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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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arabe aussi, caisse de résonance dont les échos atteignirent jusqu’à l’Indonésie. La presse marocaine d’obédience française fit silence sur cette campagne, qui atteignit la Société des nations. Mais L’Afrique française , un des organes, en France, des grands regroupements économiques et des colons, dénonça « la clique de quelques voyous munis de vagues certificats d’études et qui veulent jouer au Maroc les Gandhi et les Zaghloul » (1934).
    La Résidence fut contrainte de différer l’application du dahir berbère, puis de l’aménager. Cette tentative de gagner les Berbères, comme en Algérie les Kabyles, avait fait long feu.
    Ainsi encouragés, les nationalistes marocains exprimèrent leurs exigences dans un long mémoire, le Plan de réformes marocaines . Ils demandaient l’application stricte du traité de protectorat et la suppression de toute administration directe, la participation des Marocains à l’exercice du pouvoir dans les différentes branches de l’administration, la création de municipalités élues et l’ouverture de l’enseignement à tous les Marocains.
    Bien que soutenu par des hommes politiques tels que Gaston Bergery, César Campinchi, Georges Monnet, ce projet fut rejeté par le Quai d’Orsay et par la Résidence, ce qui suscita des manifestations de rue à Fès, Kenitra, etc., en novembre 1936, puis en 1937, et, comme en Tunisie, la scission du Comité d’action marocaine , avec une aile populiste animée par ‘Allal el-Fassi, qui allait devenir l’Istiqlal, et une aile plus ouverte aux contacts avec la gauche française, dirigée par Mohammed Hassan Ouazzani. Tous deux furent arrêtés, internés ou exilés, leurs organisations dissoutes.
    Le calme régnait au Maroc lorsque le général Noguès laissa la place au général Juin (mai 1947). Entre-temps, les leaders nationalistes avaient été libérés.
     
     
    Depuis la guerre d’Indochine, les leaders nationalistes de Tunisie et du Maroc savent quelle est l’impuissance des gouvernements français, leur ignorance des problèmes maghrébins, sauf au sein du parti-colon ; ils savent aussi les réticences du Quai d’Orsay à toute évolution vers l’autonomie interne des deux protectorats. Le bey de Tunis avait réclamé le droit de respirer l’air de la liberté. Le résident Périllier, qui avait pensé qu’il serait nécessaire de « lâcher des soupapes », est remplacé par Jean de Hauteclocque qui décide de venir à Tunis sur un navire de guerre (1952).
    Simultanément, au Maroc, le général Juin avait voulu engager le Sultan sur la voie de la cosouveraineté ; Mohammed Ben Youssef avait refusé, qui espérait l’application du traité de protectorat. Son successeur, le général Guillaume, arrivé en août 1951, avait tenu des propos sur le Sultan qui résumaient son projet politique : « La bagarre, c’est mon métier, je lui ferai bouffer de la paille. »
    Il y avait eu des grèves à Tunis, des incidents graves éclatent à Casablanca ; le 5 décembre 1951 avait été assassiné, à Tunis, le chef de file des nationalistes, à côté de Bourguiba, le leader syndicaliste Ferhat Hached ; l’Uniondes syndicats marocains répond par une grève générale, le 7 décembre ; les chars tirent sur la foule. C’est la crise que gèrent Juin et Guillaume, et qui aboutit à la déposition du Sultan : « C’est un emmerdeur, déclare le “préfet” Boniface, il devrait rester avec ses femmes, sa ménagerie, ses singes et tout le reste. Il se prend pour le Führer » (Alexandre Werth, France 1940-1955 , p. 619). C’est alors qu’est montée « l’opération Glaoui », que le Sultan est remplacé par Ben Arafa (cf. ici ).
    Ces propos, ce comportement montraient bien aux leaders de l’Istiqlal et du Destour qu’un vrai dialogue était impossible. Ni les uns ni les autres n’étaient pourtant des révolutionnaires, tel Hô Chi Minh —, ni des extrémistes, tels les leaders du FLN — ce que, du reste, l’avenir a montré. Ni le bey ni le sultan ne l’étaient non plus… A partir du moment où les dirigeants français refusaient de voir que, dans le contexte mondial, les peuples du Maghreb étaient irrésistiblement poussés par la revendication nationale, les leaders du Maroc et de la Tunisie se servirent de l’arène internationale pour atteindre leurs objectifs. La lente internationalisation de la question de l’Indochine leur avait montré la voie.
    Tout

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