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Hitler m'a dit

Hitler m'a dit

Titel: Hitler m'a dit Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hermann Rauschning
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programme parmi les autres. Je reconnais que ce discours enthousiaste m’avait assez fortement impressionné. Je ne pouvais toutefois m’empêcher de penser : quelle étrange comédie ! Voilà un homme qui s’excite et se hisse à une sorte d’idéalisation de ses efforts, mais qui, en réalité, obéit à des mobiles tout à fait différents. Voulait-il m’induire en erreur de propos délibéré ? Ou croyait-il lui-même à ses propres paroles ? Je penchais pour cette dernière hypothèse. Il était obligé, pour sortir de la mesquinerie perpétuelle de sa lutte quotidienne avec le parti, de se créer un monde fictif, une sorte de plan supérieur auquel il se haussait. Il ne voyait plus rien des réalités. Il contemplait avec ferveur son propre rêve. Il se justifiait, s’admirait comme le créateur d’une nouvelle forme de la démocratie. Tel était le vrai sens de son discours. C’était lui, Hitler, qui accomplissait dans le monde l’œuvre de la démocratie travestie et viciée jusque-là par le parlementarisme…
    Je lui demandai s’il ne pensait pas que tout deviendrait beaucoup plus clair si on remplaçait carrément la constitution de Weimar, encore ne vigueur, par une constitution nouvelle. En effet, dans l’état présent des choses, un homme d’État responsable se débattait dans un conflit perpétuel de ses devoirs. L’ancien système n’avait plus de valeur juridique et le nouveau n’était pas encore sorti de la période révolutionnaire. L’arbitraire et le désordre avaient pour cause l’instabilité juridique et non pas l’innovation du nouveau régime.
    Hitler me contredit brutalement. Si le nouveau régime s’immobilisait dans une formule constitutionnelle, c’est alors qu’on pourrait considérer sa vertu révolutionnaire comme épuisée. Il fallait lui conserver aussi longtemps que possible son caractère révolutionnaire pour éviter de paralyser sa force créatrice. Je tombais dans l’erreur fondamentale de tous ces avocats et ces enfileurs de paragraphes, qui croient possible de créer la vie avec une constitution et avec des codes. L’activité vivante d’un peuple se déroulait toujours en marge du rite constitutionnel ; nous en avions fait l’expérience avec ce travail de doctrinaires qu’était la constitution de Weimar. Les constitutions doivent toujours être l’aboutissement des faits historiques, mais elles ne doivent pas les précéder. Qui construit artificiellement viole les lois de la vie. La maladie dans le corps de la nation, le désordre physiologique, les troubles de croissance sortent de cette erreur avec une logique inévitable. Il se garderait bien, quant à lui, de rien changer au cours actuel des choses. Il était encore trop tôt pour prévoir dans quelle direction s’accomplirait l’évolution de la nation allemande. Il fallait la laisser croître et mûrir. « Je puis attendre », affirma Hitler. « Mes successeurs pourront, après ma mort, codifier tant qu’ils voudront la montée de la sève dans notre nation. À l’heure présente, j’ai autre chose à faire. »
    Hitler en vint ensuite à parler de la reforme du Reich. C’était encore la même chose. On faisait pression sur lui pour supprimer les anciens États fédérés de la vieille Allemagne et pour établir à leur place les nouveaux « Gau » qui serviraient de base à l’organisation définitive du Reich. Mais il ne se laisserait pas forcer la main. En sa qualité d’artiste, il sentait très exactement quand une idée était mûre. Ce n’était pas le cas. Il fallait d’abord annexer des pays comme l’Autriche et la Bohême, s’emparer des territoires polonais et français avant de pouvoir pétrir, comme dans la glaise, la grande figure de la nouvelle Allemagne. Nous étions encore au début d’une période indéfinie de croissance organique, qui supposait la fusion des traditions anciennes et des jeunes forces révolutionnaires pour l’acquisition de possessions nouvelles dans un espace élargi. C’est alors seulement qu’on pourrait songer à exprimer la loi de ce développement dans une constitution définitive. Jusque-là, il ne se lasserait pas de prêcher la patience à ses camarades du parti.
    Il en était de même pour l’évolution du droit. Rien ne pouvait être encore fixé. La preuve en était qu’une vie nouvelle pénétrait déjà dans la vieille jurisprudence. Ce qu’on appelle le droit objectif n’existait évidemment

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