Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle
de 1580 à 1640, bien que les deux couronnes, d’Espagne et du Portugal, fussent sur la même tête. Mais la Castille est indifférente aux coups qui sont portés aux dépendances du Portugal… Allié à une escadre anglaise, Abbas le Persan a enlevé Ormuz aux Portugais, tandis qu’Oman l’Arabe leur prend Mascate. Dans le golfe d’Oman, il ne reste plus grand-chose de l’œuvre d’Albuquerque.
Mais, pour les Portugais, la menace mortelle est venue des Hollandais.
Au vrai, leur expansion se plaçait dans le cadre de la lutte que les Hollandais et les Provinces-Unies menaient contre l’Espagne de Philippe II. Le Portugal ayant perdu son indépendance, l’unité ibérique n’en ouvrait pas moins une occasion unique de s’en prendre aux possessions portugaises. A Malacca, à Ceylan, la Compagnie hollandaise n’avait que des comptoirs, mais, dans les îles de la Sonde, elle fonde un empire aux dépens des Portugais. Pour assurer la sécurité de la route par la pointe de l’Afrique, les Hollandais enlèvent Le Cap aux Portugais (1652), point de départ de la colonisation boer en Afrique du Sud.
A l’ouest, la Compagnie des Indes occidentales, créée en 1621, laisse ses corsaires — Willekens, Piet Hein — piller les côtes du Brésil, occuper la Guyane et la région du Sergipe et du Maranhao. L’apogée de ce Brésil hollandais se situe à l’époque de Maurice de Nassau qui arrive à Recife en 1637 avec une mission d’urbanistes et de savants ; esprit tolérant, il amène avec lui une colonie de Juifs et de Maranes d’Ibérie qui organisent le commerce du sucre et du tabac. A Curaçao est ainsi inaugurée la première synagogue des Amériques.
Libérés de l’Espagne en 1640, les Portugais réagissent et forcent les garnisons hollandaises à se rembarquer, mais les Hollandais gardent Curaçao et une partie de la Guyane, autour de Surinam.
En Insulinde, les Portugais ne s’étaient pas vraiment enracinés. Ils étaient installés à Malacca, mais ils ne purents’accrocher ni en Atjeh ni à Célèbes. Date historique, en 1596, la flotte hollandaise de Cornelis et Houtman y installait la VOC (Vereinigte Oost-Indische Compagnie, Compagnie des Indes orientales) et, peu à peu, ils chassaient les Portugais. Leurs véritables difficultés avaient été causées par les princes indonésiens qui résistaient à leur présence et qui avaient détruit la dynamique capitaliste des marchands de la région de Sourabaya. Éliminés, les Portugais ne demeurèrent qu’à Timor, où pourtant les Hollandais s’installèrent aussi en 1613, près de Kupang, obligeant les premiers à se replier dans le nord et l’est de l’île. Un traité, en 1642, délimita la part des uns et des autres, mais pendant deux siècles des combats intermittents les opposèrent. Ce n’est qu’en 1859 qu’un partage définitif fut réalisé, qui se conclut par un traité en 1904. Après l’occupation japonaise de l’île tout entière, l’Indonésie indépendante récupéra la partie hollandaise de Timor, la partie occidentale demeurant une « province portugaise ». Plus pour longtemps…
A NGLETERRE : HARO SUR LA H OLLANDE
Cette montée en puissance des Provinces-Unies, cette omniprésence, fut à son faîte vers 1625, et l’hégémonie qu’Amsterdam conquit dura bien un demi-siècle, cette cité devenant le « Wall Street » de l’époque moderne. Immanuel Wallerstein a montré que ce qui caractérise cette maîtrise fut, sans doute, que les Hollandais s’assurèrent un avantage dans la plupart des domaines de la vie économique : originellement, la salaison sur navire et le fumage des poissons, la fabrication d’huile d’éclairage et de savon avec la graisse des baleines, une agriculture très intense et techniquement moderne grâce à l’utilisation des moulins, la capacité d’exporter des produits horticoles et d’acheter le blé suédois à bon compte. A ces atouts s’ajoute une industrie textile qui est toujours réputée et qui hérite de la tradition flamande, son centre se trouvant désormais à Leyde qui rivalise avec l’East-Anglie. Or, au commerce baltique florissant, aux échanges textiles avec l’Angleterre, avantageux, s’adjoint désormais une puissante activité dansles chantiers navals, les premiers d’Europe, ainsi que dans les industries en provenance des Indes, orientales surtout. Amsterdam possède 60 raffineries de sucre en 1661, qui travaillent pour
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