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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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Indiens le soin de résoudre tout seuls leurs problèmes de santé. Les princes indiens firent appel à Waldemar Haffkine, un Russe émigré, membre de l’Institut Pasteur de Paris et qui avait su éradiquer une épidémie de choléra au Bengale en 1893. En cette période de rivalités impérialistes, cela apparut comme une provocation, et, malgré les protestations du célèbre docteur Ronald Ross, le gouvernement de l’Inde suspendit Haffkine, sous la pression des militaires, humiliés par ce succès franco-russe… Et puis, l’inoculation antipeste comme la vaccination antivariolique coûtaient cher, pour ces 300 millions d’Indiens…
    La population était demanderesse. Le gouvernement de Londres et Delhi comprirent qu’il fallait trouver une réponse à ce défi gigantesque : dans une Déclaration, en 1900, le secrétaire d’État pour l’Inde fit valoir que l’intérêt du peuple indien était de voir se créer un corps médical indépendant, en encourageant le développement de la profession. Seul ce corps de médecins indiens pourrait répondre aux exigences de la situation. Ce qui se fit.
    Cinquante ans plus tard, lors de l’indépendance, le laboratoire royal de Bombay fut débaptisé par les Indiens et nommé Haffkine Institute .
    Par un retournement paradoxal de l’Histoire, aujourd’hui, c’est-à-dire cinquante ans après l’indépendance, ce sont ces médecins indiens qui soignent les Anglais… en Grande-Bretagne. En effet, la déchéance de la profession médicale dans ce pays, surtout depuis les années soixante, a eu pour effet de déterminer un fort courant de fuite des médecins vers les États-Unis ou le Canada ; à moins que certains n’aient pu trouver une carrière à leur goût dans les cliniques privées de luxe. De sorte que ce sont les médecins indiens — ou caraïbes, mais en moindre nombre — qui les ont remplacés et peuplent les hôpitaux de Sa Majesté, effet paradoxal du Welfare State.
    Dans Une histoire de la médecine , ce film tourné en 1980, rien ne vaut le regard suspicieux et furieux de cette vieille lady, typiquement britannique, et qu’a su saisir Claude deGivray, écoutant les ordres d’un médecin au teint basané originaire de Madras…
    L ’ ÉCOLE ET   LE   PROBLÈME DE   LA   SCOLARISATION
    Présentée en métropole comme un des accomplissements de la colonisation, la scolarisation se développe, certes, mais tard et dans des conditions telles que ses modalités ont pu constituer ici ou là un des points d’ancrage de la mise en cause de la présence française.
    Dans l’Empire français, on observe un contraste assez saisissant entre le cas de l’Indochine et celui de l’Algérie.
    Nulle part ailleurs, l’enseignement ne fut aussi développé qu’en Indochine où « la France ne put se contenter de détruire, par des mesures successives, l’enseignement traditionnel ; en face de sociétés aux traditions intellectuelles éprouvées, il fallait innover » (Catherine Coquery-Vidrovitch, Histoire de la France coloniale , t. II). On accepta que le vietnamien, le cambodgien, le laotien fussent les véhicules exclusifs d’enseignement au niveau élémentaire. De sorte qu’en Cochinchine, en 1932, il n’y avait que 115 communes sur 1419 à être dépourvues d’écoles. Après l’apprentissage du français, l’enseignement secondaire concernait 4 800 élèves répartis dans 21 établissements, dont 3 pour les filles. Attaqué par les milieux coloniaux conservateurs, ce système scolaire devint un instrument de modernisation de la société.
    En Algérie, au contraire, le dispositif en place ne fit qu’accentuer l’écart culturel entre les indigènes et les Européens.
    Le débat tournait autour de deux problèmes, celui de l’enseignement privé associé à celui du statut de la langue arabe ; celui de l’extension et des enjeux de cette scolarisation.
    A l’origine, les problèmes sont mêlés : « Les écoles indigènes forment des insurgés et des déclassés », déclare un responsable administratif dès 1895 ; « considérant que l’instruction des indigènes fait courir à l’Algérie un véritable péril, tant au point de vue économique qu’au point de vue du peuplement français, l’Assemblée émet le vœu quel’instruction primaire des indigènes soit supprimée ». Jusqu’en 1944, le nombre des écoles n’en progresse pas moins, mais lentement : 36 écoles franco-arabes en 1870, 221 en 1900, 468

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