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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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problème colonial. Sans doute l’affaire de Syrie a-t-elle réveillé le vieil antagonisme entre les deux pays  2 et a même failli aboutir à une rupture, mais il s’agit là d’une tragique « péripétie ». Sur le fond, Alexandre Bogomolov, ambassadeur soviétique à Alger, établit un diagnostic sans ambiguïté : « Il est clair, écrit-il à Staline le 19 janvier 1944, que de Gaulle se débarrasse peu à peu des giraudistes… que les Anglais (et pas les Américains) enverront des armes à la Résistance et qu’il y a un accord de fond anglo-français [souligné par Bogomolov] aussi bien en Afrique du Nord qu’au Moyen-Orient. Churchill soutient de Gaulle contre les Américains pour que s’oublient les malentendus passés… […] De sorte que les Anglo-Saxons sont souvent solidaires, certes, contre nous l’Union soviétique, mais pas sur les problèmes coloniaux où la Grande-Bretagne cherche l’alliance de la France contre les Américains — de Gaulle l’a parfaitement compris qui soutient à fond l’Angleterre contre les USA  3 . »
    Si le discours de Brazzaville fait date (30 janvier 1944), c’est parce qu’il est prononcé devant les Africains et qu’il aborde le problème du statut des colonies : mais le contenu est vague, « établir sur des bases nouvelles l’exercice de la souveraineté française », et l’appartenance à l’Empire n’est même pas évoquée ; elle va de soi. Après coup, de Gaulle en a fait la charte qui annonce l’avenir. Le geste était, il est vrai, novateur, tout comme le fut l’ordonnance de décembre 1943 qui élargissait le nombre des musulmans d’Algérie qui jouiraient de leurs droits entiers de citoyens — ce que les colons durent accepter de mauvaise grâce. De même, ce fut de Gaulle qui décida d’introduire 63 députés d’outre-mer à l’Assemblée constituante, sur 522 membres, dont 25 représentaient les colonies : parmi eux, Houphouët-Boigny (Côte-d’Ivoire), Léopold S. Senghor (Sénégal), le Dr J. Raseta (Madagascar), Aimé Césaire (Martinique) ; et 11 représentants de l’UDMA de Ferhat Abbas à la seconde Assemblée constituante. Pourtant, de Gaulle ne désapprouve pas l’affaire de Sétif — il en blâme seulement YvesChataigneau — et, s’il manifeste, en Indochine, ses sympathies pour Jean Sainteny et pour Leclerc, c’est bien l’amiral d’Argenlieu qui est son homme sur le terrain. Or, c’est l’homme de la rupture avec Hô Chi Minh.
    Pendant les années de la « traversée du désert », de 1947 à 1958, la fondation du RPF semble avoir eu pour origine la nécessité de proposer à la France un recours, si s’accélérait la ruine de l’Empire — et sa mise en tutelle par les Américains. De Gaulle expose plusieurs fois ses conceptions sur l’Union française, favorable chaque fois à une évolution vers une plus grande autonomie ; mais, sur l’Algérie, la nécessité de la maintenir française est réaffirmée avec force : c’est « l’ambiance d’incertitude » du statut de 1947 qui le choque pour autant qu’il ait cédé « à la surenchère ». On ne saurait souscrire aux termes de ses Mémoires , écrits après 1960, où le Général laisse entendre qu’il eût été alors souhaitable de faire évoluer la situation vers l’apparition d’un État algérien. Cela n’apparaît aucunement dans ses propos de l’époque.
    En Indochine, après avoir dit et répété que les Français y mènent le même combat que les Américains en Corée — contre le communisme —, de Gaulle juge, en 1954, qu’il faut traiter avec l’adversaire et il ne désapprouve pas les accords que Pierre Mendès France a signés à Genève. Pour l’Afrique du Nord — en l’occurrence la Tunisie et le Maroc —, il considère qu’il faut pratiquer une politique d’association, en châtiant les coupables de crimes qui ne sont pas dignes de la France. Il ne parle pas d’abandon, mais il juge que les bonnes solutions ne sont pas « à la portée de l’actuel régime ».
    C’est ce qu’avait dit et répété Churchill. C’est, pour la France, ce que pensent Michel Debré et Jacques Soustelle en participant au 13 mai 1958. Mais, à ce stade où de Gaulle lance aux pieds-noirs : « Je vous ai compris », ils ne savent pas plus que d’autres comment va agir le général de Gaulle. Ils sont à la fois circonspects, anxieux et confiants. De Gaulle a reproché aux gouvernements

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