Hitler m'a dit
lui fait une obligation de professer à l’égard du Juif une haine métaphysique. Israël, le peuple élu du Dieu des esprits, devait fatalement être représenté comme l’ennemi mortel du nouveau peuple élu allemand, du peuple agenouillé devant la nature divinisée, devant le nouveau Baal, le Taureau de la Fécondité. Un dieu a chassé l’autre. Derrière l’antisémitisme d’Hitler se déroule véritablement une guerre des dieux.
Il va sans dire qu’il est seul à voir ainsi les choses. Les hommes du parti n’ont pas eu la moindre idée des perspectives fantastiques que leurs voies de fait et bastonnades ouvrent à l’esprit torturé de leur maître.
En outre, le Juif émancipé de sa loi n’était-il pas toujours et partout le représentant de l’esprit individualiste, l’ennemi mortel du siècle à venir ? N’était-il pas le prophète de la raison abhorrée, le grand-prêtre de cette science souveraine qui, d’après Hitler, a détruit la vie au lieu de la créer ? Pouvait-il oublier que tout ce qu’il détestait le plus, le christianisme, la croyance au Sauveur, la morale, la conscience, la notion du péché venaient en droite ligne du judaïsme ? Est-ce que dans la vie politique, le Juif n’était pas toujours du côté de Faction dissolvante et critique ? Hitler ne manquait pas de raisons pour justifier sa haine. Il en était comme possédé, au point qu’il n’a jamais pu terminer une conversation sans éclater au moins une fois en imprécations contre les Juifs. Il m’a exposé un jour le fond de sa pensée.
L’antisémitisme était d’abord, à ses yeux, un excellent argument révolutionnaire. Il en avait usé fréquemment avec succès et ne manquerait pas de s’en servir autant qu’il pourrait. Il y voyait, en outre, une menace efficace à l’adresse des petits bourgeois allemands trop endormis dans leur sécurité en même temps qu’un moyen de pression sur les stupides démocraties. « Mes Juifs sont les meilleurs otages dont je dispose. La propagande antisémitique est, dans tous les pays, une arme indispensable pour porter partout notre offensive politique. On verra avec quelle rapidité nous allons bouleverser les notions et les échelles de valeur du monde entier, uniquement par notre seule lutte contre le judaïsme. D’ailleurs, les Juifs sont nos meilleurs auxiliaires. Malgré leur situation exposée, ils se mêlent partout, quand ils sont pauvres, aux rangs des ennemis de l’ordre et des agitateurs, et ils apparaissent en même temps comme les détenteurs patents et jalousés de capitaux formidables. Il est donc facile de justifier la lutte contre les Juifs dans tous les pays, au moyen d’exemples populaires que tout le monde comprendra. Dès l’instant où l’on a fait pénétrer dans les cervelles le principe raciste en dévoilant les méfaits des Juifs, tout le reste s’ensuit très rapidement. Pas à pas, on est alors conduit à la démolition du vieil ordre politique et économique et à se rapprocher des nouvelles idées de la politique biologique. »
L’antisémitisme était donc, poursuivit Hitler, la pièce maîtresse de son arsenal, un moyen de propagande et de combat dont l’effet était irrésistible. C’est, pourquoi il avait laissé les mains libres à Streicher. Ce Streicher faisait d’ailleurs sa campagne d’une façon très amusante et très adroite. Où allait-il chercher toutes ses idées ? Hitler attendait avec une véritable impatience chaque numéro du Stürmer. C’était, disait-il, le seul journal qu’il prît la peine de lire de la première à la dernière ligne. Mais tout cela n’était d’ailleurs qu’une préparation. Ce n’était que le commencement une lutte impitoyable pour la suprématie mondiale. « Car c’est seulement entre ces deux forces que se déroule le combat pour la suprématie mondiale, entre les Allemands et les Juifs. Tout le reste n’est que mirages et néant. Israel se cache derrière l’Angleterre, derrière la France et derrière les États-Unis. Même lorsque nous aurons chassé le Juif d’Allemagne, il restera toujours notre ennemi mondial. »
Je lui demandai s’il fallait déduire de ses paroles que la race juive devait être totalement anéantie.
— « Non, répondit Hitler, au contraire, si le Juif n’existait pas, il nous faudrait l’inventer. On a besoin d’un ennemi visible et non pas seulement d’un ennemi invisible. » L’Église catholique ne se contentait pas
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