Histoire du Japon
Kimpira, et fier au fils que lui donna en 1303 la sœur de ce dernier, sa deuxième épouse. L’enfant devint prince impérial sous le nom de Tsuneaki Shinnô, et Kameyama dit aussitôt à Go-Uda qu’il fallait que Tsuneaki devînt prince héritier au lieu de son fils à lui, Takaharu, qui avait déjà été désigné. Kimpira ne put pas souscrire à ce changement et se retrouva ainsi du côté de la ligne aînée. En 1306 (après la mort de Kameyama), Yasuko, la fille de Kimpira, fut mariée à Go-Fushimi et lui donna un fils. Quand Hanazono monta sur le trône, Kimpira était un ami important de la ligne aînée. En récompense des mérites de sa fille aussi bien que des siens, il fut promu ministre de la Gauche. Il entra dans la vie religieuse en 1309 et mourut quelques années plus tard. Son père, Sanekane, reprit alors ses fonctions de porte-parole de Kamakura, et se trouva opposé à Tamekane, le favori de Fushimi.
Le conflit dynastique s’était exacerbé après la mort de Go-Fukakusa et de Kameyama. Chaque parti accusait l’autre de trahison, mais dans l’ensemble la ligne cadette avait l’avantage d’être en bons termes avec le bakufu, et l’opinion publique semblait tourner contre la ligne aînée. Go-Fushimi était inquiet et avertit son père. Mais Tamekane continuait à prospérer et Sanekane décida qu’il devait agir. On ne sait au juste ce qu’il fit, mais bientôt des bruits coururent contre la ligne aînée, et on laissa entendre que Fushimi complotait contre le bakufu. Ces rumeurs travaillèrent pour Sanekane, car, lorsqu’elles atteignirent Kamakura, des mesures furent aussitôt prises. Tamekane fut arrêté et banni au début de 1315. Et le bakufu s’apprêtait à traiter Fushimi, accusé de complicité, avec la même rigueur, quand (en octobre 1315) il écrivit une déclaration solennelle où il niait avoir eu connaissance d’une quelconque conspiration et protestait de son désir de travailler en harmonie avec le régent.
On classa l’affaire, mais le soupçon resta attaché à la ligne aînée. La ligne cadette en profita, car le moment serait bientôt venu pour Hanazono d’abdiquer. Il le fit un à deux ans plu9 tard, laissant le trône à Takanaru, qui devint l’empereur Go-Daigo en 1318 et dont le règne fut le prélude à une longue guerre de succession.
Il n’est pas facile de tirer des conclusions précises des faits mentionnés ci-dessus. Peut-être la chose la plus intéressante qu’il en ressort est-elle l’absence totale d’une quelconque règle de succession. Compte tenu de l’importance attachée plus tard dans l’histoire japonaise aux principes de légitimité définis par Kitabatake et autres (notamment dans le Jinnô shôtô ki de 1339), il est surprenant de découvrir que, au cours de la période critique séparant la mort de Go-Saga (1272) et l’avènement de Go-Daigo (1318), le choix d’un héritier au trône fut généralement fait par un souverain régnant ou abdicataire non pas sur la base de la primogéniture ni d’aucun précédent admis, mais pour des raisons d’affection paternelle ou sous la pression de courtisans inquiets de partager le pouvoir.
Il est vrai que le choix d’un successeur au trône demeurait sans effet s’il n’avait pas l’approbation du bakufu. Mais les décisions prises par le bakufu étaient aléatoires et même irrationnelles, gouvernées qu’elles étaient par des circonstances temporaires. L’exemple le plus frappant de l’absence de tout principe fixe en matière d’héritage est peut-être la scission de la ligne cadette qui suivit la désignation de Takaharu, le fils de Go-Uda, comme prince héritier. Peu après cette nomination, qui résultait d’une longue discussion et qu’approuvait le bakufu, la plus récente épouse Kameyama (qui aimait les enfants), lui donna un fils pour lequel il réclama le droit de succession à la place de Takaharu. La requête fut écartée par le bakufu, mais qu’elle ait pu être faite montre assez l’absence de toute règle ou principe, et le peu d’importance de la primogéniture.
Dans ces cas comme dans d’autres, le bakufu agit hors de tout système. Il se laissa guider par les conseils de Saionji et ses décisions se fondèrent sur la méfiance ou la prudence, non sur la coutume ou le précédent. Son principal souci fut de maintenir un équilibre entre lignées rivales et d’éviter ainsi des désordres intérieurs. Les dirigeants de Kamakura avaient perdu
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