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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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l’opinion publique que réveillent les vieux sentiments antiespagnols, et qui manifeste un esprit « jingo », vindicatif et conquérant. Le chauvinisme se tourne aussi bien contre la France, eu égard à ses avancées au Canada et en Inde — alors qu’en vérité c’étaient les colons anglais qui, en Amérique du Nord, exerçaient une poussée. Or, la prise de l’île du cap Breton, en 1745, est saluée, elle aussi, par des éclats de chauvinisme qui font contraste avec la torpeur qui règne à ce propos en Espagne et en France. « Une des plus insurmontables difficultés que je prévois dans toute négociation avec la France, écrit P.D.S. Chesterfield, est notre nouvelle acquisition du cap Breton, qui est devenu le plus cher objet de toute la nation et qui est dix fois plus populaire que Gibraltar l’a été. »
    Ce bellicisme antifrançais et antiespagnol se retrouve dans les Caraïbes qui sont au carrefour du « commerce triangulaire ».
    L A   RIVALITÉ FRANCO - ANGLAISE
    La rivalité franco-anglaise aux colonies a sans doute marqué plus que toute autre confrontation la mémoire historique des Français : elle est ponctuée d’épreuves qui s’étendent sur près de deux siècles, telles « la perte de l’Inde et du Canada », Fachoda, etc. Mais cette formulation laisse croire que dès l’origine se sont heurtées deux politiques coloniales bien définies, alors que l’Ancien Régime français, au moins, n’a connu qu’une succession de politiques au coup par coup ; ce n’est qu’à l’époque de l’impérialisme qu’effectivement les deux puissances se sont affrontées constamment pour la constitution d’un empire. Puis une vision rétrospective de l’Histoire a fait remonter cet antagonisme-là au XVII e  siècle.
    Du XVII e  siècle à la chute de Napoléon, on assiste plutôt à la construction de cette rivalité, à l’occasion de conflits épars, sans que, côté français, l’Angleterre soit particulièrement visée. A l’époque de Philippe II, ce serait plutôt l’Espagne dont on aimerait saisir une partie de l’Empire ; mais ensuite on s’allie à elle pour qu’elle ne soit pasdépecée par l’Angleterre. Au XVII e  siècle, en Inde, ce sont les possessions des Hollandais qui sont visées les premières, mais les conflits armés y opposent les Français aux Anglais. Lorsque commence le brutal déclin de la Hollande, vers 1670, Louis XIV regarde encore malgré tout l’Angleterre comme un allié de la France, mais faible. Cette sous-estimation de la puissance anglaise est ainsi apparue très tôt.
    Autre trait : le conflit avec l’Angleterre n’est pas de même nature au Canada où il a des relents papistes, religieux en tout cas — et il s’y poursuit une guerre des religions ; alors qu’en Inde les objectifs sont commerciaux, purement commerciaux, avant d’être territoriaux.
    Aux Antilles, l’antagonisme franco-anglais se dissout dans l’intérêt bien compris des colons, qui n’est pas nécessairement lié à leur patrie d’origine.
    Une autre caractéristique définit cet antagonisme historique : Immanuel Wallerstein a bien mis en valeur qu’il se développe au moment où les conflits internes à chacun des deux pays comptent moins, désormais, que les conflits avec l’étranger. Bref, où l’intérêt de l’État prend le relais des conflits du monarque avec les féodaux, avec les notables, ou encore des problèmes religieux.
    Ils deviennent des conflits entre nations ; et, aux colonies, les Compagnies qui avaient été créées pour leur exploitation baissent pavillon devant les gouvernements.
    Malgré son déclin, la Hollande gardait encore la haute main sur le commerce de l’océan Indien grâce à la Compagnie des Indes orientales . Mais celle-ci devait faire face à la concurrence des Chartered , ces Compagnies anglaises, souvent créancières de l’État, et bien placées pour se faire aider, qui ne cessèrent de se développer entre 1720 et 1740, malgré la débauche financière de la Compagnie des mers du Sud , les soubresauts que l’Inde connut après la mort d’Aurangzeb (1707) et l’effondrement de l’Empire mogol. La montée en puissance de la nation marathe mit en danger leurs comptoirs de Bombay et de Calcutta, et la Compagnie dut jouer des alliances avec les soubabs du Dekkan qui avaient pris, eux aussi, la relève d’Aurangzeb. La Compagnie française des Indes exploitait à peu près le même domaine,

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