Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle
revendication égalitaire, dès avant 1914 ; de la fronde contestataire, au lendemain de la Première Guerre mondiale, puis de la récrimination véhémente et violente. La greffe avec l’Internationale et l’africanisme, incarné par Garvey, se fit durant les années vingt. Le drapeau futur de la nation africaine devait être « rouge, comme le sang versé au cours de l’histoire ; noir comme la couleur de la peaudont on doit tirer orgueil, et non de la honte ; vert, comme l’espérance » (Lagos, 1920).
Cette conceptualisation s’est surajoutée, souvent, à un « besoin d’indépendance » qui avait existé très tôt, et même dès la conquête, aussi bien à l’Ouest qu’au Kenya ou à Madagascar.
Ici, en 1947, comme à Sétif en 1945, ou à Haiphong en 1946, l’administration ou l’armée y répondent par un massacre…
----
1 .
On observe qu’en octobre 1935 Maurice Thorez proclame son attachement à la défense du peuple d’Algérie ; or, elle consiste à se lier avec les « bourgeois » algériens nationaux réformistes, tel Ferhat Abbas, qui, à l’époque de la lutte « classe contre classe », était qualifié de contre-révolutionnaire. Or, pour Thorez, il s’agit seulement d’allier les Algériens au peuple de France, de peur d’une absorption par le fascisme italien ou allemand. Dix ans plus tard, c’est au nom de la lutte contre l’absorption par l’impérialisme américain que le PCF et le PCA s’adressent, cette fois, au PPA de Messali.
2 .
Aux États-Unis, jugeant que les Noirs sont traités comme des peuples colonisés, et suivant l’enseignement de Malcolm X, les Panthères Noires ne se veulent pas « Noirs », mais révolutionnaires, et ils adoptent l’attitude de Cabral, de Che Guevara (années 1960-1970).
CHAPITRE IX
Indépendance ou révolution
----
La fin de la colonisation a-t-elle été due à la lutte de libération des populations soumises et vaincues, à elle seule, ou bien doit-on l’imputer aussi à la déchéance des métropoles incapables de gérer l’immense capital qu’elles avaient accumulé ? Ou bien encore est-elle l’effet des pressions du monde extérieur, conjugué avec les autres facteurs…
En tout cas, chaque indépendance n’a pas puisé toutes ses forces sur place seulement quelles qu’aient pu être la réaction et la vision des vaincus. L’exemple des. pays d’Afrique du Nord est là pour témoigner que c’est tantôt l’Islam, tantôt le sentiment d’appartenance au monde arabe, tantôt un patriotisme plus directement lié à la terre natale qui ont servi de levain, ou encore de levier au soulèvement populaire. Au Vietnam comme en Indonésie, si le sentiment national a bien suscité la réaction des populations face aux Français et aux Hollandais, l’internationalisme prolétarien a exercé aussi son influence — tout comme le panafricanisme, en Afrique anglophone surtout.
Ces mouvements, qui sécrètent des idéologies de la liberté ou de la révolution, ont pu apparaître et se développer en congruence, ou non, avec d’autres, voire les précéder.
Quels objectifs ?
Les mouvements de libération se sont aussi appuyés sur des Églises, ou des partis qui se faisaient concurrencequelquefois, avec un objectif commun, l’indépendance, et des variables dans la tactique, des variantes dans le contenu de cette indépendance.
Les uns se voulaient révolutionnaires autant que nationalistes : tel le vietminh, qui l’a emporté pour autant qu’aucune force religieuse — ni les caodaistes, ni les chrétiens — ne pouvait rivaliser avec lui. De plus, après 1949, il est adossé à la Chine communiste.
Au contraire, quand la religion est prééminente, comme en Inde ou en Birmanie, voire aux Philippines et au Maghreb, les chances des forces révolutionnaires sont faibles, ou inexistantes ; notamment là où règne l’hindouisme qui, au reste, cache son drapeau derrière le patriotisme et la démocratie.
Dans l’entre-deux se trouvent ces pays, telle l’Indonésie, où communisme et Islam sont puissants et se combattent. Mais en Angola, à l’inverse, ce sont les partis politiques, le Parti communiste aussi bien, qui sont « instrumentalisés » au bénéfice de la nation — dans le but d’en créer une (M. Cahen, Villes et Bourgs en Afrique lusophone ).
Enfin, il est des mouvements qui, à ce jour, ont échoué dans leur projet, tel le Sendero luminoso au Pérou : il faut les étudier
Weitere Kostenlose Bücher