Hitler m'a dit
s’offrent les riches démocraties, mais dans une guerre décisive, ces cuirassés et croiseurs ne sont plus que ferraille. » Je retins encore, de cette conversation, l’opinion du Führer sur l’Italie. Il parla du fascisme avec un mépris haineux, comme d’une pitrerie : « Pas plus qu’on ne pourra jamais faire du peuple italien une nation guerrière, pas plus le fascisme n’a compris quel est l’enjeu de la lutte colossale qui va s’engager. Nous pourrons sans doute nous allier temporairement avec l’Italie, mais au fond, il n’y a que nous, les nationaux-socialistes et nous seuls, qui ayons pénétré le secret des révolutions gigantesques qui s’annoncent. Et c’est pourquoi nous sommes le seul peuple choisi par la Providence pour donner sa marque au siècle à venir. » au rai que l’Allemagne fût vraiment tombée bien bas pour s’en remettre, à l’heure décisive, au concours d’une nation comme l’Italie. »
Hitler m’accompagna jusqu’à la porte : « Ne nous y trompons point. Notre mission est de mener à une fin victorieuse et dans des conditions plus favorables, a guerre interrompue en 1918. Si j’y parviens, tout le reste tombera dans nos mains par le simple jeu des lois historiques. Nous avons derrière nous un simple armistice, et devant nous, la victoire que nous avons laisse échapper en 1918. »
Hitler me congédia avec quelques paroles aimables. J’eus l’impression d’avoir perdu sensiblement de terrain dans son estime. Il prit tout de même la peine de me renouveler ses remerciements pour ce que j’avais fait en Pologne.
XXI
LA RUSSIE,
AMIE OU ENNEMIE ?
Dans une rencontre ultérieure, Hitler me fit connaître ses vues au sujet de la Russie soviétique. Je m’étais fait annoncer chez lui, au printemps de 1934, afin de le mettre au courant des pourparlers entre Dantzig et la Pologne qui prenaient une allure traînante ou, plus exactement, étaient arrivés au point mort. Depuis l’accord germano-polonais, l’Allemagne avait la possibilité d’exercer amicalement son influence en Pologne en faveur de la Ville libre.
Il était donc tout indiqué d’examiner avec Hitler la question de nos relations avec Moscou. La Russie s’était toujours intéressée à l’indépendance de Dantzig, et, dans certaines circonstances difficiles, elle avait même fait pression sur la Pologne. J’avais essayé de fortifier cet intérêt auprès de Kalina, qui représentait alors l’Union soviétique à Dantzig, afin de consolider, pour ainsi dire, notre arrière au cours de nos négociations avec la Pologne. Dans nos entretiens, il ne s’était pas seulement agi de questions économiques, mais aussi du Problème politique de Dantzig. J’avais suggéré qu’il serait utile d’octroyer une plus large indépendance à la Ville libre, considérée comme « l’État balte le plus occidental. »
Cette manière de voir les choses avait vivement intéressé Kalina. Cependant mes efforts vers un accord russo-dantzikois, dont la construction de quelques « navires pour le compte de la Russie devait fournir le point de départ, n’avait pu aboutir. La Russie semblait s’éloigner aussi bien de l’Allemagne que de Dantzig. Les raisons de cette attitude m’ont été données par Kalina, qui était assez intelligent pour parler et pour comprendre un langage franc : « Votre national-socialisme a l’esprit révolutionnaire, me dit-il lors d’un déjeuner, mais à quoi employez-vous cette force révolutionnaire ? Votre prétendu socialisme n’est qu’un appât pour les masses. Ce que vous faites n’est qu’une révolution brutale, désordonnée et sans but. Ce n’est pas une révolution dans le sens du progrès social. Ce que veulent vos chefs, c’est l’omnipotence. Pour l’obtenir, ils abusent de la force révolutionnaire de l’Allemagne et l’épuisent. Vous représentez pour nous un danger plus grand que les vieilles puissances capitalistes. Le peuple allemand était sur le chemin de la liberté, mais vous allez le décevoir. Vous allez laisser après vous un peuple découragé, méfiant et incapable de tout effort productif. Un jour, les masses vous abandonneront. Il se peut qu’à ce moment, vous vous rapprochiez de nous ; mais peut-être sera-t-il trop tard. Nous ne conclurons un accord avec l’Allemagne que lorsque le peuple allemand aura compris son erreur actuelle. Cela se produira sûrement. Nous pouvons attendre. »
On sait que
Weitere Kostenlose Bücher