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Hitler m'a dit

Hitler m'a dit

Titel: Hitler m'a dit Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hermann Rauschning
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éprouver une sorte d’apaisement et de délivrance, qu’il s’est chaque fois senti réconforté et que les vastes perspectives que lui faisait entrevoir chacun de ces entretiens lui donnaient le sentiment de l’importance de son propre travail, comment aurait-il pu en être autrement de moi-même ? Les banalités, lorsqu’elles sont dites avec une forte conviction, agissent comme des évidences, et on ne fait pas toujours la différence entre les grandes idées simples et les petites idées simplistes.
    Que pouvais-je tirer et utiliser de ce que je venais d’entendre, pour ma lutte quotidienne contre les petits esprits du parti ? Hitler m’avait fait voir qu’il me considérait comme digne d’être initié à ses pensées intimes, à des pensées qu’il ne livrait même pas à ses Gauleiter, parce que ceux-ci ne les auraient pas comprises. Une telle confiance ne m’obligeait-elle pas à tenir ces confidences cachées à la foule, ne m’imposait-elle pas un devoir d’indulgence à l’égard des désirs incompréhensifs de cette foule, y compris le Gauleiter Forster ? Ou bien, cette marque de confiance n’était-elle qu’une feinte, un des nombreux tours dont Hitler a toujours su se servir pour dominer les hommes ?
    Je demandai à Hitler ce que signifiait le triangle qu’il avait dessiné à Ley, du Front du Travail, et à quelques Gauleiter, pour leur expliquer le futur ordre social. Hitler hésita, ne sachant plus de quoi je lui parlais.
    — « Forster aussi, lui dis-je, semble avoir oublié cet enseignement symbolique ; mais il assure qu’il vous avait alors très bien compris. »
    — « Je me souviens à présent, répondit Hitler, de ce que vous voulez dire : un côté du triangle représente le Front du Travail. C’est le domaine de l’égalité sociale. On n’y trouve plus de distinction de classes ; l’un aide l’autre ; chacun se trouve en pleine sécurité, reçoit des conseils, des ordres ; tout lui est prescrit, jusqu’à l’emploi de ses heures de loisir. Un homme en vaut un autre et c’est le règne de l’égalité. Le deuxième côté, c’est l’organisation professionnelle. Là, chacun est séparé du voisin, inséré dans une hiérarchie suivant la quantité et la qualité de ce qu’il produit au bénéfice de la communauté. Là, l’inégalité est fondée sur la capacité. Là, chacun reçoit selon ses mérites. Le troisième côté représente le parti, l’organisation politique qui saisit chaque Allemand dans une de ses nombreuses organisations, s’il est digne d’y être admis. Là, chacun est appelé à participer au gouvernement de la nation. Dans le parti, l’inégalité est fondée sur le dévouement et sur le caractère. Tous les camarades sont égaux dans le parti, mais chacun doit se soumettre à une hiérarchie tout à fait stricte et rigide. »
    Je lui dis que Forster avait bien essayé de m’exposer cette symbolique, mais qu’il s’y était embrouillé ; il semblait se souvenir encore d’un autre symbole : l’un des côtés signifierait la volonté de l’homme, le second ce qu’on appelle le cœur, le troisième l’intelligence.
    Hitler se mit à rire. Nous ne devions pas serrer de trop près cette allégorie. Il avait simplement voulu montrer que chaque être humain devait être encadré, dans toutes les manifestations de son activité, par des organisations correspondantes du parti. « Le parti joue le rôle de la société d’autrefois, voilà ce que j’ai voulu vous expliquer. Le parti embrasse tout. Il règle l’existence dans tous les sens et dans tous les domaines. Nous devons donc prévoir des cadres dans lesquels s’insérera la vie entière de chaque individu. Tous ses gestes et tous ses besoins doivent être réglés et satisfaits par la communauté, dont le parti est l’expression. Il n’y a plus de libre arbitre, plus de lacunes, plus d’isolement ; l’individu ne s’appartient plus. C’est cela qui est le socialisme et non pas l’organisation de choses secondaires comme la question de la propriété privée ou celle des moyens de production. À quoi ces questions riment-elles quand j’ai soumis les individus à une discipline rigide dont ils ne peuvent s’échapper ? Qu’ils possèdent donc tout le sol et toutes les maisons et toutes les fabriques qu’ils voudront. Le point important est que, propriétaires ou ouvriers, ils soient eux-mêmes la propriété de l’État. Com-prenez-moi bien :

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