Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle
Hoare conduirait à des concessions qui affaibliraient le pays. Mais, au Parti conservateur, il ne recueillait que 356 voix contre 838. Il est vrai qu’il avait commis un certain nombre d’excès de langage qui avaient contribué à la détérioration des relations avec l’Inde : « Il est alarmant, et même nauséeux, de voir que M. Gandhi, un petit avocat séditieux, joue les fakirs d’un type bien connu en Orient, se promenant à demi nu sur les marches du Palais de la Vice-Royauté, organisant en même temps une campagne de désobéissance civile, et qu’on le voit parler d’égal à égal avec le représentant de l’Empereur-Roi. »
Pourtant, après le vote de l’ India Act , en 1935, Churchill modifie son attitude vis-à-vis de Gandhi : il apprécie les grèves Harijan (menées avec des musulmans), signe de la hauteur de vues du leader indien. Mais il explose quand Roosevelt signifie que la charte de l’Atlantique s’applique aussi bien à l’Inde, un propos tenu après l’entrée en guerre des États-Unis. La pression devient alors si forte que Churchill envoie Stafford Cripps, de très mauvaise grâce, avec ses propositions qui sont rejetées — mais font gagner du temps. Churchill sait pourtant qu’il faudra accorder un jour l’indépendance à l’Inde et il organise lui-même la conférence de Simla qui prépare l’inéluctable.
Ce furent ses successeurs travaillistes qui l’accomplirent.
Mais il s’était furieusement opposé à l’idée que le statut de dominion fût reconnu en pleine guerre : il le dit à Tej Baradhur Sapru, un modéré du Parti du Congrès, et, au sein du cabinet de guerre, personne n’ose aborder ce problème, Winston Churchill étant à lui tout seul une sorte de « one man India Defense League » dans son propre gouvernement. A Yalta, il s’oppose fermement à Roosevelt qui proposait que les anciennes colonies deviennent des sortes de mandats dans la future ONU. « Je ne suis pas d’accord avec un seul des mots du président », interrompt Churchill… En aucune circonstance, il ne consentirait à ce que quarante ou cinquante nations mettent le nez dans lesaffaires de l’Empire britannique… Il ne céderait pas d’un pouce sur cette question. « Que diriez-vous si on internationalisait la Crimée pour en faire une résidence d’été », demanda-t-il à Staline. Et, quand Roosevelt fit valoir que l’Inde, comme les États-Unis entre 1783 et 1789, pourrait élire peu à peu ses représentants et devenir une démocratie, il lui répondit qu’on ne peut comparer ni les problèmes ni les périodes. Était-ce dire qu’il ne croyait pas que les Indiens puissent pratiquer la démocratie, s’agit-il des propos d’un vieux « gaga » (Lord Amery) qui voulait conserver « l’Inde de papa ». Il entendit bien le discours : lorsque, le 20 décembre 1946, le Premier ministre, Attlee, qui lui avait succédé, parla de l’avenir de la Birmanie « qui devait décider de son propre destin soit dans le Commonwealth, soit au-dehors », Winston Churchill, devenu leader de l’opposition, se leva : « On a dit, à l’époque du grand gouvernement de Lord Chatham [William Pitt] qu’il fallait savoir se lever très tôt pour ne pas perdre les terres qui font notre fortune. On dirait que le très honorable gouvernement d’aujourd’hui veuille faire le contraire : il laisse filer l’Empire avec une absence complète de considération envers le travail et les sacrifices de nos aïeux. Il y a à peine un an, nous libérions la Birmanie des Japonais ; quelle hâte aujourd’hui pour l’abandonner à jamais. »
Chez de Gaulle, on ne saurait retrouver la même constance, son discours sur l’Empire change du tout au tout en présence d’une situation nouvelle, la guerre d’Algérie, où il est en position d’acteur principal. Ceux qui l’ont porté au pouvoir — Jacques Soustelle notamment — s’appuient sur ses actes passés pour imaginer qu’il en renouvellerait la geste : ils se sont trompés et, comme les pieds-noirs ou d’autres, ont jugé ensuite que de Gaulle les avait trahis. Par ailleurs, dans ses Mémoires , de Gaulle reconstruit l’Histoire de telle sorte qu’une certaine continuité apparaît dans ses vues et ses réactions à l’événement.
Qu’en est-il réellement ?
Pendant la guerre, il existe une évidente connivence entre de Gaulle et Churchill, qui sont solidaires, face auxAméricains, sur le
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