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Hitler m'a dit

Hitler m'a dit

Titel: Hitler m'a dit Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hermann Rauschning
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pendant quelques décades. Mais un empire nouveau ne pourra jamais naître que dans le sang et par le fer, sous la contrainte de la volonté la plus dure et de la force la plus brutale. »
    Hitler arpenta son bureau avec agitation et reprit :
    — « Je forgerai le noyau d’acier d’un nouvel empire dont les liens seront indestructibles. L’Autriche, la Bohême et la Moravie, l’Ouest polonais ! Un bloc de cent millions d’hommes, infrangible, sans fissure et sans minorités libres ! Voilà le fondement solide de notre domination. Autour de ce bloc, d’abord une confédération de l’Europe orientale. La Pologne, les États baltes, la Hongrie, les États balkaniques, l’Ukraine, la région de la Volga, la Géorgie. Une confédération, sans doute, mais dont bien entendu, les partenaires n’auront pas les mêmes droits que les Allemands. Une union de peuples auxiliaires, sans armée, sans politique propre, sans économie propre. Et je ne pense pas un seul instant à ne faire à aucun de ces pays des concessions sur une base humanitaire. Par exemple à la Hongrie, pour la restaurationde ses anciennes frontières. Je ne ferai aucune différence entre les amis et les ennemis. L’époque des petits États est révolue. Puis un autre système d’États vassaux a l’Ouest : confédération de la Hollande, des Flandres du Nord de la France. Enfin une confédération du Nord : le Danemark, la Suède, la Norvège. » Et Hitler se perdit dans la peinture complaisante de ses visions.
    — « À partir de maintenant, les rapports des forces seront constamment modifiés, continua-t-il, mais, au terme d’une période préparatoire tout travaillera pour l’Allemagne. Il n’y aura plus de neutres. Le destin des neutres est de devenir les satellites des grandes puissances. Ils seront aspirés. Tout cela ne se produira pas d’un seul coup. Je progresserai pas à pas, mais avec une logique de fer. »
    Avec une assurance inouïe, Hitler m’exposa toute une architecture de plans d’autant plus surprenants qu’il semblait que les premières conditions de leur réalisation fissent défaut. En 1934, ces plans ne semblaient être que les fantaisies d’un mégalomane. Cependant au seuil de 1940, les Allemands pouvaient croire qu’ils étaient en grande partie réalisés. Comment s’étonner qu’un homme qui avait voulu et obtenu tant de choses impossibles fût ivre de son propre succès et se tint pour une espèce de demi-dieu ?
    À l’heure où j’écris, le détail de ces projets démesurés n’a plus grand intérêt. Ils ont été en partie réalisés, comme par exemple l’annexion de l’Autriche et la destruction de la Tchécoslovaquie. En partie aussi, ils on dû faire place à des solutions radicalement opposées. L’attaque foudroyante, le Blitzkrieg, les volte-face fulgurantes de l’Ouest à l’Est, les coups directs vers le Nord devaient être l’un des moyens infaillibles du corn bat. La décomposition révolutionnaire de l’ennemi par des méthodes raffinées de guerre psychologique, devait être l’autre moyen. Les rêves fous d’Hitler s’étendaient sur tout l’univers. Il voulait atteindre l’Angleterre en tous ses points faibles, aux Indes aussi bien qu’au Canada. Il rêvait d’occuper la Suède et la Hollande. Ce dernier pays, en particulier, lui apparaissait riche de perspectives séduisantes ; il y voyait la plate-forme d’une guerre aérienne et sous-marine contre l’Angleterre. « En moins de huit heures, nous atteindrons la côte », me dit-il, avec une sorte d’enthousiasme cruel.
    Il envisageait aussi comme possible des conjonctures qui ne lui permettraient de risquer aucune grande guerre. Dans ce cas, il se tiendrait sur la défensive et laisserait à l’ennemi l’initiative de l’attaque. Mais alors il saisirait des gages : la Hollande, le Danemark, la Suisse, les États Scandinaves. Il améliorerait ses positions stratégiques et proposerait la paix à ses propres conditions : – « Et s’ils n’acceptent pas, ils peuvent toujours essayer de me jeter hors des territoires occupés. Dans tous les cas, c’est eux qui supporteront les frais de l’attaque. »
    À mon objection qu’un nouveau blocus aurait raison de l’Allemagne, il répondit par un ricanement : « L’Angleterre ne sera plus maîtresse des mers. Son heure est passée. Les flottes aériennes et l’arme sous-marine transforment les flottes de guerre en un jouet coûteux que

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