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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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raisons d’ordre économique, la crise agricole irlandaise, la dévastation du Palatinat par les guerres, qui sont à l’origine de ces départs. Des agences d’émigration les prennent en charge ; elles sont anglaises ou hollandaises, pas françaises. Ainsi, les émigrants qui affluent viennent des pays anglo-saxons et germaniques, avant tout les Scot-Irish, descendants des Ecossais, qui avaient choisi l’Ulster, et les Suisses ou Allemands de la région rhénane.
    Ces colons poussent vers l’intérieur où ils rencontrent les Français, installés sur l’Ohio et dont les domaines, peuplés, barrent la route vers l’ouest : premier motif de conflit. Le deuxième était qu’une partie des Canadiens français, notamment à l’époque du gouverneur Beauharnais, prospectaient toutes les routes qui, par les Grands Lacs ou la baie d’Hudson, auraient pu atteindre le Pacifique. Cette « quête de la mer de l’Ouest » amena, certes, des hommes tel La Verendrye à être les premiers sur les Rocheuses, à travers les prairies, mais ils n’exploitaient pas ce territoire balisé, et la Compagnie anglaise de la baie d’Hudson entendait bien se l’approprier.
    En Louisiane, enfin, où régnait la Compagnie des Indes, les conflits entre Anglais de Caroline-Géorgie et les Français dégénèrent en luttes armées par Indiens interposés, les Anglais réussissant à soulever les Natchez et les Chicachas contre les Français. L’incapacité de la Compagnie à défendre la Louisiane imposa sa rétrocession au gouvernement royal, en 1731.
    C’est cette poussée anglo-saxonne qui est à l’origine des conflits avec les Français plus que la politique de Londres — mais l’Angleterre soutient ses colons, l’opinion publique les encourage et se déchaîne contre les Français, alors que Versailles est indifférent. Au lendemain du traité d’Aix-la-Chapelle (1748), la première offensive est menée depuis Halifax, en Nouvelle-Écosse, dans la direction de l’Acadie, tandis que les colons du Massachusetts opèrent vers le Saint-Laurent, atteignant la ligne de faîte qui sépare les deux versants, laurentien et atlantique. Simultanément, d’autres colons, irlandais et allemands surtout, s’étendaient vers l’Illinois, fondant Fort Pickawillany, et des Virginiens sous la direction de George Washington se heurtaient, dans un combat, aux Français de Jumonville qui devaient capituler à Fort Necessity, Jumonville ayant été tué dans des conditions obscures.
    Ce qui ajoute au ressentiment des Français fut la mesure prise par le gouverneur Lawrence qui, après la conquête de l’Acadie, procède au « grand dérangement », c’est-à-dire à la dispersion des Acadiens, 7 000 d’entre eux (sur 10 000) étant expédiés en Nouvelle-Angleterre et dans les autres colonies anglaises d’Amérique.
    Lorsque les opérations reprennent, pendant la guerre de Sept Ans (1756-1763), les Anglais disposent d’une flotte très supérieure — 158 vaisseaux contre 60 environ — qui se saisit, d’emblée, de 300 autres bâtiments français, la marine française perdant ainsi 6 000 matelots. La guerre maritime est un tel succès que les Anglais, après la victoire de l’amiral Boscawen sur La Clue, à Lagos, envisagent de débarquer en France et occupent Belle-Isle.
    Incapable de défendre les côtes françaises, la marine royale est ainsi impuissante à porter le moindre secours aux Canadiens français, déjà submergés par le nombre. Lesqualités militaires du marquis de Montcalm retardent toutefois les succès anglo-américains. Ceux-ci occupent d’abord Fort Duquesne et Fort Frontenac pour couper le Canada de la Louisiane, tandis qu’à l’est la flotte de Boscawen occupe Louisbourg, la forteresse qui symbolise la présence française en Amérique du Nord (1758). Dans une bataille décisive menée par James Wolfe contre Montcalm, les deux chefs meurent devant Québec qui tombe aux mains des Anglais. A Montréal enfin, le gouverneur, le marquis de Vaudreuil, cerné par les colonnes anglaises, doit capituler (1760).
    Au traité de Paris (1763), le gouvernement de Louis XV, qui avait été obsédé par ses préoccupations continentales, abandonne l’outre-mer et perd le Canada au bénéfice de l’Angleterre, rétrocédant la Louisiane à son allié, l’Espagne. De ses immenses possessions américaines la France ne garde plus qu’une partie de ses possessions aux Caraïbes — qu’elle préfère au

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