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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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des anciennes puissances rivale§ du Roi-Soleil. Le choix fait d'Elisa Bacciochi pour le royaume d'Etrurie a moins de valeur. En revanche, la désignation de Murat et Caroline pour le grandduché de Berg, puis celle de Jérôme pour le nouveau royaume de Westphalie revêtent une plus grande importance, car Napoléon entend faire de ces États des modèles dans la reconstruction de l'Allemagne. Il poursuit du reste cette stratégie familiale en rempla
    çant Joseph par Murat à Naples, en 1808, et en imposant à la tête du grandduché de Berg son neveu Napoléon-Louis, âgé de quatre ans seulement. Il ne s'agit pas simplement de placer les siens en Europe, selon un procédé clanique bien connu. Napoléon espère aussi faire de sa famille un élément fédérateur qui cristallise l'adhésion des peuples par-delà les diversités nationales et linguistiques. De ce point de vue, l'Empereur n'a jamais caché que ses proches n'étaient que des prête-noms, tout juste bons à appliquer sa politique dans les pays confiés à leur garde.
    La politique familiale est complétée par une stratégie matrimoniale qui doit permettre aux Bonaparte d'entrer dans le concert des grandes familles européennes. Napoléon renoue avec la tradition du pacte des familles. Le mariage est ainsi un garant des alliances passées. Déjà, Bonaparte avait mis un soin jaloux à bien marier ses sœurs, donnant l'une, Pauline, au général Leclerc, l'autre, Caroline, au général Murat, regrettant que l'aînée, Élisa, ait épousé le modeste Bacciochi. De même, pour ses frères, s'il a admis l'union entre Joseph et la fille d'un riche commerçant de Marseille, Julie Clary, puis favorisé le mariage de Louis avec Hortense de Beauharnais, il ne supporte pas le remariage de Lucien avec Alexandrine de Blescham, veuve de l'agent de change Jouberthon, et rompt avec lui. Quant à Jérôme qui avait convolé aux États-Unis avec Elizabeth Patterson, la fille d'un négociant de Baltimore, il le contraint à divorcer bien 289
     

    LA NAISSANCE D'UNE MONARCHIE (1804-1809)
    qu'il ait déjà un fils. L'attention portée par Napoléon à la question du mariage de ses proches est donc particulièrement aiguë. Du reste, dès 1804, il a fait inscrire dans la Constitution de l'an XII l'obligation pour les princes français de demander l'autorisation de l'Empereur pour se marier. Il réaffirme cette obligation dans le statut particulier de la famille impériale, promulgué en mars 1806. C'est avec la proclamation de l'Empire, puis l'essor des conquêtes, que Napoléon se lance dans cette politique matrimoniale dont l'aboutissement est son propre mariage avec Marie
    Louise d'Autriche en 1810. Auparavant, en janvier 1806, il a marié son beau-fils, Eugène, après l'avoir officiellement adopté, avec la fille du roi de Bavière, Augusta. Quelques semaines plus tard, c'est au tour de Stéphanie de Beauharnais, elle aussi adoptée par Napoléon, d'épouser l'héritier du grandduc de Bade. En août 1807, se déroule enfin le mariage entre son frère Jérôme et la fille du roi de Wurtemberg, Catherine. Les trois piliers de l'alliance française en Allemagne, États fondateurs de la Confédération du Rhin, sont associés un peu plus étroitement à la France par ces mariages princiers.
    À Sainte-Hélène, Napoléon regrettera la place faite à ses frères dans le dispositif impérial et minimisera son action dans ce domaine : « Le choix des dynasties n'est et ne doit être qu'une question secondaire. Sans doute les liens de famille ont quelque valeur ; mais cette valeur est tellement passagère, si souvent démentie par l'histoire, qu'elle ne m'a jamais influencé dans le choix que j 'ai fait de mes frères pour rois de Hollande, de Westphalie, de Naples, d'Espagne, car, en les couronnant, je ne les considérais dans ma pensée que comme des vice-rois, des agents de ma politique, que je rappellerais dans les rangs français suivant les exigences des arrangements définitifs de la paix générale ou de la réorganisation du continent européen 2. » En réalité, lorsque Napoléon place les membres de sa famille sur le trône de§ pays conquis et procède à des alliances matrimoniales avec des Etats voisins, il songe avant tout à fonder une dynastie dont la survie est mal assurée de son côté, puisqu'il croit alors ne pas pouvoir avoir d'enfant. Il se reporte donc sur les siens. La quatrième dynastie doit s'épanouir grâce aux neveux de l'Empereur. Son

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