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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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et la guérilla comme forme de guerre principale.
    Toutes autres formes de lutte, « à la Abbas », doivent être condamnées, car « le légalisme est mort de l’illégalité congénitale qui fonde le colonialisme ». Mais, pour l’instant, « notre mouvement est faible en tant qu’instrument de cette guerre de libération » ; il faut donc simultanément aiguiser la conscience révolutionnaire des masses, renouveler les cadres, obtenir des armes et de l’argent, unifier le combat maghrébin ; utiliser le monde arabe comme cadre et comme catalyseur, et l’Islam comme force mobilisatrice. Enfin, saper la volonté de l’adversaire par une action subversive, en France, en exploitant les contradictions de la gauche française qui semble se rallier à l’impérialisme national par opposition à l’impérialisme américain. Quant aux travailleurs algériens en France, « enéchange de leur participation aux combats des travailleurs français, ils doivent dénoncer le refus [des partis et syndicats français] de reconnaître l’existence d’une nation algérienne ».
    L’intérêt de ce texte est de proposer une analyse des cadres de la lutte de libération, d’en définir les données et les prémisses telles que le mouvement nationaliste les a perçues et en a tiré les leçons pour aboutir à ses fins. En ce sens, ce texte constitue tout un programme. Or, il fut, peu ou prou, mis en pratique, mais sans qu’on s’y réfère pour autant.
    Éviter un soulèvement de masse prématuré , comme en 1871, en Kabylie, où la prétention coloniale au cantonnement indigène suscite une révolte contre cette plèbe urbaine de déclassés que sont les premiers colons. Déjà les Arabes ont vu disparaître leurs lois et coutumes ; bientôt on va assujettir un Mokrani, seigneur de la Medjana, à un maire civil, un mercanti. Pour les Arabes, il n’en est pas question, car on sent bien qu’avec la disparition de Napoléon III, l’Empereur, il n’y avait plus de lien charismatique entre les notables arabes et « le Sultan ». Des insurrections éclatent à Souk Ahras, El-Miliah, puis toute la Kabylie. Les colons de Constantine n’y croient pas, plaquent la situation française sur l’Algérie et voient dans l’envoi des militaires une manœuvre pour restaurer le pouvoir de l’armée. Ils jugent les confréries musulmanes responsables — ce qui permettra au cardinal Lavigerie d’installer ses Pères Blancs au cœur du pays révolté. Mais la révolte n’a pas prévu les moyens de s’étendre au pays tout entier ; et la France, en envoyant en Algérie des Alsaciens et des Lorrains, juge seulement qu’il n’a pas été commis assez d’efforts pour « désensauvager » les habitants. La répression est très dure. Les nationalistes estiment qu’il faut tirer la même leçon de l’échec du soulèvement prématuré de 1945.
    Il avait toutes sortes de bonnes raisons et sans doute la colère de ces soldats musulmans qui avaient payé un si lourd tribut à la campagne d’Italie, donnant leur part à la victoire de Cassino où Ben Bella avait gagné la médaille militaire. L’ordonnance attendue et qui devait leur accorder la citoyenneté française ne venait pas, et de retour au pays, la misère retrouvée, l’humiliation du joug colonial réanimée, le courant indépendantiste se nourrit de l’espoir des promesses faites par les Américains à Ferhat Abbas et au sultan du Maroc. Mais dans l’intérieur, et surtout en Constantinois où la famine et la mort ont fait des ravages, la tendance à l’indépendance s’affirme avec force. Messali Hadj avait été arrêté, déporté à Brazzaville, et le 1 er  mai 1945 des manifestations se multiplient (indépendantes de celles des syndicats). La police tire à Alger, Bougie, Oran, et la colère éclate une semaine plus tard pour les fêtes de la Victoire. A Sétif et à Guelma, d’immenses cortèges réclament la libération de Messali et une Constituante souveraine. Ces manifestations sont le point de départ d’un soulèvement qui s’étend du Constantinois à la Kabylie, animé par les AML (Amis du Manifeste et de la Liberté) qui réunit toutes les tendances nationalistes — de Ferhat Abbas à Messali. Les centres de La Fayette, Chevreul, Aïn Abessa sont encerclés, les fermes attaquées. On estime à une centaine le nombre des victimes françaises. Achevée par l’aviation, la répression fit entre 1 500 et 40 000 victimes

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