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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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zones-là — le Brésil, « découvert » six ans plus tard, en 1500 ? Différents indices l’avaient fait supposer dès qu’eurent été atteints Principe et Sao Tomé, dans le golfe de Guinée, découverts en 1471 et colonisés dès 1493… par des Juifs et des criminels. Sao Tomé était vide d’habitants. Ce fut la première colonie , liée à l’aventure des grandes découvertes.
     
     
    Lorsque Vasco de Gama atteignit les eaux indiennes, en 1498, quelques souverains locaux, tels les Zamorins de Calicut et les sultans de Goudjrat, exerçaient leur autorité mais sans contrôler l’océan qui demeurait aux mains des Arabes. Arrivé à Calicut, Vasco de Gama réclama pour son roi la souveraineté des mers indiennes, ce que évidemment les Zamorins refusèrent, mais leurs rivaux, à Cochin, s’allièrent aux nouveaux venus dont la flotte était impressionnante. Le sultan d’Égypte répondit à l’appel des Zamorins, mais, après une victoire navale, son amiral s’enretourna. Revenus en force, les Portugais d’Albuquerque occupèrent alors Goa, puis l’île de Socotora, Ormuz et Malacca, s’assurant ainsi le contrôle de toute la partie occidentale de l’océan Indien. Goa fut le pivot de ce dispositif, hautement fortifié et constamment consolidé, et Albuquerque en fut l’âme.
    Ce que voulaient les Portugais, ce n’étaient pas des terres, mais bien l’empire du commerce maritime. Éblouis par les richesses de l’Inde, ils entendaient en accaparer le trafic et, déniant aux autres le droit de naviguer dans cette partie de l’océan, ils confisquèrent désormais la cargaison de quiconque n’avait pas eu leur permission : tout navire qui naviguait sans cette autorisation, les cartas , fut traité en pirate et capturé. Ils inondèrent ainsi l’Europe, via Lisbonne, de ce calicot de Calicut, de poivres et autres épices.
    Le poète Luis de Camoens a laissé, le premier, un témoignage sur l’opulence subite de ces marins rustiques et peu préparés à ce changement de vie. Bien des siècles plus tard, après le départ définitif des Portugais, un auteur indien a voulu rapporter les combats de Rani Abbakka, reine des Ullal, qui les aurait repoussés dès 1623, une date mythique. Dans ce récit, les Portugais sont décrits comme des êtres corpulents et grossiers, méprisant la femme, incapables de comprendre l’art et la culture, sensibles seulement au langage de la force. Cette représentation est différente, on l’imagine, de celle que les navigateurs avaient d’eux-mêmes, la corpulence mise à part. Or, ce qui frappe, c’est que les Indiens, en énumérant ces défauts, omettent le seul que les Portugais eux-mêmes s’attribuent : la cupidité. La raison en est simple : évoquer leurs rapines serait reconnaître qu’au lieu de les avoir chassés les Indiens ont dû subir leur loi, même provisoirement, et se laisser dépouiller. Ce serait marquer aussi la déchéance d’aujourd’hui, où l’opulence n’est plus qu’un souvenir.
    C’est l’Islam, encore lui, que les Portugais découvrirent en arrivant aux Indes… La fin tragique de l’infante Santa, morte dans un cachot de Fès, en 1443, le siège de Grenade auquel avaient participé les Portugais, étaient encore dans les mémoires lorsque Vasco de Gama arriva à Calicut… Au vrai, a montré Geneviève Bouchon, ce qui n’était pasmusulman, sur la côte du Kerala, ne comptait guère : les interdits relatifs à la mer frappaient en effet la population hindoue, ce qu’avait déjà noté Marco Polo. Lors de pourparlers engagés à Calicut, en 1500, Pedralvarès Cabral avait retenu sur ses vaisseaux des notables en otages, en échange de Portugais restés à terre. « Gentilshommes, ils ne pouvaient ni manger ni boire sur ces navires. » Il leur fut substitué des musulmans. A Cochin aussi, les chroniqueurs portugais reviennent sur ces otages hindous qui se relayaient à bord de leurs vaisseaux pour aller se purifier et se nourrir à terre. Tout ce qui était maritime, et négoce encore plus, était objet de suspicion de la part des brahmanes.
    C’est ainsi que le commerce était passé peu à peu entre les mains d’une communauté nouvelle, les Mappilla, originaires des quartiers les plus miséreux des ports du Malabar et qui s’étaient islamisés pour échapper au système des castes, leur propre rang étant au plus bas en raison de leur contact avec les étrangers et avec la mer, ou bien qui étaient les

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