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Hommage à la Catalogne

Hommage à la Catalogne

Titel: Hommage à la Catalogne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: George Orwell
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semblait – poursuivaient activement la guerre, tandis que nous et les anarchistes n’agissions guère. C’était l’impression générale en ce temps-là. Les communistes avaient obtenu le pouvoir et largement augmenté le nombre de leurs partisans, en partie parce qu’ils avaient fait appel aux classes moyennes contre les révolutionnaires, et en partie parce qu’ils étaient les seuls à paraître capables de gagner la guerre. Les armes russes et la magnifique défense de Madrid par des troupes presque toutes sous contrôle communiste, avaient fait d’eux les héros de l’Espagne. Comme on l’a dit, chaque avion russe qui passait au-dessus de nos têtes faisait de la propagande communiste. Le purisme révolutionnaire du P.O.U.M., bien que j’en reconnusse la valeur logique, me semblait assez vain. Après tout, la seule chose qui importait, c’était de gagner la guerre.
    En attendant, l’infernale querelle entre les partis se poursuivait sans trêve dans les journaux, par les tracts, sur les affiches, dans les livres – partout. À cette époque, les journaux qu’il me fut le plus souvent donné de lire c’étaient ceux du P.O.U.M., La Batalla et Adelante , et leurs critiques continuelles à l’égard du P.S.U.C. « contre-révolutionnaire » me produisaient l’effet d’un pédantisme ennuyeux. Quand, plus tard, j’ai étudié de plus près la presse des communistes et du P.S.U.C., je me suis aperçu que le P.O.U.M. était à ce sujet autant dire irréprochable, en comparaison de ses adversaires. Sans compter que ses possibilités de propagande étaient beaucoup moins grandes. À la différence des communistes, il n’avait pied dans aucune presse à l’étranger, et en Espagne il était très désavantagé, parce que la censure de la presse était presque entièrement tenue en subordination par les communistes, ce qui signifiait que les journaux du P.O.U.M. risquaient d’être supprimés ou condamnés à une amende s’ils imprimaient quelque chose de préjudiciable aux communistes. Il faut dire aussi, à l’honneur du P.O.U.M., que s’il ne se privait pas de prêcher interminablement sur le sujet de la révolution et de citer Lénine ad nauseam , il ne se permettait généralement pas de diffamations personnelles. Et qu’il se livrait à la polémique seulement dans les articles de ses journaux. Ses grandes affiches en couleurs, destinées à un plus large public (les affiches ont une grande importance en Espagne, à cause du nombre considérable d’illettrés), ne contenaient pas d’attaques contre les partis rivaux, mais étaient simplement antifascistes et révolutionnaires d’une manière abstraite ; et de même les chansons que chantaient les miliciens. Les attaques des communistes, c’était tout autre chose. Je parlerai de certaines d’entre elles dans l’Appendice II. Je ne veux donner ici qu’une brève indication sur la manière dont les communistes menaient leurs attaques.
    À l’examiner superficiellement, le désaccord entre les communistes et le P.O.U.M. était un désaccord de tactique. Le P.O.U.M. était pour la révolution immédiate, les communistes non. Selon eux, le plus tard elle aurait lieu, le mieux cela vaudrait. Il y avait beaucoup à dire sur l’une et l’autre position. En outre, les communistes prétendaient que la politique du P.O.U.M. divisait et affaiblissait les forces gouvernementales et compromettait le succès de la guerre, et à ce sujet aussi, bien qu’en définitive je ne sois pas de cet avis, on pourrait longuement discuter. Mais c’est à présent qu’intervient la tactique particulière des communistes. D’abord en tâtant le terrain avec précaution, puis bientôt sans plus aucune retenue, les communistes se mirent à affirmer que le P.O.U.M. divisait les forces du gouvernement non par erreur de jugement, mais de propos délibéré. Ils déclarèrent que le P.O.U.M. n’était rien de moins qu’une bande de fascistes déguisés, à la solde de Franco et de Hitler, faisant sciemment le jeu de la cause fasciste en poussant à une politique pseudo-révolutionnaire. Le P.O.U.M. était une organisation « trotskyste » et la « cinquième colonne de Franco ». Cela impliquait que des milliers de gens de la classe ouvrière, y compris huit ou dix mille soldats en train de se geler dans les tranchées de première ligne, et des centaines d’étrangers venus en Espagne pour combattre le fascisme en ayant souvent sacrifié pour

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