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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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mieux les contrôler. Et ce furent eux qui firent le coup d’État.
    Le point important est qu’Eltsine sut retourner la position ; son but, certes, était de se substituer, en tant que président de la Russie, au président de l’URSS ; or, sa tactique eut pour effet de décoloniser l’URSS, de la faire disparaître. En effet, en proclamant la souveraineté de la Russie au sein de l’URSS, puis en en étant sorti après avoir dissous le Parti communiste, il rendait de facto leur liberté aux différentes Républiques, qui, à leur tour, firent de même, transformant les structures de l’URSS en unecoquille vide, et conduisant ainsi son président à la démission. La Russie appela alors les Républiques indépendantes à s’associer à elle, ce qu’elles firent, mais pas toutes. Ainsi naquit la CEI, sans la Géorgie (qui l’a rejointe en 1993), sans les républiques Baltes. Simultanément, au sein de la Fédération de Russie, le mouvement ainsi lancé amenait certaines Républiques — Tatars, Tchétchènes, etc. — à réviser leurs liens avec Moscou.
    Divisions administratives et nationalités en Union soviétique, 1944-1987

Source : D’après l’Atlas Hachette, Histoire de l’humanité , © Hachette, 1992.
    Mais, dans l’ensemble, le mouvement « centrifuge » partit du centre, un phénomène tout à fait inédit dans l’Histoire.
    Ainsi bousculée par une sorte de séisme, l’URSS se fractura, mais, dès 1993, on perçoit que les lèvres de ces fissures se resserrent et que se renouent un certain nombre de liens ancestraux.
    Après le coup d’État conservateur de 1991 et son échec — le terme « putsch » ne convient guère puisque la conjuration émanait des dirigeants civils ou militaires qui incarnaient le régime et en dirigeaient l’appareil —, la situation dans la CEI et les autres États de l’ex-URSS ne manque pas de poser des questions, car on constate que, après l’éclatement de l’URSS et la décomposition ou la disparition du Parti communiste qui en soudait l’ordonnancement, des caractéristiques communes survivent à l’unité ancienne pour autant qu’aucune des Républiques actuelles n’échappe à certains phénomènes généraux tels que la décomposition du dispositif économique qui atteint même les pays Baltes ; la permanence du personnel politique, de 30 % à 90 % de ses membres selon qu’on est près ou loin de Moscou — et c’est cela qui fait la différence avec la plupart des ex-démocraties populaires ; la survie des réseaux des pouvoirs et des connivences intra- ou transrépublicains. Au fond, ce sont les conflits interethniques en Moldavie, au Caucase, dans les pays Baltes, en Asie centrale qui créent des situations spécifiques. Celles-ci sont jugées dangereuses, à Moscou, au point que le rapatriement de l’armée russe en République de Russie devient une exigence prioritaire — alors qu’en 1992 encore Moscou multipliait les raisons pour retarder ce rapatriement depuis les différentes démocraties populaires, afin de perpétuer lemythe d’une présence militaire en Europe orientale. La même mesure pourrait être prise dans les Kouriles.
    En République de Russie, derrière la lutte des pouvoirs entre Boris Eltsine et le Parlement, d’autres conflits dépassent souvent les frontières des États nés de l’ex-URSS. Ils ont pour effet, ici de renforcer le repli identitaire, là de le neutraliser. Cela tient à diverses données, souvent paradoxales, et qu’il faut inventorier pour en mesurer les effets.
    Ici, contrairement à l’usage, et pour que l’on en saisisse mieux la mécanique, on partira de la périphérie pour aller vers le centre.
    Première proposition . Les Républiques musulmanes se gouvernaient elles-mêmes avant la proclamation de leur indépendance. Par là, nous voulons dire que pour l’essentiel, dès l’arrivée de Gorbatchev au pouvoir, les dirigeants de l’Ouzbékistan étaient ouzbeks, ceux de l’Azerbaïdjan, azéris, etc. Lors des massacres d’Arméniens, il y a quelques années, Gorbatchev s’étonnait que les forces de sécurité ne soient pas intervenues pour y mettre fin ; on lui répondit que « des Azéris n’allaient tout de même pas tirer sur des Azéris pour protéger des Arméniens » ; plus que « soviétiques », les forces de sécurité en Azerbaïdjan étaient bien « azéries ». Autre exemple : il a suffi que Gorbatchev déplace, à Alma-Ata au

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