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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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précédents non leurs abandons — sauf les bases au Maroc —, mais leur absence de politique. Quelle peut donc être la sienne ?
    En indiquant, d’emblée, qu’il n’y avait en Algérie qu’uneseule catégorie d’habitants, « des Français à part entière avec les mêmes droits et les mêmes devoirs », de Gaulle n’annonçait pas la déclaration du 16 septembre 1959, comme il l’indique dans ses Mémoires , mais il reprenait l’idée d’intégration, sauf qu’il n’était pas clair si, oui ou non, la France et l’Algérie ne formaient qu’un tout, c’est-à-dire avec 100 députés algériens à Paris. Les pieds-noirs le comprirent bien, qui criaient « Soustelle, Soustelle » ; mais, en parlant de 10 millions de Français en Algérie, il revenait à l’immersion des pieds-noirs dans une majorité arabe. Le discours de Mostaganem — « Vive l’Algérie française » — perpétua l’ambiguïté, mais, dès qu’il évoque la personnalité de l’Algérie, puis qu’il associe l’Algérie et la France, le choix est clair même s’il n’est pas énoncé explicitement. Les mots ont leur pesanteur, et, après avoir parlé d’autodétermination, il évoque enfin, en novembre 1960, la République algérienne, et l’Algérie algérienne. C’est la rupture avec Jacques Soustelle, avec les Français d’Algérie, « la douceur des lampes à huile, la splendeur de la marine à voile ». L’appel à « la paix des braves » n’ayant pas eu d’effet immédiat, le général de Gaulle indique indirectement la voie qu’il compte suivre en laissant accéder le Mali — Sénégal et Soudan — à l’indépendance (juin 1960).
     
     
    A regarder les visages hâves des colons qui, sur cet immense navire blanc en rade de Batavia, cette année 1947, quittent à jamais les Indes néerlandaises, qui se douterait qu’ils préfigurent le sort des Français d’Algérie quinze ans plus tard ?
    Pourtant, il en est qui pressentirent la tragédie qui s’annonçait : tel Albert Camus, mi-Algérois, mi-Oranais, qui déclarait qu’« entre la Justice et [sa] mère », il choisissait sa mère. La Justice, pour lui, c’étaient les droits des Arabes bafoués par les colons et l’administration française. Un des premiers, il avait pris leur défense, et ses concitoyens lui en avaient gardé rancune. Mais que la crise algérienne débouche sur le départ forcé des colons, de sa mère — non, cela, il ne l’admettait pas ; et sa déclaration luiattira la colère des intellectuels, Jean-Paul Sartre en premier, qui le méprisèrent pour n’avoir pas « le sens de l’Histoire » (1957).
    Ce sens de l’Histoire, de Gaulle l’avait, et il savait l’indépendance de l’Algérie inéluctable. En pressentait-il les conséquences pour les Français d’Algérie ? En tout cas, les nationalistes FLN avaient laissé croire, durant les années 1950-1956, qu’en Algérie indépendante tous les Français pourraient disposer de droits égaux à ceux des autres habitants de ce pays. Sur ce point, le changement eut lieu, semble-t-il, au congrès de la Soummam ; et l’action de l’OAS aggrava le fossé qui séparait les deux communautés — les Algériens ne faisant rien pour le combler.
    Quant aux métropolitains, prompts, à juste titre, à condamner la torture, ils n’avaient jamais eu un mot pour stigmatiser le terrorisme. L’idée était que ce terrorisme avait été la réponse à la terreur coloniale… tant pis pour les victimes de ce terrorisme…
    De Gaulle avait pris des initiatives pour une fin de guerre. Les opérations militaires n’ayant pas abouti, loin de là, à un Diên Biên Phu, il avait pris contact d’abord avec Si Salah, puis avec le FLN. Pour précipiter le règlement de l’affaire, il emploie l’expression de « République algérienne », annonce un référendum sur l’autodétermination, où le « oui » l’emporte par 75 % des suffrages exprimés, 69 % en Algérie où les grandes villes ont voté « non ». Bidault et Soustelle se sont séparés de lui (8 janvier 1961).
    Alors, le général Salan croit le moment venu, avec les généraux Challe, Jouhaud et Zeller, d’organiser un putsch qu’en sous-main doit soutenir l’OAS (Organisation de l’armée secrète), créée sans doute à l’initiative de Robert Martel, Lagaillarde et Susini, les hommes de la journée des Barricades. De Gaulle en ayant appelé au contingent, le putsch

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