Histoire du Japon
dispute. Si c’est ce qu’il espérait, il fut déçu. En effet, quelques mois seulement après la signature du Compromis la ligne aînée se scinda en deux, et à peine Go-Daigo fut-il sur le trône que le même phénomène se produisit dans la ligne cadette. La situation était ridicule. Non seulement le Compromis avait échoué, mais il avait aggravé la situation plutôt que de l’améliorer.
Il n’était évidemment pas du goût de l’empereur Go-Daigo, dont il frustrait l’espoir de voir l’un de ses nombreux fils lui succéder. Si le Compromis demeurait valable, il ne pouvait d’ailleurs pas non plus espérer rester plus longtemps sur le trône, car les partisans du prince Kuninaga, fils de Go-Nijô, exerceraient toutes les pressions possibles pour le faire abdiquer. Étant un homme de caractère, Go-Daigo était déterminé à régler la question de succession de telle sorte qu’il n’y ait plus de discussion possible, ce qui l’amena inévitablement à comploter contre le bakufu. Mais comme son père, Go-Uda, était toujours puissant, il ne prit aucune mesure active contre le bakufu jusqu’après 1321, où Go-Uda lui abandonna ses pouvoirs.
En 1321, année représentant une conjonction favorable dans le cycle sexagésimal, les perspectives de changement ou de réforme étaient estimées prometteuses. Toute chose devait être renouvelée, affirmaient les devins, et c’est pourquoi l’ex-empereur Go-Fushimi adressa une prière spéciale au sanctuaire d’Iwashimizu. On en a conservé le texte. Le souverain demandait que son fils Kazuhito soit immédiatement désigné comme prince héritier. De son côté, Go-Uda envoya à Kamakura des messagers plaider la cause de la ligne cadette, représentée par son fils Go-Daigo, qui souhaitait nommer prince héritier son propre fils, Takanaga. Il réaffirma son désir en 1326, lorsque Kuninaga mourut.
Mais le bakufu refusa d’y souscrire, insistant pour qu’on choisît Kazuhito conformément au Compromis de 1317. Cette fois, ce fut Go-Daigo qui refusa. Ce n’était pas un enfant mais un homme mûr. Il était décidé à ne pas abdiquer, et il avait l’intention de gouverner. Enfin, il bénéficiait du conseil d’hommes particulièrement capables, et notamment de ceux qu’on appelait « les trois Fusa » : Madenokôji Nobufusa, Kitaba-take Chikafusa et Yoshida Sadafusa.
Nobufusa était le chef du Cabinet de Vin (Inchö no bettö) sous l’empereur cloîtré Go-Uda, et l’auteur de certaines réformes administratives grâce auxquelles il espérait améliorer le gouvernement de Kyoto alors que celui de Kamakura perdait de son intégrité. Les mesures qu’il préconisait ne pouvaient que lui valoir des ennemis – entre autres choses, il souhaitait que les postes officiels soient réservés aux candidats qui s’illustraient par leur intelligence. Il voulait purger les cours de justice et mettre fin aux abus dont les monastères et les sanctuaires étaient responsables. Il avait des buts si élevés qu’il proposa même d’interdire aux dames de la cour de se mêler des affaires de l’État. Il mourut sans avoir pu réaliser ces desseins admirables, car il était déjà vieux et infirme lorsque Go-Daigo prit le pouvoir. Mais il avait bien mérité de la ligne cadette. C’est lui qui s’était rendu à Kamakura comme messager de Go-Uda quand le Compromis de 1317 avait été signé.
Kitabatake Chikafusa est un personnage plus célèbre dans l’histoire du Japon. C’était un lettré et un combattant du clan Murakami Genji. Il défendait des opinions très strictes quant à la légitimité successorale, à propos de laquelle il écrivit un important traité. Il servit bien Go-Daigo par son épée autant que par sa plume.
Yoshida Sadafusa (1274-1338) était un noble de Kyoto, un Fujiwara et un conseiller en qui Go-Daigo avait toute confiance. Il alla souvent à Kamakura pour tenter de réconcilier la cour et le bakufu ; mais, en 1331, il divulgua les plans de Go-Daigo à l’administration Höjö, et il passa ensuite au service de la ligne aînée.
Quoique Go-Daigo ne pût réaliser ses ambitieux projets mais mourût en 1339 au milieu de sa cour, dans les montagnes du Yoshino, par la position qu’il prit en 1321 il mit fin au système du gouvernement de cloître, qui avait été la cause d’une longue querelle dynastique.
Ajoutons encore que la question de la succession se compliquait du fait qu’il fallait désigner un prince
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