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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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essentielles, demeurera vivace dans la première moitié du XIXC siècle, et une Italie du Sud où, pour des raisons internes - le poids plus fort des structures 294
     
    UN EMPIRE AUX DIMENSIONS DE L'EuROPE
    féodales - mais aussi externes - la conquête tardive par la France - les réformes ont moins imprégné la société. L'expérience française a cependant joué un rôle indéniable dans la prise de conscience des Italiens de former une seule nation.
    En Espagne, la conquête du pays s'accompagne également d'une transformation de ses structures. Le 7 juillet 1808, Napoléon fait adopter une Constitution par une assemblée de notables réunis en hâte à Bayonne. Cette Constitution est placée sous l'invocation de Dieu et rappelle en tout premier lieu que le catholicisme est la religion du « roi et de la nation ». Mais l'Inquisition est abolie. Le pouvoir est partagé entre le monarque et une chambre, les Cortès, « ou assemblée de la nation », qui reproduit dans sa représentation les trois ordres de la société d'Ancien Régime : le clergé (vingtcinq archevêques ou évêques), la noblesse (vingtcinq grands du royaume) et le peuple (cent vingt-deux membres choisis parmi les propriétaires d'Espagne et des colonies). Ce texte instaure donc en Espagne un régime constitutionnel qui, malgré les concessions apparentes à l'Ancien Régime (reconnaissance de la religion catholique comme religion d'État et maintien du cle"rgé comme premier ordre de la société) entend en fait s'appuyer, comme en France, sur les couches intermédiaires, à savoir la bourgeoisie. C'était oublier qu'en Espagne la bourgeoisie n'existait guère et que, à l'inverse, l'Église y était toute-puissante. Le pays refuse donc une Constitution et un souverain d'importation. Mais l'objectif de Napoléon était bien de séduire les Espagnols par la concession de droits qui leur étaient totalement étrangers.
    Le contrôle de la France sur l'Europe n'aurait pu s'opérer sans le concours d'une partie des populations locales. Or, au moins dans la première partie de son règne, Napoléon y trouve des hommes favorables à l'importation des lumières qu'il leur propose. Souvent issus de la bourgeoisie éclairée, certains ont épousé la cause jacobine comme en Italie, avant d'accepter la tutelle napoléonienne, d'autres ont en revanche conservé leurs préférences monarchiques, mais ils souhaitent la disparition de la féodalité. C'est au sein de ce groupe que les Français recrutent les employés nécessaires à la bonne marche de l'administration qu'ils mettent en place ; en Espagne, on désigne ces hommes par le nom d'Afrancesados. En Italie, ils formeront l'ossature du courant libéral dans les années 1820. La présence française a également pu s'appuyer sur le réseau maçonnique qui se reconstitue alors à travers toute l'Europe. Tous les membres de la famille impériale qui occupent un trône à partir de 1806 sont francs-maçons, à l'image de Joseph, initié en 1793 à Marseille, de Louis, de Jérôme, reçu dans la maçonnerie à Toulon en 1801 et de Murat. Les loges de leur pays d'adoption ont donc été un lieu de rencontre entre représentants français et élites locales. Le phénomène est particulièrement marqué en Westphalie où la francmaçonnerie est réorganisée par Siméon qui en devient le grand 295
     

    LA NAISSANCE D'UNE MONARCHIE (1804-1809)
    maître ; son succès est important, notamment auprès des fonctionnaires locaux, mais aussi des commerçants et membres de professions libérales, c'est-à-dire cette élite urbaine au sein de laquelle la France trouve ses meilleurs soutiens. Les francs-maçons de Westphalie sont reconnaissants à leur roi d'avoir rétabli leurs loges dont les réunions étaient interdites sous le régime précédent. À
    Naples, Joseph puis Murat contribuent avec succès au développement des loges qui recrutent dans les mêmes couches de la population. Elles ont servi à faire passer les idéaux français auprès d'une partie de la population, toutefois minoritaire dans ces pays où domine l'aristocratie foncière. Ailleurs, en Hollande ou en Espagne, la greffe maçonnique n'a pas pris et les loges sont restées fréquentées essentiellement par des Français, en particulier des officiers, auxquels se joignent en Espagne quelques Afrancesados.
    Il ne faut donc pas majorer l'importance de la francmaçonnerie, même si dans certains cas elle a favorisé la pénétration des

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