Hitler m'a dit
Deux mondes s’affrontent ! L’homme de Dieu et l’homme de Satan ! Le Juif est la dérision de l’homme. Le Juif est la créature d’un autre Dieu. Il faut qu’il soit sorti d’une autre souche humaine. L’Aryen et le Juif, je les oppose l’un à l’autre et si je donne à l’un le nom d’homme, je suis obligé de donner un nom différent à l’autre. Ils sont aussi éloignés l’un de l’autre que les espèces animales de l’espèce humaine. Ce n’est pas que j’appelle le Juif un animal. Il est beaucoup plus éloigné de l’animal que nous, Aryens. C’est un être étranger à l’ordre naturel, un être hors nature. »
Hitler semblait vouloir poursuivre, mais il était comme terrassé par l’étrangeté de sa vision. Les mots ne venaient plus à ses lèvres. Son visage s’était crispé. Dans son excitation, il fit claquer ses doigts : « Les… les Juifs, bégaya-t-il c’est quelque chose de… c’est une leçon que nous n’aurons jamais fini d’apprendre. »
XL
L’ÉLEVAGE DU SURHOMME
Un prêtre catholique et un rabbin juif doivent vider les « feuillées » dans un camp de concentration. Enfoncés dans la crotte jusqu’aux hanches, ils sont interpellés grossièrement par le S.S. de garde : « Invoquez donc votre Dieu ! Où est-il ? » Le curé répond : « Nous ne savons pas où est Dieu. Mais celui qui le cherche le trouve. Et le rabbin répond : « Dieu est partout. Dieu est ici. »
Mais où se trouve le Dieu qu’a invoqué tant de fois Hitler dans ses discours et qu’il nomme la Providence et le Tout-Puissant ? Dieu est la statue de l’homme, l’Homme-Dieu, qui se dresse, telle une œuvre d’art, dans les Burgs de l’Ordre. Dieu est Hitler lui-même.
Avant qu’Hitler ne se fût donné corps et âme à la politique extérieure et à ses plans militaires, il avait exprimé un jour, passionnément, le vœu de pouvoir construire, de pouvoir agir comme homme d’État et comme législateur. Il débordait de plans gigantesques. Et le monde verrait un jour en lui le plus grand génie créateur de tous les temps. « Il ne me reste que peu de temps. Il me reste trop peu de temps ! » Il dit encore que nous ne connaissions pour ainsi dire rien de lui, que ses camarades les plus intimes du parti n’avaient aucune idée de ce qu’il avait dans la tête, des édifices grandioses dont il laisserait au moins les fondations solides. Une peur nerveuse de n’avoir pas le temps d’atteindre son but, le tourmentait pour de longues périodes. Puis, de nouveau, il se perdait dans des enfantillages techniques.
Il ne s’intéressait plus qu’aux moteurs et aux nouvelles inventions mécaniques. À ses moments d’agitation, il devenait insupportable à son entourage.
Un thème qui revenait constamment dans ses propos, c’est ce qu’il appelait le « tournant décisif du monde » ou la charnière des temps. Il y aurait un bouleversement de la planète que nous autres, non initiés, ne pouvions comprendre dans son ampleur. Hitler parlait comme un voyant. Il s’était construit une mystique biologique, ou, si l’on veut, une biologie mystique, qui formait la base de ses inspirations. Il s’était fabriqué une terminologie personnelle. « La fausse route de l’esprit », c’était l’abandon par l’homme de sa vocation divine. Acquérir « la vision magique » lui apparaissait comme le but de l’évolution humaine. Il croyait qu’il était déjà lui-même au seuil de ce savoir magique, source de ses succès présents et futurs. Un professeur munichois de cette époque avait écrit, à côté d’un certain nombre d’ouvrages scientifiques, quelques essais assez étranges sur le monde primitif, sur la formation des légendes, sur l’interprétation des rêves chez les peuplades des premiers âges, sur leurs connaissances intuitives et une sorte de pouvoir transcendant qu’elles auraient exercé pour modifier les lois de la nature. Il était encore question, dans ce fatras, de l’œil du Cyclope, de l’œil frontal qui s’était ensuite atrophié pour former la glande pinéale. De telles idées fascinaient Hitler. Il aimait à s’y plonger, du moins pour quelques jours. Il ne pouvait s’expliquer que par l’action de forces cachées la merveille de son propre destin. Il attribuait à ces forces sa vocation surhumaine d’annoncer à l’humanité un évangile nouveau.
L’espèce humaine, disait-il, subissait depuis l’origine une
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