Hitler m'a dit
militaire avec la Russie leur paraissant commode, ils se découvrent immédiatement des aspirations anticapitalistes. Ils se bercent de cette semi-philosophie et entendent leur socialisme prussien comme une discipline de caserne, qui leur donnerait la haute-main sur les salaires et la liberté individuelle. Mais les choses ne sont pas aussi simples que cela.
« Je conçois aussi le plaisir que prennent les ingénieurs à dresser des échafaudages « planistes ». Mais là non plus, le problème n’est pas simple ; on ne le résoudra pas uniquement par un troc de matières premières contre des capacités techniques. Non, l’idée d’un État travailliste super-national avec le travail infligé comme un pensum dans un réseau d’industries savamment groupées, tout cela n’a pu naître que dans l’esprit délirant et super-rationaliste d’une coterie d’intellectuels dépourvus de tout instinct national. Tout ce « socialisme prussien » n’est que rêverie et duperie. C’est faux et c’est dangereux, parce que cela barre la route au national-socialisme !
» Peut-être ne pourrai-je pas éviter l’alliance avec la Russie. Mais je garde cette possibilité comme mon dernier atout. Ce coup de poker sera peut-être l’acte décisif de ma vie ; mais il ne faut pas qu’on en bavarde à tort et à travers dans des parlotes de littérateurs et il ne faut pas non plus qu’il soit joué trop tôt. Et si jamais je me décide à miser sur la Russie, rien ne m’empêchera de faire encore volte-face et de l’attaquer lorsque mes buts à l’Occident seront atteints.
» Il serait naïf de s’imaginer que nous poursuivrons notre ascension jusqu’au bout, sur une route rectiligne. Nous changerons nos fronts selon nos besoins et non pas seulement les fronts militaires. Mais, pour le moment, restons-en à notre doctrine officielle et continuons à voir dans le bolchevisme notre ennemi mortel. Nous devons essayer de reprendre l’offensive au point précis ou nos armées ont dû s’arrêter lors de la dernière guerre, objectif principal est toujours, comme par le passé, anéantir à tout jamais les masses menaçantes du panslavisme impérialiste. L’Allemagne ne peut s’étendre et grandir sous la pression de cette masse. N’oublions pas que la natalité des peuples slaves est supérieure à celle de tout le reste de l’Europe. Notre mission est d’empêcher que la steppe russe déborde sur l’Europe. Rien ne pourra éviter le combat décisif entre l’esprit allemand et l’esprit panslaviste, entre la race et la masse. Il y a là un abîme que nulle communauté d’intérêts ne saurait combler. Il faut que la hiérarchie des maîtres subjugue le pullulement des esclaves. Nous sommes le seul peuple capable de créer le grand espace continental, en imposant notre poigne et non pas en concluant des pactes avec Moscou. Cette partie suprême, nous la jouerons et la gagnerons. La victoire enfoncera devant nous la porte de l’hégémonie mondiale. Cela ne veut pas dire que je ne ferai pas un bout de chemin avec les Russes, si cela peut nous être utile : mais avec le dessein bien arrêté de revenir à notre but essentiel dès que je le pourrai. »
XXII
LE DEVOIR DE DÉPEUPLER
Ce double jeu vis-à-vis de la Russie représentait-il la pensée profonde du Führer ? Quand j’en eus la révélation, je conviens que je restai sceptique. Je ne pouvais concevoir, à cette époque, qu’Hitler n’eût aucun but politique précis et, qu’à la faveur d’une occasion propice, il fût prêt à désavouer toutes les idées pour lesquelles il avait lutté jusqu’alors. J’essayai de me persuader que ses propos sur la Russie n’étaient peut-être qu’une improvisation, une parade destinée à impressionner et à fasciner l’auditeur. Je savais que le Führer est un comédien, qu’il parle toujours devant la rampe. Il excelle à s’emparer des propos d’autrui et à les présenter comme ses conceptions personnelles. Je n’aurais pas été surpris s’il avait dit au visiteur qui me succéda dans son cabinet exactement le contraire de ce qu’il m’avait présenté comme le résultat de ses méditations les plus profondes.
La politique d’Hitler n’est autre chose que l’opportunisme pur. Il est toujours prêt à jeter par-dessus bord, avec une stupéfiante désinvolture, ce qu’il affirmait, instant d’avant, comme un principe intangible. On voit constamment remonter à la surface le
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