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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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le Conseil d'État demeure bien le principal lieu de débat politique dans la France impériale.
    La qualité des nouveaux promus confirme en outre l'importance de ce corps. En 1810, Napoléon appelle au Conseil d'État Pierre
    Victor Malouet, une des principales figures du parti monarchien à l'Assemblée constituante, qui s'était rallié au régime après 1803 et était devenu préfet maritime à Anvers. Il trouve dans cette nomination au Conseil d'État la récompense des efforts déployés pour contrer l'attaque des Anglais sur Walcheren en septembre 1809. La nomination du philosophe Gérando, en 1811, est également symptomatique du souci d'attirer dans ce Conseil les savants les plus illustres du pays. Proche des idéologues au début du Consulat, ami de Mme de Staël, Gérando a fait néanmoins une belle carrière dans l'administration sous l'Empire. Secrétaire général du ministère de l'Intérieur en 1804, il était entré comme maître des requêtes au Conseil d'État en 1808. Sa nomination comme conseiller d'État en 1811 est donc une promotion, à l'intérieur d'un corps qu'il connaît bien. Elle est due à la rare efficacité dont il a fait preuve dans les missions qui lui ont été confiées, par exemple l'administration des États pontificaux récemment soustraits au pape. Comme Malouet, Gérando avait été un adversaire vigoureux du jacobinisme ; il avait notamment participé à l'insurrection lyonnaise de 1793, ce qui lui avait valu d'être condamné à mort. Pour cette raison, son ressentiment à l'égard des hommes de la Terreur reste grand. Quant à 336
     

    LE DÉVELOPPEMENT D'UN ÉTAT AUTORITAIRE
    Malouet, il avait quitté la France au lendemain des massacres de septembre 1792, poursuivant en Angleterre sa défense du roi et des libertés. Il resta au fond monarchiste, ce qui lui valut la disgrâce en 1812, puis un portefeuille de ministre sous la Restauration.
    Et que dire de celui dont on ne peut prononcer le nom sans l'accompagner de son titre de la noblesse d'Empire, le baron Louis, grande figure de la finance des premières années du xIX" siècle ?
    Destiné à entrer dans les ordres avant la Révolution, il avait partagé la fortune de Talleyrand à la fin de l'Ancien Régime et au début de la Révolution. Mais, après avoir approuvé la Constitution civile du clergé, en décembre 1790, il quitte les ordres. La Terreur l'avait chassé de France. Il n'y revint qu'au lendemain du 18-Brumaire et obtint, grâce à la protection de son ancien mentor, d'entrer au ministère de l'Administration de la guerre. Puis Mollien, devenu ministre du Trésor en 1806, l'appelle auprès de lui. Tous les deux avaient fréquenté les mêmes cercles à la fin de l'Ancien Régime et s'étaient initiés de concert aux mécanismes de la finance. Depuis, Joseph-Dominique Louis avait en outre eu l'occasion d'étudier, à Londres, le système anglais. Ce sont ses compétences en matière financière qui l'imposent au Conseil d'État, mais en même temps ce choix confirme les faveurs accordées aux anciens partisans de la monarchie constitutionnelle. Comme Malouet, le baron Louis sera l'un des ministres de Louis XVIII. Le Conseil d'État de l'Empire forme ainsi les futurs cadres de la monarchie restaurée. Les grands législateurs sont au Conseil d'État, non au Corps législatif.
    De ce fait, les chefs de division figurent parmi les personnages les plus éminents du régime. Ils ne brillent pas sur les champs, de bataille, mais leur action a été décisive dans la construction de l'Etat moderne. Boulay de La Meurthe en particulier demeure dans une relative pénombre. Pourtant, à la tête de la section de Législation, il a orchestré toute l'œuvre de réforme judiciaire et de codification de l'Empire. Quant à Regnaud de Saint-Jean-d'Angély, président de la section de l'Intérieur, il est l'interlocuteur privilégié des assemblées pour tout ce qui touche à l'organisation du territoire et aux questions budgétaires. Jacques Defermon tient pour sa part la section des Finances depuis le début du régime. Considéré comme un des meilleurs spécialistes des questions économiques, cet ancien député à l'Assemblée constituante, puis à la Convention, avait rallié Bonaparte dès le 18-Brumaire. Napoléon songea à le nommer ministre des Finances, mais il préféra le conserver à la section des Finances du Conseil d'État, signe de l'importance stratégique de ce poste. En outre, il lui confia en

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