Hitler m'a dit
veut faire. Si l’on ne sait pas lui faire comprendre ce qu’on entreprend c’est que les problèmes eux-mêmes ne sont pas encore assez clairs ou simplifiés ou bien que l’on n’est pas l’homme qu’il faut pour les résoudre. Et si vous vous éloignez du parti au point qu’il ne comprenne plus votre langage, c’est toujours vous qui avez tort. C’est pourquoi je ne me lasse pas de prêcher qu’il faut parler, parler encore, tenir des réunions, entretenir un contact permanent avec la masse des camarades du parti. Dès que vous perdez ce contact, alors, vous pourrez avoir les meilleures intentions du monde, on ne vous comprendra pas. Nous ne devons jamais tomber dans l’erreur des députés bourgeois et étrangers au peuple qui tiennent des réunions une ou deux fois, autant que possible dans les quinze jours qui précèdent les nouvelles élections, et qui, le reste du temps, ne s’inquiètent jamais de leurs électeurs. Il se peut que nos camarades du parti ne comprennent pas certaines choses parce qu’elles leur sont restées étrangères jusqu’à présent. Mais personne ne peut leur reprocher de ne pas vouloir comprendre. C’est mon devoir, comme c’est celui de chacun de mes collaborateurs, d’expliquer sans cesse mes intentions aux camarades du parti jusqu’à ce qu’ils les aient comprises et jusqu’à ce qu’ils me suivent volontairement. Que dans cette bataille, il vous faille abandonner une bonne partie de vos idées personnelles, que vous deviez adapter votre jugement, c’est une nécessité qui va sans dire. C’est précisément le fruit qu’il faut attendre de cet échange de pensées continuel. Le parti est un juge inflexible. Vos motifs et vos idées peuvent être aussi justes qu’on voudra. Si le parti les repousse, commencez par en chercher la faute en vous-même, et non ailleurs. »
Hitler parlait d’une voix forte et décidée, mais sans aucune hostilité. J’objectai avec prudence que je n’avais pas manqué d’expliquer et d’essayer de faire comprendre les mesures que je tenais pour nécessaires. Mais j’avais de bonnes raisons de penser que dans certains milieux on ne tenait pas beaucoup à éclairer l’opinion Publique sur les avantages de cette politique.
Hitler fonça sur moi. Lui non plus ne pouvait pas faire tout ce qu’il jugeait raisonnable. Il était obligé de tenir compte de la volonté et du degré de compréhension d’autres personnes. Il avait pris certains engagements et était décidé à s’y conformer. En premier lieu, il devait tenir compte de la difficulté de compréhension du vieux maréchal, dont la mémoire et les autres facultés baissaient et qui, avec l’obstination de l’âge, repoussait beaucoup de projets sans même vouloir les examiner, Lui-même, Hitler, était bien obligé d’en passer par là et d’adapter à cette obstruction toute sa politique. Est-ce que par hasard je supposais qu’il était un dictateur et qu’il pouvait faire ou laisser tomber tout ce qu’il voulait ? « Je ne suis pas un dictateur ; je ne serai jamais un dictateur. » Même s’il lui arrivait un jour de pouvoir desserrer les liens qui l’entravaient, il ne déciderait jamais selon son bon plaisir. Une politique du bon plaisir engageait, de nos jours, une responsabilité trop lourde pour les épaules d’un seul homme. Je me faisais une fausse idée de la signification du mot « Führung » et je commettais l’erreur commune de confondre la fonction du chef et la dictature. « Du fait que nous ne votons pas et que nous n’exécutons pas les décisions d’une majorité, il ne s’ensuit pas que notre politique soit sans contrôle. Elle est constamment soumise au contrôle du parti et à celui de tous les facteurs importants qui subsistent en dehors du parti. Aurais-je la prétention d’avoir à Dantzig plus de liberté qu’il n’en avait lui-même ? » Hitler s’apaisa. « N’importe quel idiot, dit-il d’un ton plus calme, pouvait gouverner en dictateur. Cela durait ce que cela durait. Jamais longtemps. Vous exigez les pleins pouvoirs. Vous voulez éliminer le parti. Et qui me garantit que c’est vous qui avez raison ? et où prendrais-je moi-même, si je voulais gouverner comme vous en toute indépendance, la certitude que j’ai raison ? Cette certitude, je ne l’acquiers qu’en me heurtant constamment à la volonté du parti. En ce qui vous concerne, je n’ai de certitude que si vous avez en face de vous
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