Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle
été l’année de l’Afrique : les Britanniques, certes, avaient réussi leur décolonisation à l’ouest, mais, à l’est, l’échec était patent. Au fond, les Anglais y avaient hésité entre leurs deux politiques : maintenir au pouvoir la minorité blanche, même si elle n’était qu’une poignée ; ou bien transférer ce pouvoir aux indigènes, même s’ils « ne savent pas » ou ne veulent pas utiliser les instruments institutionnels laissés en place par le colonisateur.
Ce fut bien la pression de l’Afrique indépendante qui donna un nouvel élan aux mouvements noirs et indiens de l’Afrique du Sud, l’ANC (African National Congress) de Nelson Mandela notamment. Ce mouvement, né en 1912, avait dû subir une répression de plus en plus sanglante de la part des gouvernements sud-africains, surtout depuis 1947.A l’époque du président Vorster, autour de 1974, celui-ci, en effet, avait achevé d’appliquer un dispositif raciste d’apartheid dont les principes étaient explicitement repris des théories nazies, où les Afrikaners avaient trouvé les fondements de leurs pratiques. Le Parti national-chrétien, au pouvoir depuis 1948, avait ainsi légiféré en pratiquant une politique d’exclusion dont le symbole était le passeport intérieur, l’interdiction des mariages mixtes, etc.
La résistance indienne et noire s’était raidie aussitôt, en prenant appui sur les ouvrages de Frantz Fanon et plus encore sur les écrits et les actes des Black Panthers , aux États-Unis. Avec le même argumentaire, l’idée d’une insurrection armée faisait son chemin, puisque, à la politique de non-violence encouragée par l’Église, le gouvernement répondait par la répression : les massacres de Soweto, en 1976, constituant un des moments les plus dramatiques de cet affrontement. Cependant, les syndicats blancs, très puissants, qui avaient longtemps été aussi antinoirs qu’antipatronaux, évoluaient dans un sens plus conforme à l’idée syndicale de défense des malheureux.
La condamnation de la politique de l’apartheid par les Nations unies, l’exclusion de l’Afrique du Sud de cette institution, la sortie du Commonwealth — autant d’épreuves qui firent réfléchir un nombre croissant de Blancs qui rejoignirent les rangs des libéraux, peu nombreux jusque-là. On observait aussi qu’en Zimbabwe le pouvoir noir avait su ménager les intérêts des Blancs. Cependant, les Noirs se divisaient, les Zoulous mettant en cause l’hégémonisme Xhosa et celui de l’ANC.
Alors le président De Klerk jugea qu’il fallait changer de politique : il libéra Nelson Mandela, en prison depuis plus de vingt ans. C’est l’amorce d’un processus qui, en 1994, aboutit à l’organisation d’élections libres, pour tous — one man, one vote — qui doit assurer aux Noirs une majorité — et la garantie de participer au gouvernement du pays.
Quel chemin parcouru…
Ex-URSS : une implosion plus qu’un éclatement
En Union soviétique, il existait bien un mouvement national, d’esprit séparatiste, notamment dans les républiques Baltes, mais aussi en Ukraine, en Arménie, en Géorgie également. Mais, au temps de Brejnev, puis d’Andropov, voire de Tchernenko, il semblait à tous que l’idée d’indépendance était seulement un rêve… Une expression qu’utilisèrent les Baltes alors même qu’avec Gorbatchev la libéralisation de l’État soviétique était en marche…
Dans l’esprit de celui-ci, un traité de l’Union devait amorcer un processus de décolonisation, un projet qui donna des ailes aux mouvements nationalistes que réveilla l’instauration d’élections libres en 1989. En effet, alors qu’à cette date s’opposaient les « réformateurs » et les « traditionalistes », aussi bien dénommés Narodnyi Front et Intern Front , le cri des Arméniens « Karabagh, Karabagh » signala la résurgence d’aspirations ethno-nationalistes qu’on avait cru étouffées ou dépassées…
Dès lors, la vague nationalitaire déferla d’un bout de l’Empire soviétique à l’autre, et Gorbatchev se trouva dans la position, classique, du chef d’État qui, pour perpétuer et maintenir la cohésion de l’ensemble, fait des concessions aux plus combatifs… Pour prévenir un coup d’État conservateur, Gorbatchev fit comme de Gaulle, qui avait confié l’armée à Salan, ou Kerenski à Kornilov : il peupla son gouvernement de traditionalistes pour
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