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Hitler m'a dit

Hitler m'a dit

Titel: Hitler m'a dit Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hermann Rauschning
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sévir.
    En ce temps-là on s’excusait couramment de ces atrocités en alléguant qu’il ne fallait tout de même pas oublier que la révolution se déroulait en Allemagne dans des conditions exceptionnellement douces et débonnaires, et qu’on n’avait pas le droit de généraliser certains excès isolés. En réalité, il s’agissait de tout autre chose. Les atrocités, perpétrées par les S.A. et parles S.S. avec un raffinement inouï de cruauté contre des adversaires politiques, faisaient partie d’un plan politique délibérément établi. Les gardiens qu’on recrutait pour le service des camps de concentration étaient systématiquement choisis dans les bas-fonds et les milieux criminels. J’ai eu l’occasion de recueillir maintes précisions édifiantes. On introduisait dans les formations paramilitaires des groupes spéciaux d’alcooliques notoires, d’apaches et de délinquants récidivistes. C’est un trait caractéristique du régime que cette sélection de la pègre pour l’accomplissement de certaines besognes politiques.
    J’étais présent le jour où le Führer fut avisé des incidents survenus à Stettin et dans d’autres villes. Il accueillit ces rapports avec une remarquable indifférence. Non seulement il ne s’indigna pas, comme on aurait pu le supposer, des excès de ses gens, mais au contraire, il se répandit en insultes contre ceux qui semblaient attacher de l’importance à ces « histoires ridicules ». Ce fut aussi pour la première fois, mais non la dernière, que j’entendis Hitler pousser des vociférations et des hurlements ; je le vis perdre tout contrôle de lui-même. Il criait à perdre la voix, il trépignait et frappait du poing sur la table et contre les murs. Sa bouche écumait ; il haletait comme une femme hystérique et éructait des exclamations entrecoupées : « Je ne veux pas !… F…z le camp ! traîtres ! » Ses cheveux étaient en désordre, son visage contracté, ses yeux hagards et sa face cramoisie. Sur le moment, j’eus peur qu’il ne tombât victime d’une attaque.
    Brusquement tous ces symptômes disparurent. Il arpenta la pièce, toussa pour s’éclaircir la voix, se lissa les cheveux, puis regarda autour de lui d’un air timide et méfiant et jeta sur nous des regards scrutateurs. J’eus l’impression qu’il cherchait à savoir si l’un de nous riait. Et, je dois l’avouer, je sentis monter en moi, plutôt qu’une réaction nerveuse, une forte envie de rire.
    « — Tout cela est ridicule ! » dit-il enfin d’une voix enrouée, mais plus calme. « Avez-vous remarqué comme les badauds accourent lorsque deux voyous se battent sur le trottoir ? La cruauté en impose. La cruauté et la brutalité. L’homme de la rue ne respecte que la force et la sauvagerie. Les femmes aussi, les femmes et les enfants. Les gens éprouvent le besoin d’avoir peur ; c’est l’effroi qui les soulage. Qu’une réunion publique finisse en bagarre, n’avez-vous pas remarqué que ceux qui ont été le plus sévèrement rossés, sont les premiers à solliciter leur inscription au parti ? Et vous me parlez de cruauté et vous vous indignez pour des racontars de tortures ? Mais c’est justement ce que veulent les masses. Elles ont le besoin de trembler. » Hitler s’arrêta pendant quelques instants, puis il reprit sur son ton habituel : « J’interdis qu’on prenne des sanctions. À la rigueur, je veux bien qu’on punisse une ou deux personnes, afin d’apaiser ces abrutis de « nationaux-allemands ». Mais je ne veux pas qu’on transforme les camps de concentration en pensions de famille. La terreur est l’arme politique la plus puissante et je ne m’en priverai pas sous prétexte qu’elle choque quelques bourgeois imbéciles. Mon devoir est d’employer tous les moyens, pour endurcir le peuple allemand et pour le préparer à la guerre. »
    Hitler arpentait son bureau avec agitation. « Je ne me conduirai pas autrement dans une guerre. C’est la guerre modérée qui est la plus cruelle. Je sèmerai la terreur par l’emploi brusqué de tous mes moyens de destruction. Le succès dépend du choc brutal qui terrorise et démoralise. Pourquoi donc agirais-je autrement avec mes ennemis politiques ? Ces prétendues atrocités m’épargneront des centaines de milliers de procès contre les malveillants et les mécontents. Ils y regarderont à deux fois avant de rien entreprendre contre nous, lorsqu’ils sauront ce

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