Hitler m'a dit
aura pas de Dieu des Juifs pour protéger les démocraties contre notre Révolution, qui sera le pendant exact de la grande Révolution française. Nous traverserons des temps difficiles. Je ferai moi-même surgir les obstacles. Seule survivra la race la plus virile et la plus dure. Et le monde prendra un visage nouveau. Un jour viendra où nous pourrons faire alliance avec les nouveaux maîtres de l’Angleterre, de la France et de l’Amérique. Mais ils devront tout d’abord s’intégrer dans notre système, pour collaborer volontairement avec nous à la transformation du monde. À ce moment, il ne restera plus grand chose, même chez nous, en Allemagne, de ce qu’on appelle encore le nationalisme. Ce qu’il y aura, c’est une entente entre les hommes forts, parlant des langues différentes, mais tous issus de la même souche, tous membres de la confrérie universelle des maîtres et des seigneurs. »
XXXIX
ÉCOUTE, ISRAËL !
Il faut partir de cette doctrine du sang, pur ou impur pour comprendre l’antisémitisme d’Hitler. Le Juif est un principe, le principe de l’impureté et du mal. Entre l’opinion d’Hitler, celle de Julius Streicher le Pornographe, et celle du simple membre des S.S. ou des S.A., il y a sans doute beaucoup de points communs, mais il y a surtout autant de divergences. Pour la majorité de la clique dirigeante, toute la doctrine raciale n’est rien d’autre qu’une « chimère d’Adolf ». Elle voit dans l’élimination des Juifs une occasion de se faire la main pour le grand chambardement révolutionnaire. Ces gangsters peuvent traiter les Juifs comme ils auraient volontiers traité la bourgeoisie tout entière. On peut aire aussi que les persécutions antisémitiques sont pour une bonne part le dérivatif d’appétits révolutionnaires sur un objectif comparativement inoffensif. Pour Streicher, et pour ceux qui pensent comme lui, l’antisémitisme n’est pas seulement une affaire commerciale de Premier ordre, il est aussi la satisfaction de leurs rêves sadiques. On ne peut véritablement parler d’un antisémitisme profondément ancré dans la masse du peuple allemand. Il n’y a que des préjugés et des ressentiments superficiels. Selon mon expérience la majorité des camarades du parti n’a jamais pris au sérieux les mots d’orbe antisémites du national-socialisme. De toute façon, personne ne s’était jamais attendu à des pogromes. Le 1 er avril 1933, quand les premières persécutions méthodiques contre les Juifs commencèrent en Allemagne, je me trouvais à Dantzig où rien de semblable ne s’était passé. Quelques-uns de mes vieux camarades du parti me téléphonèrent chez moi et me dirent que si de telles atrocités se renouvelaient ou même étaient introduites à Dantzig, ils étaient décidés à quitter le parti. Ce n’est pas sous cet aspect qu’ils s’étaient représentés la rénovation de l’Allemagne.
La réaction du peuple allemand aux pogromes de l’automne de 1938 montre jusqu’où Hitler l’a mené en cinq ans et jusqu’à quel point il l’a avili. « Qu’est-ce que cela peut nous faire ? Détournez les yeux si cela vous fait horreur. C’est le destin des Juifs et non le notre ! » Telle était l’attitude des passants quand des êtres humains à peine vêtus, des vieillards, des malades, des femmes, furent pourchassés dans les rues. L’endurcissement du cœur et de la sensibilité, la peur qu’inspiraient les maîtres tout-puissants avaient fait taire les sentiments naturels d’indignation devant un tel avilissement de l’homme. Mais l’antisémitisme n’en était pas devenu plus populaire.
Hitler, au contraire, a toujours cru au caractère maléfique du peuple errant. À ses yeux le Juif est tout simplement le Mal. Il en a fait le maître du monde souterrain qu’il veut détruire. Il le voit comme on voit un mythe ; il grandit l’ennemi pour se grandir lui-même. Derrière cette attitude on peut découvrir un sentiment primitif de haine personnelle et de vengeance qui éclate aux yeux de chacun.
Mais qu’on cherche une explication dans la vie personnelle d’Hitler, qu’on refuse même de le considérer comme un Aryen, au sens des lois raciales de Nuremberg, l’obstination furieuse de son antisémitisme ne devient intelligible que par la transfiguration mythique du Juif en un prototype du Mal. À tout prendre, cette vue d’Hitler se soutient dans une certaine mesure. Sa doctrine ésotérique
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