Histoire Romaine
au
milieu desquelles ils vivent ; qu’ils s’accommodent plus docilement à
leurs exigences ; et qu’ils jouissent même d’une constitution corporelle
plus élastique, ou mieux appropriée au sol ? Nous voyons aujourd’hui encore
le laboureur de la Sardaigne accomplir sa tâche au milieu des mêmes dangers :
là aussi, l’ aria cattiva règne ; et pourtant il sait échapper à son
influence, soit par le mode de son vêtement, soit par le choix intelligent de
sa nourriture et de ses heures de travail. De fait, les meilleurs moyens de
défense consistent à porter la toison des animaux, à allumer des feux qui flambent
or, nous sayons que le paysan romain ne sortait que couvert d’épaisses étoffes
de laine, et ne laissait jamais s’éteindre son foyer. Du reste, la campagne
Latine avait son charme pour un peuple laboureur : sans être d’ailleurs d’une
fertilité surprenante pour l’Italie, le sol y est léger : la pioche et la
houe, de l’émigrant ont pu l’entamer sans peine ; il ne demandait que peu
ou point de fumure ; et le froment y rend environ cinq grains pour un [29] . Quant à l’eau
potable, elle est assez rare : de là le haut prix, la sainteté même
attachée à toutes les sources vives.
Nul récit venu jusqu’à nous ne fait connaître la série des
migrations à la suite desquelles lés Latins se sont établis dans le pays qui
porte leur nom. Toutefois, réduits que nous sommes à remonter jusqu’à ces temps
par la voie de l’induction nous arrivons encore à certaines constatations :
tout au moins à des conjectures non dénuées de vraisemblance.
La terre romaine se divisait dans l’origine en un certain
nombre de circonscriptions appartenant chacune à une même famille, et qui se
groupaient entre elles pour former les anciens cantons, ou tribus
villageoises ( tribus rusticæ ). Ainsi, l’on rapporte que la tribu
Claudienne s’est constituée par l’établissement de la famille Claudia sur les
bords de l’Anio ; l’on en peut dire autant, d’après les noms quelles
portent, de toutes les autres tribus existant alors. Les dénominations ne sont
point encore empruntées aux localités, comme cela se fera un jour pour les
agglomérations plus récentes ; elles ne font toutes que reproduire le nom
même de la famille : et de même les familles qui ont ainsi attaché leur
appellation aux quartiers où elles vivent cantonnées dans la campagne romaine, deviendront
plus tard les anciennes gentes patriciœ , les Æmilii , les Cornelii , Fabii , Horatii , Menenii , Papirii , Romilii , Sergii , Veturii ; à moins que comme plusieurs autres (les Camilii , Galerii , Lemanii , Polii , Papinii , Voltinii , par exemple), elles
ne s’éteignent tout d’abord. Chose remarquable, il n’en est aucune parmi elles,
que l’on voie venir plus tard et pour la première fois, s’installer dans Rome. Là,
comme dans le reste de l’Italie, et aussi, sans doute, comme en Grèce, chaque
canton se forme peu à peu d’un certain nombre de petites communautés habitant
le même lieu, et appartenant aux mêmes familles. C’est bien la maison ( οίxία )
ou la famille hellénique, d’où sortent le Cômé ou le Dême (xώμη,
δήμος , bourg, tribu) et aussi la tribu des Romains.
En Italie, les noms sont analogues le vicus ( οϊxός , signifiant
aussi la maison), et le pagus (de pangere , bâtir) indiquent visiblement
la réunion du clan sous les mêmes toits ; ce n’est qu’à la longue et par
une dérivation du sens littéral que l’usage explique ; qu’ils signifieront
bourg et village. De même que la maison a son champ, de même le village ou les
maisons de la communauté ont leur territoire délimité ; lequel, ainsi que
nous le verrons plus loin, sera cultivé longtemps encore comme champ
patrimonial, c’est-à-dire d’après la loi de la communauté agraire. La maison-famille des Latins, n’a-t-elle donné naissance à l’agglomération par tribus, que dans
les temps postérieurs ? Les Latins n’ont-ils pas plutôt apporté avec eux
cette institution toute faite ? Nous ne le saurions dire ; pas plus
que nous ne savons si la famille, à côté des parents du sang, n’a pas aussi
admis quelquefois dans son sein, des individus d’un sang étranger.
Dans l’origine, ces communautés de famille n’ont pas formé
autant de centres indépendants les uns des autres : elles ne furent d’abord
considérées que comme les éléments intégrants d’un
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