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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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hostile à l’expansion coloniale. Impressionnés par la propagande antiesclavagiste et humanitaire de l’Association, les États-Unis apportèrent leur aide à ce souverain qui agissait en tant que personne privée, et n’avait pas non plus beaucoup de moyens.
    Comme les territoires contrôlés par l’Association chevauchaient ceux sur lesquels Brazza avait planté ses drapeaux, il avait été convenu que la France aurait un droit de préemption mais qu’elle n’entraverait pas l’œuvre de l’Association (1884). Aussitôt les puissances s’inquiétèrent, et il fut décidé de faire de l’Association une sorte d’État supranational qui gérerait les affaires du Congo. Mais déjà Stanley, en son nom, protestait contre les prises de possession de Brazza, la garnison du caporal sénégalais Malamine refusant d’obéir au représentant de l’Association. Rentré en Europe, Stanley ne cachait pas son aigreur, et Léopold fit un pas de plus ; président de l’Association, dont le comité exécutif était international, il créa un Comité d’études du Haut-Congo qui, lui, était purement belge.
    Entre-temps, on avait découvert un arrière-pays riche et susceptible de développement. La Grande-Bretagne, l’Allemagne, le Portugal jugeaient qu’ils avaient le droit d’intervenir. L’engrenage du Congo allait aboutir au partage de facto de l’Afrique noire. Même au Congo, l’heure des initiatives était passée.
    Assez curieusement l’« explorateur » Stanley devenait alors l’âme d’une sorte d’impérialisme anonyme , aux actions symboliques, objet à la fois de l’admiration des uns, de la critique cruelle des autres — une caricature de D.J. Nicoll le montre, priant pour un Noir qu’on vient de pendre, mais l’Ange du Capital, au-dessus de sa tête, bénit Stanley —, et qui se mettait au service aussi bien des Anglais en Afrique orientale et au Soudan, des Belges au Congo, des Américains mêmes à Zanzibar…
    A suivre son action, l’impérialisme conquérant, certes, ygagnait — car son énergie était prodigieuse. Mais, demandait la Pall Mall Gazette , la Civilisation ?
     
    De tous les conquérants, Lyautey fut certainement, avec Cecil Rhodes, celui qui fut le plus épris de gloire. Plus que d’autres, son nom est lié à la colonisation, à elle seule : son passage au ministère de la Guerre en 1916 demeura inaperçu, alors que ses grands prédécesseurs, Faidherbe et Gallieni, avaient été également des défenseurs de la terre française, le premier en 1870, le second en 1914 ; mais pas Lyautey qui incarne le Colonial, le Maroc plus encore, bien qu’il ait fait ses premières armes à Madagascar et en Indochine.
    Animal d’action avant tout, Lyautey est un romantique qui aime l’éclat, le faste et emprunte sa morale à Shelley : « Je me sentais né pour créer et je crée, pour commander et je commande. » Il est profondément monarchiste, croyant ; une de ses déceptions est de découvrir que le pape Léon XIII, au fond, est républicain ; alors que lui n’accepte la République que pour autant qu’elle rend à la France un empire colonial.
    Comme Gallieni, son maître, il juge qu’il faut combattre le moins possible et montrer sa force pour n’avoir pas à s’en servir. Faire naître la sécurité est son obsession depuis qu’il a fait l’expérience des effets malheureux, à Madagascar surtout, de la technique du « coup de lance », avec incendies de villages et rigueurs exercées en masse contre les populations… Il faut lui substituer la technique de la « tache d’huile »… et apporter à ces indigènes cette « parcelle d’amour », en « mettant une oreille sur leur cœur ». En Indochine, il est frappé par la reconnaissance que lui manifestent ces paysans du Tonkin, « libérés des brigands et qui lui disent que, pour la première fois depuis vingt ans, ils ont pu faire leur récolte en toute sécurité ».
    Ramener l’ordre au Maroc conciliait son besoin d’aventure, hors de son pays, la France — dont il méprise la paperasserie et plus encore le goût des palabres, des « discussions vaines » —, et son désir de construire, un peu à la manière d’un empereur romain. Poète, écrivain, la beauté du bled le fascine, certes ; mais plus encore l’idéequ’il va créer Casablanca : « Je suis tellement empoigné par cette œuvre de création, je vis tellement de mes routes, de mes villages, de mes

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