Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
Vom Netzwerk:
s'est déjà doté d'institutions monarchiques.
    L'attachement aux traditions révolutionnaires retient encore quelques sénateurs de démolir une République qu'ils ont contribué à faire naître. Sous l'influence de Fouché, le Sénat n'en adresse pas moins, le 28 mars 1804, un message à Bonaparte dans lequel le sort du consul est associé à celui du pays : « Quand on médite votre perte, c'est à la France qu'on en veut. » Les sénateurs suggèrent donc de pérenniser le régime : « Vous fondez une ère nouvelle, mais vous devez l'éterniser. L'éclat n'est rien sans la durée. » L'hérédité semble acquise, même si le Sénat n'a pas prononcé le mot.
    Bonaparte s'en charge en traduisant en termes clairs les propos des sénateurs. Dans la réponse qu'il leur adresse le 25 avril 1804, il les presse de se prononcer avec plus de netteté : « Vous avez jugé l'hérédité de la suprême magistrature nécessaire pour mettre le Peuple français à l'abri des complots de nos ennemis et des agitations qui naîtraient d'ambitions rivales [ ... ] Je vous invite donc à me faire connaître votre pensée tout entière. » Dans ce message au Sénat, Bonaparte prend bien soin de ménager les susceptibilités révolutionnaires ; il insiste sur la notion de souveraineté populaire, même s'il en limite de fait la portée ; il prône « le triomphe de l'égalité et de la liberté publique », il évoque enfin les avantages acquis par quinze années de révolution et fixe au 14 juillet suivant, date symbolique, son terme définitif. Ce message n'est publié que le 6 mai, alors que le gouvernement suscite par ailleurs l'envoi par les corps constitués d'adresses en faveur de l'hérédité. Mais Bonaparte veut plus encore, c'est-à-dire la définition claire du régime à naître.
    C'est dans ce but que le Tribunat est à son tour sollicité. La Constitution de l'an VIII lui donnait la possibilité de suggérer les lois à faire. En outre, c'est du Tribunat qu'était venue en 1802 la demande en faveur du consulat à vie Désormais parfaitement assagi, le Tribunat présidé par Fabre de l'Aude se plie aux demandes du maître. Le 30 avril 1804, devant les tribuns assemblés, Curée défend une motion en faveur de la proclamation de l'Empire.
    Seuls cinq à six tribuns s'y opposent. Parmi eux, Carnot élève une protestation contre la mise à mort de la République. Nourri des souvenirs de la Rome antique, il a approuvé le recours à la dictature, comme moyen de rétablir la liberté, mais il refuse que celle-là se 146
     
    L'ANNÉE DU SACRE
    pérennise sous la forme impériale. Les yeux tournés vers la jeune république américaine, il se lance alors dans un plaidoyer en faveur de la liberté qu'il assimile à la République : « Mon cœur me dit que la liberté est possible, que le régime en est facile, et plus stable qu'aucun gouvernement arbitraire ou oligarchique 1. » Malgré cette opposition, la motion demandant que Bonaparte soit nommé Empereur et que ce titre soit héréditaire dans sa famille est adoptée très largement et transmise au Sénat. Soucieux de ne pas paraître en retrait, les sénateurs se rallient à cette proposition, non sans avoir, par la bouche de François de Neufchâteau, rappelé leurs débats sur l'hérédité : « Je dois vous dire que, depuis le 6 germinal, nous avons fixé sur le même sujet que vous la pensée attentive du premier magistrat. » Et l'orateur propose ensuite à ses collègues de voter une adresse à Bonaparte en faveur de l'Empire. Trois sénateurs votent contre, l'abbé Grégoire, Sieyès et Volney, tandis que d'autres opposants traditionnels s'abstiennent comme Cabanis ou Choiseul
    Praslin. Lanjuinais pour sa part, malade, n'était pas présent en séance. Le message est donc transmis au Premier consul : « Les Français, pouvait-on y lire, désirent le repos après la victoire ; et ce repos, ils le devront au gouvernement héréditaire qui seul peut défendre la liberté publique, maintenir l'égalité et baisser ses faisceaux devant l'expression de la souveraineté du peuple qui l'aura proclamé. » Les principes de 1789 étaient ainsi rappelés, avant que la nature du régime soit précisée : « Ce gouvernement héréditaire ne peut être confié qu'à Napoléon Bonaparte et à sa famille. La gloire, la reconnaissance, l'amour, la raison, l'intérêt de l'État, tout proclame Napoléon Empereur héréditaire. »
    Le Sénat se rallie donc au principe d'un

Weitere Kostenlose Bücher