Hitler m'a dit
d’humiliation. Mais ma splendide jeunesse ! Y en a-t-il une plus belle dans le monde ? Voyez donc ces jeunes hommes et ces jeunes garçons ! Quel matériel humain ! Avec eux, je pourrai construire un nouveau monde.
» Ma pédagogie est dure. Je travaille au marteau et détache tout ce qui est débile ou vermoulu. Dans mes « Burgs » de l’Ordre, nous ferons croître une jeunesse devant laquelle le monde tremblera. Une jeunesse violente, impérieuse, intrépide, cruelle. C’est ainsi que je la veux. Elle saura supporter la douleur. Je ne veux en elle rien de faible ni de tendre. Je veux qu’elle ait la force et la beauté des jeunes fauves. Je la ferai dresser à tous les exercices physiques. Avant tout, qu’elle soit athlétique : c’est là le plus important. C’est ainsi que je purgerai la race de ses milliers d’années de domestication et d’obéissance. C’est ainsi que je la ramènerai à l’innocence et a la noblesse de la nature ; c’est ainsi que je pourrai construire et créer.
» Je ne veux aucune instruction des esprits. Le savoir ne ferait que corrompre mes jeunesses. Qu’elles sachent seulement ce qu’elles pourront apprendre par le libre jeu de la curiosité et de l’émulation. La seule science que j’exigerai de ces jeunes gens, c’est la maîtrise d’eux-mêmes. Ils apprendront à dompter la peur. Voilà le premier degré de mon ordre, le degré de la jeunesse héroïque. C’est de là que sortira le second degré, celui de l’homme libre, de l’homme qui est la mesure et le centre du monde, de l’homme créateur, de l’Homme-Dieu. Dans mes « Burgs » de l’Ordre, l’Homme-Dieu, la figure splendide de l’être qui ne prend d’ordres que de lui-même, sera comme une image du culte et préparera la jeunesse à l’étape future de la maturité virile. »
Hitler s’arrêta et déclara qu’il ne pouvait en dire davantage. Il y avait encore des degrés dont il n’était pas permis de parler. Il transmettrait ce secret par testament à son successeur. La révélation sublime viendrait plus tard, longtemps peut-être après sa mort. Il ne pouvait accomplir sa mission qu’en se sacrifiant lui-même.
— « Oui, répéta-t-il, il est prescrit que je me sacrifie pour le peuple, à l’heure du plus grand danger. »
XLII
LA RÉVOLUTION ÉTERNELLE
Il faut que je dise encore quelques mots au sujet de la doctrine secrète d’Hitler. Il en est peu qui la connaissent. Et cependant, on ne peut comprendre les plans politiques d’Hitler que si l’on connaît ses arrière-pensées. Hitler n’est pas superstitieux au sens habituel du mot. Son goût des horoscopes et de l’occultisme se rattache à sa conviction que l’homme est en relation magique avec l’univers. La politique n’est pour lui que le premier plan d’un bouleversement gigantesque, au centre duquel il se place déjà.
Il a emprunté de seconde ou troisième main au hasard de ses lectures les matériaux de sa doctrine. Ce qui est plus important, c’est la volonté de puissance qui se cache derrière ses déclamations. Hitler ne se lasse pas d’exprimer, en termes plus ou moins clairs ou voilés, cette volonté d’imposer à l’Allemagne et au monde un ordre nouveau qu’il appelle « La Révolution éternelle ». Cette révolution s’étendra sur toute l’existence humaine. Elle apportera à l’humanité qui, d’après sa doctrine, gravit un échelon nouveau tous les sept cents ans, l’affranchissement définitif. Mais il faut s’entendre. Affranchissement pour les forts, sujétion pour la multitude des faibles. L’enjeu de la lutte, c’est la liberté des Fils de Dieu. C’est la révolution de la nouvelle aristocratie contre la masse.
Pour mesurer le chemin qu’Hitler a parcouru qu’on se rappelle ses commencements. Un petit conspirateur, un tribun de province, un propagandiste salarié est devenu le prophète d’une nouvelle religion. Ne faut-il voir là que les visions d’un mégalomane ? Ne peut-on discerner dans cette surprenante carrière une évolution tout à fait logique ? Quelque incohérente et contradictoire que soit la vie de cet homme étrange elle est tout de même dominée par un principe invariable : « Rien ne vaut que le mouvement. Rien ne dure que le changement. L’action, c’est le bien. Le repos c’est le mal. » Peu importe l’objet de l’action, ni qu’elle soit raisonnée ou désordonnée. L’action pour l’action, remuer pour
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