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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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Tunisie, s’est terminé par des violences et une vraie guerre en Malaisie ou au Kenya ; pour ne pas évoquer le cas de territoires où l’idée même d’une participation indigène à la direction du pays était exclue, comme en Algérie.
    Livrés à eux-mêmes, pourtant, les mouvements de libération ont rarement pu triompher militairement de l’occupant — ce fut le cas, néanmoins, au Kenya, en Birmanie, voire au Vietnam —, parce que leur infériorité était trop écrasante, en Afrique noire notamment, et que l’issue d’un conflit armé pouvait être fatale. Autre donnée : le mouvement de libération se trouvait divisé — notamment entre ceux qui collaboraient, ceux qui le refusaient, ceux qui jouaient dans l’entre-deux ; autre figure encore : l’opprimé était lui-même oppresseur ; par exemple, en URSS, les Géorgiens qui dominaient les Abkhaz ; à moins que les divisions entre colonisés n’aient été plus fortes que l’union face au colonisateur : tels les musulmans et non-musulmans du Nigeria et du Soudan, les Azeris et les Arméniens face aux Russes.
    Enfin, dans certains cas, la politique métropolitaine a pu freiner ou canaliser la montée du nationalisme ; ainsi, dans le cadre britannique, par la création de la West IndianFederation, de la South Arabian Federation, etc. ; ou en France, par la constitution de l’Union française.
    Inversement, le sort de la colonisation a joué sur le destin des métropoles elles-mêmes, pouvant modifier leur attitude sur ces problèmes, mais pas seulement. Déjà, lors du conflit avec les colons d’Amérique, Burke et Locke avaient aperçu les effets pervers de la domination coloniale sur les pratiques démocratiques anglaises. Plus tard, en France, lors de la III e  République, la question coloniale a servi de détonateur aux divisions politiques du pays, contribuant à la sacralisation du régime républicain, au ralliement d’une partie des monarchistes. De leur côté, d’ailleurs, les peuples coloniaux ou destinés à connaître la domination européenne ne manquaient pas d’observer que leur résistance avait suscité une révolution en Russie en 1905, et un coup d’État en France en 1958. Sans parler de la création de l’OAS et du putsch des généraux. Au reste, Salazar confiait à cette date à Pierre Messmer, ministre de De Gaulle, que si l’Empire portugais tombait son régime n’y survivrait pas (témoignage à l’auteur).
    Le point de vue des métropoles : les colonies sont-elles rentables ?
    Est-ce que l’impérialisme a été « payant », et comment poser cette question — voilà une interrogation dont l’enjeu est considérable, et qui taraude hommes politiques et historiens. Au vrai, elle s’est posée très tôt, mais au XX e  siècle elle est devenue centrale. Une première donnée est apportée par l’ expérience britannique du libre-échange, à la veille de la Première Guerre mondiale. Un grand tournant avait eu lieu au milieu du XIX e  siècle : jusque-là, la structure des échanges entre métropole et colonies demeurait celle de l’âge mercantiliste, des lois de navigation, et les préférences douanières avaient survécu jusqu’à cette date. L’Angleterre était hautement industrialisée, elle vendait ses articles manufacturés en échange des produits primaires. L’Inde venait en tête des échanges avec un tiersdu commerce colonial à elle seule ; elle exportait «  drugs, dyes and luxuries  ». L’indigo indien, le café et le thé de Ceylan, le sucre des Antilles, voilà les vedettes de ces échanges, suivies par les bois du Canada. L’Empire reçoit aussi un tiers environ des exportations anglaises, mais ces exportations-là stagnent (F. Crouzet).
    Le grand changement vint d’abord du besoin croissant de l’Angleterre en produits alimentaires, eu égard à la conversion industrielle du pays et à sa progression démographique (de 21 millions d’habitants en 1851 à 41 millions en 1911). A ces besoins s’ajoutait la nécessité de nouveaux produits, comme le caoutchouc, puis le pétrole. Les colonies de peuplement, comme le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande participèrent ainsi bien plus massivement à ces échanges, apportant blé, viande, etc. ; mais pour autant que deux nouveaux facteurs intervinrent pour aider à ces changements : la baisse des frets maritimes grâce aux vapeurs (de 50 % à 75 %) et la construction des chemins de fer, ce

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