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Hitler m'a dit

Hitler m'a dit

Titel: Hitler m'a dit Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hermann Rauschning
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confiance a été gaspillé, et avec quel mépris des collaborateurs. Toutes les colonies allemandes à l’étranger, ont servi de terrain à la propagande naziste qui s’y développait, comme des moisissures dans une champignonnière, en passant par tous les stades pour aboutir à l’espionnage effectif. Chaque Allemand était pris dans l’engrenage de ce gigantesque appareil, qu’il fut encore citoyen du Reich, ou qu’il fût naturalisé dans le pays où il résidait. Toutes les associations qui ne faisaient pas profession ouverte d’antinazisme étaient transformées en organes d’investigation et de propagande politique, et contraintes de franchir sans vergogne toutes les limites de la légalité et de la loyauté.
    Les membres de ces associations, pris individuellement, ignoraient en général ce qui s’y tramait. Tous, tant que nous étions, nous ne percevions que la rivalité des clans qui se disputaient honneurs et prébendes. Une année après l’autre, ces répugnantes compétitions s’étalaient au sein de tous les groupements d’Allemands de l’étranger. Les représentants des diverses tendances politiques, nouvelles et anciennes, qui s’y rassemblaient par hasard rivalisaient de byzantinisme et d’enthousiasme pour la personne du Führer, chacun voulait mériter la faveur des milieux influents du Reich, c’est-a-dire la faveur des hommes nouvellement appelés à gérer les finances et pouvant dispenser les dignités et prébendes.
    Ainsi s’établissait le contrôle implacable du parti, qui comptait au moins sept officines centrales, chargées de la surveillance des Allemands hors du Reich et de leur utilisation pour la propagande et l’espionnage. Aucune de ces organisations n’avait la moindre ambition désintéressée ; aucune n’avait à cœur la conservation ni la culture du germanisme. Leur seule mission était de rassembler les Allemands expatriés dans une formidable machine de guerre qui s’étendait sur le monde entier. Les rivalités, querelles et zizanies dont j’ai parlé, et dont le spectacle complaisamment étalé ruinait partout le prestige du nom allemand, étaient soigneusement entretenues, car elles fournissaient l’écran qui masquait aux yeux trop curieux le véritable caractère de ces inoffensifs bureaux de bienfaisance et de tourisme.
    Nous-mêmes, à Dantzig, et quelques amis que je comptais parmi les représentants diplomatiques du Reich, nous n’attachions pas assez d’importance à ce jeu dangereux que l’on jouait, sur l’ordre d’Hitler, avec les Allemands de l’étranger, ces agents si précieux de notre crédit dans le monde. J’insiste sur ce point, car le rôle qu’on a fait jouer au germanisme de l’étranger a provoqué l’indignation du monde entier : on a ainsi détruit quelque chose qu’on ne pourra plus jamais restaurer.
    Les colonies étrangères sont généralement comme le trait d’union entre les États. Mais, si l’on en arrive dans chaque pays à soupçonner tout étranger d’être l’agent d’une puissance ennemie, nous reviendrons à pas de géant à la barbarie des époques les plus lointaines et les plus sombres. Il me semble donc nécessaire de préciser que le plus grand nombre de ces Allemands expatriés ont été les instruments inconscients du national-socialisme, qui les a déshonorés à leur insu, et que la responsabilité de cette honte retombe sur Hitler et sur quelques-uns de ses séides, notamment sur Hess, cet intrigant sournois qui porte le masque d’un brave homme et qu’il faut dénoncer comme un des pires bandits de la clique.
    Je me suis entretenu à plusieurs reprises avec Hess, au sujet du germanisme en Pologne. Grâce à mes relations personnelles, je connaissais bien ces milieux allemands. On m’a souvent consulté à leur propos et j’ai parfois reçu mission d’aplanir certains antagonismes ou conflits. Hess lui-même était quelque chose comme le chef suprême des organes de contrôle du germanisme à l’étranger. J’ignorais tout de ce nouveau rôle qu’il s’était attribué et je remplissais ma tâche dans la conviction qu’elle se bornait à régler des querelles médiocres entre les anciens membres des associations et les nouveaux venus qui cherchaient à supplanter leurs aînés. C’est ainsi que je pris part à un Congrès de délégués des Allemands de l’Étranger. Les discours prononcés à cette occasion ne sortaient pas de la banalité courante. Mais les propos

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