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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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enracinement sera d'autant plus profond qu'elle aura su nouer son destin à celui des grandes familles régnant en Europe. Comme le dira Napoléon après son second mariage :
    « En épousant une archiduchesse, j 'ai voulu unir le présent et le passé ; les préjugés gothiques et les institutions de mon siècle 3. »
    Les propos de Napoléon à Sainte-Hélène ne dissimulent cependant pas l'emploi qu'il entendait faire de ses frères, transformés en
    « agents de sa politique ». La correspondance qu'il échange avec eux ne laisse à ce sujet aucun doute. Dans les récriminations qu'elle contient figure aussi la preuve qu'ils ont plus d'une fois agi à leur guise.

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    UN EMPIRE AUX DIMENSIONS DE L'EuROPE
    Lassé des incartades de ses frères, Napoléon expérimente, à partir de 1808, une autre solution dans la gestion des pays conquis. Profitant de la vacance du grandduché de Berg, que Murat a quitté pour devenir roi de Naples, il prend en charge directement sa gestion, puis l'attribue nominalement au jeune fils de son frère Louis, Napoléon-Louis, alors âgé de quatre ans. Son but est d'en mieux contrôler l'administration. Pour ce faire, il envoie sur place le comte Beugnot, qui venait de se former aux réalités allemandes dans le royaume de Westphalie. Beugnot est le type du « haut fonct}onnaire », prêt à servir en toute circonstance les intérêts de l'Etat.
    Après avoir été député sous la Révolution, il a rejoint le ministère de l'Intérieur sous Lucien Bonaparte, contribuant à ce poste à la mise en place de l'administration préfectorale, avant de prendre luimême du service à la préfecture de Seine-Inférieure. Entré ensuite au Conseil d'État, il est nommé ministre en Westphalie dès la fotmation du royaume puis passe dans le grandduché de Berg. A Düsseldorf, capitale de cet Etat, il est un simple exécutant des décisions de Napoléon, tremblant devant son maître, malgré une stature de géant. Lorsque Napoléon, au cours de la campagne de 1809, s'arrête dans le duché, il prend même en main directement les affaires politiques, présidant notamment un conseil d'administration, c'est-à-dire une réunion rassemblant les ministres du duché et des collaborateurs de Napoléon : « J'attendais de pied ferme le conseil d'administration, raconte Beugnot, où il me semblait que l'Empereur serait bien disposé. Je me trompais : ce conseil fut orageux, et j 'en payai tous les frais. Il était composé de M. le duc de Bassano, du prince de Neufchâtel, de M. Daru, de MM. Roederer et de Nesselrode, ministres du grandduché. L'Empereur m'attaque sur ma comptabilité qu'il décompose à sa manière et qu'il trouve mal tenue 4. » Après avoir passé au crible les affaires du duché, Napoléon préside le Conseil d'État « où, précise Beugnot, il accabla sous l'admiration les bons Allemands, qui ne devinaient pas comment leurs intérêts lui étaient devenus familiers 5 ». Malgré les reproches que lui avait adressés Napoléon, Beugnot reste en poste à Düsseldorf jusqu'en 1813, de même que Roederer, signe de l'importance accordé à cet État qui doit faire figure de place avancée de l'esprit français dans l'espace allemand. Napoléon veut qu'il devienne un modèle pour les autres royaumes de la Confédération du Rhin et a chargé Beugnot d'y introduire les réformes indispensables à ses yeux à la modernisation du pays : abolition du servage et de la féodalité, introduction du Code Napoléon. Mais c'est dans une autre partie de l'Allemagne, dans le nouveau royaume de Westphalie, que les projets mis en place pour proposer un État modèle sont les plus avancés.
    Napoléon veut introduire en Allemagne les principes et les méthodes de gouvernement qui se sont imposés en France. Jérôme, nommé à la tête de ce royaume en juillet 1807, part pour Cassel, la 291
     

    LA NAISSANCE D'UNE MONARCHIE (1804-1809)
    capitale de la Westphalie, avec le texte d'une constitution à la rédaction de laquelle il n'a pris aucune part, mais qui repose sur le principe de l'égalité de droit : « Mon intention d'ailleurs, déclare Napoléon à son frère, en vous établissant dans votre royaume, est de vous donner une constitution régulière qui efface dans toutes les classes de vos peuples ces vaines et ridicules distinctions 6. » Rédigée par Cambacérès et Regnaud de Saint-Jean-d'Angély, elle s'inspire largement du modèle français, tout en essayant de tenir compte des traditions

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