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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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à eau (sagiya) qui devaient payer de 15 à 132 piastres par an selon la richesse de la production. Les terres non irriguées étaient beaucoup moins imposées ; les palmiers-dattiers l’étaient aussi. Comme les soldats noirs mouraient de maladie hors du Soudan, on les affecta à la colonisation de leurs propres terres. Ils n’en formèrent pas moins une caste de mercenaires formés militairement, bientôt appelés Nubi, et, à défaut de posséder une armée noire, le Khédive disposa, au Soudan, de corps armés efficaces qui, plus tard, servirent de mercenaires aux Allemands du Tanganyika et aux Belges du Congo. Idi Amin Dada est un de leurs descendants.
    L’expansionnisme égyptien aboutit au repérage des sources du Nil Blanc ; il s’effectua aisément en aval de Khartoum, eu égard à la faiblesse des tribus noires. Les éléphants abondaient, ce qui attira aventuriers et touristes, le « voyage au Soudan » devint une sorte de genre littéraire durant les années 1860.
    Or, c’est à cette pénétration européenne que les successeurs de Méhémet-Ali, Abbas et Mohammed Saïd, essayèrent de s’opposer. Devenu khédive à titre héréditaire, en 1867, Ismaïl voulut moderniser le pays, et, comme d’autresmonarques en ce temps-là, il céda à la fascination des chemins de fer et des navires à vapeur. Il se lançait bientôt dans la construction du canal de Suez, l’œuvre de De Lesseps.
    Cet événement du siècle, Isma’il en fit une manifestation de la grandeur de l’Égypte, montrant ainsi que ce pays faisait partie, désormais, des « grandes puissances » modernes. A son inauguration furent invités des princes, des écrivains — Ibsen, Fromentin, Zola, etc. —, des musiciens. En 1869, l’impératrice Eugénie prit la tête du premier cortège de navires qui franchirent le canal et, au Caire, en 1871, on inaugura l’Opéra avec une représentation de Aïda , de Verdi, écrit pour la circonstance.
    L’Égypte cédait à « la tentation de l’Occident ».
    Parfaitement conscient des visées impérialistes de l’Europe, Ismaïl fit appel à des ingénieurs et conseillers militaires américains, et voulut gagner de vitesse les Français et les Anglais qui convoitaient le Haut-Soudan. A l’Exposition universelle de 1878, il déclara que son pays présenterait une carte où l’Empire africain de l’Égypte s’étendrait jusqu’au lac Tchad, avec le projet de s’ouvrir une voie jusqu’à l’Atlantique.
    De fait, seules des expéditions vers la côte des Somalis obtinrent quelque résultat ; mais peu, car les troupes éthiopiennes l’emportèrent sur les égyptiennes en 1875-1876.
    Le Khédive avait confié à l’Anglais Gordon Pacha le soin de mettre fin à la traite, mission que le gouverneur de Khartoum transforma en une véritable croisade. Or, la traite faisait vivre le pays depuis près d’un millénaire, et les caravanes, sans esclaves, furent ruinées à leur tour. Cependant, les dépenses engagées au nom de la modernisation de l’Égypte aboutissaient à un endettement qui, bientôt, devenait mortel, faisant tomber l’Égypte aux mains de ses créanciers, des pans entiers de l’économie ayant été mis sous tutelle. En 1879, le Khédive abdiquait ; bientôt Arabi Pacha se soulevait contre l’emprise européenne sur l’Égypte et, en 1882, les Anglais occupaient le pays.
    Quant au Soudan, marqué par la colonisation égyptienne et l’administration ottomane, il devenait à son tour possession britannique. C’est dans ces circonstances que, revenu à Khartoum pour défendre la ville face aux attaques d’un mahdi, Mohammed Ahmed, Gordon Pacha y rentra avec des forces dérisoires et fut tué, mort héroïque qui bouleversa l’Angleterre (1885).
    A LGÉRIE - T UNISIE  : D ’ UN TYPE D ’ EXPANSION À   L ’ AUTRE
    La conquête de l’Algérie avait répondu à des objectifs politiques et commerciaux, des milieux marseillais en particulier : la colonisation du pays appartint à une expansion de type ancien, encore préimpérialiste, si l’on peut dire. Cette domination changea pourtant de nature, dans la mesure où l’Algérie fut bientôt une chasse gardée des capitaux français — privés —, mais dont l’État garantissait le profit. C’est pour cela qu’on peut mettre en cause ici l’opinion, largement diffusée, que les colonies et l’expansion constituaient un gouffre budgétaire, car ce jugement ne prenait en compte qu’un aspect du

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