Histoire du Japon
hiver, les précipitations sont assez abondantes. Elles sont irrégulières, mais coupées de longues périodes de beau, en sorte que les Méditerranéens échappent généralement aux effets dépressifs du froid continu et de la chaleur humide. Par comparaison à la zone des moussons, la sécheresse est le grand trait distinc-tif du climat méditerranéen, et elle explique certaines différences importantes entre la vie dans les pays de mousson et la vie dans les régions sud de l’Europe.
Historiquement, dans le foyer de la civilisation européenne – l’archipel grec –, l’agriculture était strictement limitée par la configuration du pays et par la chaleur des étés sans pluie. Il n’y avait nulle possibilité d’accroître la surface des terres cultivables, et, depuis des temps très reculés, les Grecs ont été contraints de recourir au commerce extérieur et à la colonisation pour compenser leur manque de grains. L’histoire de la Grèce ancienne est en grande partie une histoire de navigation, et la civilisation grecque est essentiellement le produit de villes et de cités de tradition maritime. Certes, les voyages en mer entre divers points de l’Asie des moussons remontent à des temps très anciens. Cependant, l’abondance du sol cultivable et de l’eau d’irrigation attachait à la terre la grande majorité de la population, et les peuples cultivateurs de riz ne considéraient pas comme vital un commerce maritime dont l’objet était des produits de luxe plutôt que de première nécessité.
En Grèce comme dans l’ensemble de la région méditerranéenne, il n’y avait pas une économie foncière dominante, mais une économie de transports marchands, qui consistait pour une bonne part à échanger du vin et de l’huile d’olive contre des céréales cultivées dans des régions bien irriguées éloignées des pays arides. Ceux qui pratiquaient ce commerce étaient des hommes sans terres, mais comme ils possédaient des ressources capitales sous forme d’expérience et de talent particuliers, les propriétaires fonciers n’avaient pas en territoire grec le quasi-monopole économique et politique qu’ils exerçaient généralement en tant que classe dans la zone des moussons.
Quoique le Japon soit situé à la frange de cette zone, il est clairement soumis à l’influence de la mousson, et, pour ce qui est du climat, il partage le caractère général des pays de l’Est et du Sud-Est asiatique. Les traits physiques de l’archipel japonais doivent donc être compris à la lumière de ce qui a été dit de l’ensemble de la zone.
Du fait que l’arc que dessinent ses îles s’étend de latitudes voisines de l’arctique jusqu’à des latitudes subtropicales, le Japon présente une grande variété climatique. Mais ses régions les plus peuplées et les plus riches jouissent d’un climat doux et généralement stimulant. Les étés y sont chauds et les hivers froids, mais sans extrêmes insupportables. Il y a abondance de soleil et de pluie. Le sol est revêtu d’une végétation luxuriante, décoré de beaux arbres et de fleurs délicates, animé de torrents rapides. Les montagnes, les plaines et la mer n’offrent nulle part au monde des paysages plus enchanteurs. C’est un pays fait pour nourrir une race vigoureuse d’hommes et de femmes heureux dans leur environnement. Mais c’est une terre qui cache sa pauvreté derrière un visage souriant. Car les traits mêmes qui font la beauté naturelle dénoncent souvent une région stérile. Le terrain montagneux qui compose les trois quarts du pays ne se prête pas à la culture alimentaire, et quoique bien des pentes soient exploitées au prix d’un laborieux aménagement en terrasses, la surface des terres cultivées ne représente pas le sixième de l’ensemble. En outre, cette terre arable n’est pas toujours des plus fertiles, car (comme c’est ordinairement le cas dans les pays de mousson) l’abondance des pluies lui ôte les minéraux solubles indispensables, et oblige les cultivateurs à employer de grandes quantités de fertilisants. Enfin, tout à fait en dehors de ces inconvénients, les meilleures terres sont généralement pauvres en matière organique du fait que le Japon, comme d’autres pays de la zone, n’a pratiquement pas de prairies naturelles, où les racines enchevêtrées se décomposent en riche humus, et auxquelles les troupeaux en pâture peuvent fournir de l’engrais.
Les terres les plus
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