
    Mais à Paris, on reprenait l’affaire indochinoise comme s’il n’y avait eu ni la guerre, ni la défaite, ni l’occupation japonaise, ni la double proclamation de l’indépendance, ni l’insurrection générale… De Gaulle veut envoyer des troupes, il nomme l’amiral d’Argenlieu haut-commissaire, mais les Américains n’ont pas « de navires pour cela »… Entre-temps, Paris avait restauré la Fédération indochinoise, avec ses 5 territoires d’antan, un haut-commissaire à sa tête, des décisions qui étaient même en retrait sur ce que l’amiral Decoux avait concédé aux nationalistes vietnamiens un an plus tôt — et qui niaient l’existence du Vietnam.
    Or, ce que craint le Vietminh avant tout, ce sont les Chinois, qui ont un homme dans le gouvernement Hô Chi Minh, le vice-président Nguyên Hai Thân. Lors des négociations qui s’engagent, on butte sur ce dôc lâp qui a été proclamé le 2 septembre à Hanoi : la liberté — selon les Français —, l’indépendance — selon les Vietnamiens. Ceux-ci finissent par céder, et l’accord du 6 mars, cautionné par Leclerc, implique l’entrée du Vietnam, « État libre », dans une Fédération indochinoise, mais sans les trois Ky — sans la Cochinchine… Ces graves concessions, Hô Chi Minh et Giap les légitiment en rappelant l’expérience de Brest-Litovsk : « Grâce à cette trêve nous pourrons renforcer notre armée… » Et Hô Chi Minh d’ajouter à son peuple, des sanglots dans la voix : « Je vous jure que je ne vous ai pas trahis. »
    Pendant que les premières troupes françaises débarquaient avec Leclerc à Hanoi et d’autres à Saigon grâce à l’aide discrète des Britanniques, l’amiral d’Argenlieu aurait évoqué, avant de rencontrer Hô Chi Minh, « un nouveau Munich ».
    On le constate : ni d’un côté ni de l’autre, on n’était prêt à respecter l’accord du 6 mars 1946, à s’en tenir là  1 . Au moindre incident, la guerre pouvait éclater. A la conférence de Dalat, les négociations reprirent avec Marius Moutet, mais elles achoppaient sur le problème de la Cochinchine, Hô Chi Minh ne cédant pas non plus, car il escomptait un soutien des communistes français qui, en 1946, obtenaient 28 % des voix…
    Lorsque la France proclame la création d’une République autonome de Cochinchine, c’est l’engrenage. Dans le Sud, le Vietminh pratique le terrorisme contre les Vietnamiens favorables à cette entente avec la France. Dans le Nord, le général Valluy saisit une occasion pour bombarder Haiphong. 1 200 Français furent alors attaqués, 40 massacrés. Le 21 décembre 1946, le gouvernement Hô Chi Minh en fuite lançait l’ordre d’insurrection générale.
    C’était la guerre.
    Spécificité du mouvement national en Inde
    En Inde, l’apparition d’une grande bourgeoisie d’affaires, la construction d’une mémoire historique et d’une identité dues tantôt au colonisateur, tantôt au colonisé, ont aidé à la constitution et au développement d’un mouvement de libération qui avait la caractéristique de n’être pas nécessairement anticapitaliste — à la différence d’autres — et qui n’était pas unanimement anti-anglais, même si l’indépendance ( swaraj ) était un de ses objectifs, et si l’hostilité à l’occupant était bien partagée. « Un des traits les plus remarquables de la domination anglaise aux Indes, écrivait Nehru, est que les plus grands maux qu’elle a infligés à ce peuple présentent extérieurement l’apparence de bienfaits du Ciel : chemin de fer, télégraphe, téléphone, radio et le reste furent les bienvenus ; ils étaient nécessaires et nous avons une grande gratitude envers l’Angleterre de nous les avoir apportés. Mais nous ne devons pas oublier que leur premier objet fut le renforcement

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