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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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ce, dès le jour de sa proclamation.
    Comme on voit, en Afrique noire francophone, mis à part la longue guérilla menée au Cameroun par l’UPC, la décolonisation put s’effectuer par la négociation, sur initiative de l’ONU ou des mouvements nationalistes, mais, avant que l’irréversible eût été accompli, les hommes politiques français ayant su, en l’occurrence, agir à temps, ou trouver sur place des forces hostiles à la rupture violente — tel Ahidjo au Cameroun.
    De sorte que, lorsque de Gaulle offrit aux Africains et aux Malgaches le choix entre une libre association et la sécession, il créa certes la surprise, mais le sol avait étésuffisamment retourné pour que le pari pût être tenté. Au vrai, il offre à l’Afrique noire une tendresse liée peut-être à l’époque de Brazzaville — alors qu’à Alger la réception fut plus fraîche — et on a calculé que sur 810 discours prononcés entre 1940 et 1969, 246, soit plus de 30 %, font allusion à l’Afrique noire. « Nous allons vers une vaste communauté de peuples associés », répète-t-il, expression qui ne peut heurter ni Senghor ni Houphouët, et qui est plus floue que celle de la fédération… « C’est un moyen de transport historique pour passer d’un âge à un autre. » « La France aime les grandes concessions qui font revenir », dit-il aussi à propos de l’Afrique noire…
    Il put appliquer cette politique sans détour, car il ne rencontrait pas les mêmes obstacles qu’en Algérie et avait affaire à des interlocuteurs qui n’avaient pas les mêmes rancœurs que les Arabes contre la France.
    Lors du vote sur la Communauté, le 28 septembre 1958, il y eut 7 471 000 oui et 1 120 000 non, dont 636 000 pour la Guinée. Sekou Touré avait refusé qu’on lui « octroie » un choix, il avait fait dire « non », de sorte que la Communauté comprit, outre la France, 12 États qui jouirent de l’autonomie interne. Mais, avant même que les institutions communes ne fonctionnent, il en était déjà qui se regroupaient — le Sénégal et le Soudan pour former la Fédération du Mali —, qui réclamaient l’indépendance un an après avoir accepté d’entrer dans une Communauté. Les autres suivirent, malgré les résistances d’Houphouët-Boigny qui eût souhaité une communauté franco-africaine durable. « Ils s’en vont, ils s’en vont », dit de Gaulle. Il les laissa partir.
    Congo belge et Gold Coast, un contraste
    L’onde de choc de Suez, qui eut des effets directs sur les événements du Moyen-Orient et du Maghreb et qui par ailleurs avait stimulé les mouvements noirs africains, ne conduisit pas en toute circonstance ceux-ci à aider le FLN sans faillir — malgré ses appels, les Noirs se méfiaient del’Islam arabe ; mais elle fut une indication pour les Européens qu’une ère nouvelle commençait.
    Cela fut net dans le cas des Belges qui, au Congo, vivaient jusque-là dans l’innocence complète de toute cette décolonisation qui semblait ne pas les concerner, puisque de 1945 à 1959 le pays avait été calme, que le nombre des résidents belges était passé de 35 000 à 115 000. En outre, comme leur politique sanitaire en avait été l’exemple, les Belges étaient bien persuadés qu’ils étaient les meilleurs de tous les colonisateurs. De plus, bien tenues, par l’Église surtout, les écoles se multipliaient, et c’est par leur intermédiaire que la progression sociale s’effectuait le plus souvent. Mais l’enseignement était surtout religieux, et il y avait peu d’Africains dans les universités de Belgique. On était passé du travail forcé au patronage. Étant donné que des cadres, appelés « les évolués », se multipliaient dans les villes, l’administration belge chercha à maîtriser le phénomène en instituant la carte de « mérite civil », dont l’obtention devint l’objectif de la population instruite. Une certaine torpeur existait ainsi en apparence dans le pays quand explosèrent les émeutes urbaines de janvier 1959, auxquelles les Belges n’étaient en rien préparés, mais qui les amenèrent, au vu des événements qui se produisaient ailleurs dans le monde, à décider incontinent de mettre fin au régime colonial : « La Belgique a l’intention de transformer le Congo en un pays démocratique capable d’exercer les prérogatives de la souveraineté et de décider lui-même des données de son indépendance. » La

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