Hitler m'a dit
prodigieuse expérience cyclique. Elle traversait des épreuves de perfectionnement d’un millénaire à l’autre. La période solaire de l’homme touchait à son terme ; on pouvait déjà discerner dans les premiers échantillons de surhommes l’espèce nouvelle qui allait refouler l’ancienne humanité. De même que, suivant l’immortelle sagesse des vieux peuples nordiques, le monde devait continuellement se rajeunir par l’écroulement des âges périmés et le crépuscule des dieux, de même que les solstices représentaient dans la vieille mythologie le symbole du rythme vital, non pas en ligne droite et continue, mais en ligne spirale, de même l’humanité progressait d’un degré à l’autre par une série de bonds et de retours.
Hitler croyait-il vraiment à cette mystagogie ? N’était-ce pas plutôt un des moyens de sa propagande, avec lesquels il gagnait, dans certains cercles, de la considération et des adeptes ? Il ne se livrait à ces vaticinations que devant un petit nombre de personnes, le plus souvent devant des femmes. Il est vrai que ses rudes compagnons de lutte n’auraient eu que des ricanements devant la révélation d’une telle sagesse. On peut se demander, de toute façon, comment ce révolutionnaire, cet homme d’action pouvait se complaire a ces fantasmagories. Était-ce là cette « magie blanche » dont certaine femme lui avait parlé ? Après tout, Hitler est parfaitement capable de combiner dans sa bizarre cervelle les vues les plus contradictoires. Ce qui n’est pas douteux, c’est qu’il se tient pour un prophète, dont le rôle dépasse de cent coudées celui d’un homme d’État. Aucun doute qu’il ne se prenne tout à fait au sérieux comme l’annonciateur d’une nouvelle humanité.
Quand il s’adressait à moi, il exprimait cette idée dans des termes un peu plus rationnels et concrets.
— « La création n’est pas terminée, du moins en ce qui concerne l’homme. Du point de vue biologique, l’homme arrive nettement à une phase de métamorphose. Une nouvelle variété d’homme commence à s’esquisser, dans le sens scientifique et naturel d’une mutation. L’ancienne espèce humaine est entrée déjà dans le stade du dépérissement et de la survivance. Toute la force créatrice se concentrera dans la nouvelle espèce. Les deux variétés évolueront rapidement en divergeant dans des directions opposées. L’une disparaîtra, tandis que l’autre s’épanouira et dépassera de loin l’homme actuel. J’aimerais assez à donner à ces deux variétés les noms d’Homme-Dieu et d’Animal-Masse. »
Je lui répondis que cela me rappelait beaucoup le surhomme de Nietzsche, mais que, jusqu’alors, j’avais compris cette évolution dans un sens spirituel.
— « Oui, l’homme est quelque chose qu’il faut dépasser. Je conviens que Nietzsche l’avait déjà pressenti à sa façon. Il avait même déjà entrevu le surhomme comme une nouvelle variété biologique. Cependant, chez lui, tout est encore flottant. L’homme prend la place de Dieu, telle est la vérité toute simple. L’homme est le dieu en devenir. L’homme doit toujours tendre à dépasser ses propres limites. Dès qu’il s’arrête et se borne, il entre en dégénérescence et tombe au-dessous du niveau humain. Il se rapproche de l’animalité. Un monde de dieux et de bêtes, c’est ce que nous avons devant nous. Et comme tout devient clair, dès qu’on a compris ! C’est toujours le même problème que j’ai à résoudre, qu’il s’agisse de la politique quotidienne ou que je m’efforce de soumettre le corps social à un ordre nouveau. Tout ce qui s’immobilise, s’arrête, veut demeurer stable, tout ce qui s’accroche au passé, tout cela s’étiole et périt. Tous ceux qui écoutent, au contraire, la voix primitive de l’humanité, qui se vouent au mouvement éternel, sont les porteurs de torches, les pionniers d’une nouvelle humanité. Comprenez-vous maintenant, le sens profond de notre mouvement national-socialiste ? Peut-il y avoir quelque chose de plus grand et de plus ample ? Celui qui ne comprend le national-socialisme que comme un mouvement politique, n’en sait pas grand chose. Le national-socialisme est plus qu’une religion : est la volonté de créer le surhomme. »
Je lui dis que je comprenais enfin le sens profond de son socialisme, que c’était l’anticipation d’une séparation entre les nouveaux maîtres et les
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