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Iacobus

Iacobus

Titel: Iacobus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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rendaient à Léon.
    — Et vous ne savez pas vers où elle se
dirigeait, elle ?
    — Vous n’avez pas bien écouté, notre
chanson le dit pourtant clairement ! Vers Burgos. On dit qu’un homme
l’attend là-bas. Elle était très pressée d’arriver, c’est pour cela qu’elle
nous a laissés. Les autres voyageaient plus vite que nous. Et pourtant nous
allons à bon train ! Nous n’avons mis que deux semaines depuis Paris pour
arriver jusqu’ici.
    — À quelle distance pensez-vous qu’elle
puisse se trouver maintenant ?
    — Je ne sais pas..., dit-il en pinçant sa
lèvre inférieure avec ses doigts. À trois journées de cheval peut-être. Pas
plus, je ne crois pas.
    Je le remerciai et rejoignis mes compagnons qui
m’attendaient avec impatience.
    — Alors, c’était Sara ? me demanda
Jonas avec impatience.
    — Oui, c’était bien elle.
    — Et que faisait-elle ici ?
    — Je ne le sais pas vraiment, répondis-je
en buvant une gorgée de vin – j’avais la gorge sèche comme de l’étoupe –, mais
elle n’est qu’à quelques milles de distance, deux ou trois journées de cheval
tout au plus.
    — Vous voulez la rejoindre ? demanda
Personne d’un ton étrange.
    — Nous sommes de pauvres pèlerins, nous
n’avons pas de quoi acheter des montures ! rétorquai-je d’un ton sec.
    — Mais moi qui n’ai pas fait voeu de
pauvreté, je peux vous aider.
    — C’est bien aimable à vous, mais je doute
que vous disposiez des fonds suffisants, affirmai-je d’un ton péremptoire, avec
la volonté de l’offenser.
    Personne, qui n’était ni noble ni chevalier,
mais semblait plutôt un commerçant peu fortuné, n’avait pas à défendre son
honneur.
    — Les moyens dont je dispose sont mon
affaire. Je vous offre la possibilité de rejoindre votre amie. Vous acceptez,
oui ou non ?
    — Non. Nous devons refuser votre offre si
généreuse.
    — Non ? répéta Jonas, l’air surpris.
    — Non, c’est impossible, lui dis-je en le
regardant droit dans les yeux pour qu’il comprenne qu’il devait se taire enfin !
    — Eh bien ! moi, je ne vois pas
pourquoi, insista le vieil homme. Il y a de très bonnes écuries derrière
l’hospice de Saint-Pierre et je connais le propriétaire. Il nous vendra les
animaux de notre choix à un prix raisonnable.
    — Vous êtes sûr, père, que c’est
impossible ? insista Jonas en appuyant sur ce mot « père » qu’il
maniait comme s’il s’agissait d’un couteau.
    Je lui lançai un regard assassin qui se révéla
aussi inutile qu’une flèche rebondissant sur un bouclier. Il allait voir cet
enfant entêté et stupide quand nous serions de nouveau seuls !
    — Réfléchissez bien, don Galcerán. Vous
arriverez plus vite à Santiago sans avoir rompu votre voeu de pauvreté.
    Je savais que je ne devais pas, que j’avais une
mission à accomplir et que voyager à cheval impliquait le risque de rater des
pistes importantes ; je savais que le comte Geoffroy était sur nos talons,
surveillant chacun de nos mouvements, et je savais par-dessus tout – mais quel
diable me poussait à courir derrière Sara ? — que je n’avais jamais désobéi
à un ordre.
    — Très bien. J’accepte votre offre.
    Le visage de Jonas s’empreint d’une grande
satisfaction tandis que Personne se levait de table en souriant.
    — Dépêchons-nous, nous avons à peine le
temps d’acheter les chevaux et de partir vers Estella. Nous passerons la nuit
là-bas.
    Les idées se bousculèrent dans mon esprit. Je me
dis d’abord que le vieux commerçant faisait partie de ce genre d’individu qui
ne peut se faire des amis qu’en les achetant à force de cadeaux et de faveurs,
et qu’une fois qu’il les a acquis ou croit les avoir acquis, se rend maître de
leurs vies, prenant entre ses mains les destins et les biens de ses victimes
jusqu’à ce que celles-ci finissent par fuir, car il n’y a pas d’autre moyen de
se défaire de ce genre de relation. Une image s’imposa à moi : nous étions
tombés dans un piège mortel, Personne était l’araignée, Jonas et moi les
insectes sans défense qui allaient lui servir de repas. Puis je me dis enfin
que si nous accompagnions le vieil homme aux écuries, nous n’aurions pas le
temps de visiter l’ancienne église du Crucifié.
    — Il nous reste une dernière chose à faire
avant de partir, Jonas.
    Le garçon acquiesça d’un signe de la tête sans
que j’aie besoin de lui en dire plus.
    — De quoi

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