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Hitler m'a dit

Hitler m'a dit

Titel: Hitler m'a dit Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hermann Rauschning
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des grands espaces ». Puis ce fut l’ancien ouvrier agricole Hildebrandt, devenu Gauleiter local, qui prononça une allocution aussi prétentieuse que confuse. La véritable civilisation humaine, prétendait-était née chez les peuples Scandinaves des bords de la Baltique et non pas chez les nations méditerranéennes. La Méditerranée et la Baltique ! L’une était le domaine de la décadence et du poison sémite, l’autre celui l’héroïsme et de l’esprit raciste aryen.
    Et ce galimatias de couler sans répit. Suivant le origine et leur éducation, les assistants étaient ou bien écœurés, ou bien transportés d’un naïf enthousiasme. Quelques représentants de vieilles familles sénatoriales autrefois influentes, se rangeaient dans le premier groupe. Mais, dans l’ensemble, rares étaient ceux d’entre nous qui comprenaient qu’on était en train de jouer une audacieuse comédie. Les oripeaux innocents de la mythologie nordique masquaient une entreprise redoutable.
    Voici quelle était la vérité toute nue : Hitler m’avait dit, au cours de la conversation que j’ai rapportée plus haut, que, dans la guerre future, il n’y aurait plus de nations neutres. Il avait ajouté que les États Scandinaves, ainsi que la Hollande et la Belgique, devraient être intégrés dans le Reich. Si la guerre venait à éclater, l’un de ses premiers actes serait l’invasion de la Suède, car il ne pourrait abandonner les pays Scandinaves à l’influence des Russes ou à celle des Anglais. Je lui avais fait observer qu’une occupation militaire de la grande péninsule, où n’existait pas de réseau routier, exigerait des effectifs relativement importants. Hitler m’avait répondu qu’il n’envisageait pas d’occuper tout le pays, mais simplement les ports principaux, les centres économiques, et surtout les mines de fer. « Ce sera une entreprise hardie mais intéressante, et telle qu’il n’en a jamais été tenté de semblable dans l’histoire de l’humanité. Sous la protection de la flotte de guerre, et avec aide massive de l’aviation, je déclencherai simultanément toute une série d’attaques brusquées. Nulle part, les Suédois ne seront prêts à opposer une défense efficace. Même si l’un ou l’autre de ces coups de m ain échouait, la grande majorité des objectifs serait atteinte et il va sans dire que nous ne les lâcherions plus. »
    Comme je semblais stupéfait, il ajouta que, pour être sûr du succès politique, il était nécessaire de disposer en Suède d’un réseau serré de complices et de sympathisants. En effet, des attaques brusquées ne pourraient être le prélude d’une annexion durable des pays scandinaves au système fédératif de la Grande Allemagne que si les éléments gagnés à notre cause renversaient le régime existant et exigeaient l’adhésion de la Suède au Grand Reich. Les Suédois ne se laisseraient pas plus entraîner dans une guerre qu’en 1905, lors de la séparation de la Norvège.
    — « Je leur faciliterai cette décision par tous les moyens, et notamment en leur déclarant que je ne vise nullement à une conquête, mais simplement à une collaboration conforme à la nature des choses et qui serait désirée ouvertement par la Suède elle-même si elle cessait d’être contrainte de se cramponner à la neutralité, c’est-à-dire de se résigner au suicide, par peur des Russes et des Anglais. Je dirai que je viens tout simplement les aider, afin de « permettre aux éléments de bonne volonté, sous ma protection, de prendre une décision en toute liberté. »
    Je confesse que cette fois encore, je ne vis dans ces propos d’Hitler qu’un paradoxe plus ou moins divertissant. Je suis convaincu, maintenant, qu’il faut les prendre au sérieux. Dans tous les cas, ce n’est ni le sang purement aryen, ni le mythe de l’héroïsme des Vikings qui poussent Hitler à témoigner tant d’intérêts aux pays scandinaves. Ce qui l’intéresse, ce sont les mines de fer. Et M. Blunck, président des Écrivains du Reich, ainsi que ses amis suédois, ne sont que les acteurs bénévoles d’une farce tragique dont ils n’ont jamais saisi le sens.

XXIV
 
L’ÉQUIPE DE
PROPAGANDE MONDIALE
    Tous ceux qui font partie des organisations allemandes à l’étranger, connaissent un sort identique. La plupart n’ont même pas conscience de l’abus effroyable qu’on a fait de leurs personnes. Plus tard, seulement on saura quel capital de

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