Hitler m'a dit
Vous rappelez-vous le fléchissement des courbes de natalité pendant la dernière guerre ? Pourquoi ne ferions-nous pas, intentionnellement et pour de nombreuses années, ce qui fut naguère une conséquence inévitable de ce long conflit ? Il existe plus d’une méthode pour supprimer systématiquement les nations indésirables, d’une manière relativement indolore, et en tout cas sans trop faire couler le sang.
» D’ailleurs, reprit-il, il s’agit là d’une idée que je n’hésiterais pas à affirmer publiquement. Les français nous ont assez reproché, après la guerre, d’être trop nombreux. Il y avait, disaient-ils, vingt millions d’Allemands de trop. Nous reprenons ce propos à notre compte. Nous nous déclarons partisans d’une économie dirigée des mouvements démographiques. J’accepte l’estimation de ces messieurs : il faut supprimer vingt millions d’hommes, mais ils voudront bien nous permettre de les décompter ailleurs que chez nous. Depuis tant de siècles, qu’on parle de la protection des pauvres et des misérables, le moment est peut-être venu de préserver les forts que menacent leurs inférieurs. À partir de maintenant ce sera l’une des tâches essentielles d’une politique allemande à long terme que d’arrêter par tous les moyens la prolifération des Slaves. L’instinct naturel commande à chaque être vivant, non seulement de vaincre son ennemi, mais encore de l’anéantir. Dans les temps passés, on reconnaissait au vainqueur son bon droit d’exterminer des tribus et des peuplades entières. Nous ferons preuve d’humanité en éliminant nos ennemis progressivement et sans effusion de sang, ce qui vient simplement à faire subir aux autres le sort qu’ils nous réservaient si nous nous étions laissés vaincre.
XXIII
UN MYTHE NORDIQUE
Un des faits les plus déconcertants dans l’histoire des dernières années, c’est qu’on se soit si longtemps refusé, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Allemagne, à reconnaître l’importance du national-socialisme, à prendre au sérieux la menace qu’il signifiait. On peut expliquer cette incompréhension par des raisons diverses. Il en est une au moins sur laquelle je désire attirer l’attention. On n’a pas fait, avec une netteté suffisante, le départ entre ce qui, dans le national-socialisme, n’était que parade de foire ou camouflage pour les masses et les intentions réelles de ses tenants.
Il a fallu longtemps, même aux soi-disant initiés, à ceux tout au moins qui ne comptaient pas au nombre des demi-dieux du parti, pour entrevoir la réalité qui se cachait derrière le décor. Il existait, par exemple, une « Société Nordique » dont le siège était dans la vieille cité hanséatique de Lubeck. Cette société s’était donné pour mission de ménager des relations culturelles et personnelles entre l’Allemagne et les pays scandinaves. Le national-socialisme avait mis la main sur cette société, l’avait « mise au pas », comme beaucoup d’autres, et utilisait la bonne réputation de l’association pour s’assurer des sympathies et des relations utiles en Scandinavie. D’une organisation de culture intellectuelle, profondément respectable, quoique peut-être un peu teintée de romantisme nordique, on fit progressivement une officine de propagande perfide et d’espionnage cynique, pour ainsi dire à l’insu des adhérents, tant dans le Reich que dans les pays Scandinaves.
Conformément à de vieilles traditions hanséatiques, on avait installé une section de la Société Nordique à Dantzig et on m’avait demandé d’en accepter la présidence. Au printemps de 1934, une assemblée générale se tint à Lubeck. Rosenberg était au centre des festivités, ainsi que le ministre de l’Éducation publique, Rust. Des harangues officielles, des conférences, inauguration d’une maison d’accueil pour écrivains, destinée aux hôtes nordiques, un discours ampoule, prononcé par un certain Blunck, président de la Société des Gens de lettres du Reich, un concert d’orgues, donne de nuit dans l’antique église Sainte-Marie, bref, tout se de roulait de la manière la plus bourgeoise, la plus paisible, la plus ennuyeuse.
Le grand industriel Thyssen, qui assistait avec moi à la réunion, se plaignait du temps perdu à absorber des flots de paroles creuses. Le ministre du Reich, Werner Daitz, pérora interminablement sur « l’économie européenne
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