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Iacobus

Iacobus

Titel: Iacobus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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de deux heures, don Galcerán.
    — Plus de deux heures... Père ! me
reprocha Jonas avec insolence.
    Sans réfléchir, je tendis mon bras droit et
saisis Jonas par le collet pour le tirer au sol sans pitié. Comme ses pieds
étaient pris dans les étriers, il chancela et tomba lourdement sur les pavés
sans que je l’aie lâché. Il me regarda avec une expression de terreur.
    — Écoute-moi bien, Garcia, c’est la
dernière fois de ta vie que tu manques de respect à ton père, criai-je, la
dernière, tu m’entends ? Pour qui te prends-tu, petit misérable ! Tu
peux remercier le ciel de ne pas recevoir de coups de fouet. Allez, remonte sur
ton cheval avant que je ne change d’avis.
    Je le fis remonter à bout de bras, puis le
laissai tomber comme une marionnette sur sa selle. Je vis la rage et
l’impuissance se refléter sur son visage tout pâle, et même de la haine, mais
Jonas n’était pas méchant et sa colère finit par se dissoudre en d’amères
larmes qu’il cacha de son mieux. Je montai à mon tour sur mon cheval et notre
trio quitta Puente la Reina au pas. Jonas n’était plus le jeune enfant que
j’avais trouvé à mon arrivée au couvent de Ponç de Riba, le petit Garcia qui
m’espionnait derrière les fenêtres de la bibliothèque et filait en courant de
l’infirmerie en soulevant les basques de son habit de novice. Il avait
désormais le corps, la voix et le caractère vif d’un homme fait. Il devait donc
apprendre à se comporter comme un homme véritable et non comme un vulgaire
paysan.
    Une fois la ville derrière nous, nous pûmes
mettre nos bêtes au galop. Mon cheval était un splendide spécimen que j’aurais
volontiers utilisé dans n’importe quelle bataille. Celui de Personne n’avait
cependant rien à lui envier : arrogant et impétueux, c’était nettement le
meilleur des trois.
    Il nous fallut peu de temps pour traverser les
villages de Maneru et Cirauqui puis, en suivant le tracé d’une ancienne voie
romaine, arriver rapidement au hameau d’Urbe. Le soleil déclinait à notre
droite quand nous traversâmes un petit pont de deux arches qui enjambait le rio
Salado : « Garde-toi bien d’en approcher ta bouche ou d’y abreuver
ton cheval car ce fleuve donne la mort », prévient Aymeric Picaud dans le Codex. Nous suivîmes son conseil résolument, au cas où...
    Après le village de Lorca situé derrière une
colline, un magnifique pont de pierre menait à Villatuerta. Là, le chemin
bifurquait à gauche vers Montejurra et Irache, et Estella à droite. C’était
notre prochaine étape.
    Estella était une ville monumentale et grandiose
approvisionnée en toutes sortes de biens. Au milieu coulaient les eaux douces,
saines et extraordinaires du fleuve Ega. Il était surmonté de trois ponts
situés au début, au centre et au bout de la ville. À l’intérieur, se
succédaient églises, palais et couvents rivalisant de beauté et de grandeur.
    Nous prîmes logis dans l’auberge monastique de
saint Lazare, et quelle ne fut pas notre surprise en découvrant que la langue
officielle de la ville était le provençal ! Les moines de l’hospice
étaient français, et la majorité de la population était constituée de
descendants de Francs qui vinrent s’établir à Estella comme commerçants. Quelques
Navarrais et Juifs formaient le reste de la communauté.
    Profitant d’une brève absence de Personne lors
du dîner, j’interrogeai les moines clunisiens. Ils apaisèrent mon esprit
inquiet en m’apprenant que les Templiers étaient uniquement apparus en ces
lieux lors d’une célèbre bataille contre les sarrasins et n’avaient laissé
aucune autre trace. Je me trouvais ainsi libéré de toute nécessité d’enquête
pour le moment. Je changeai de sujet en voyant revenir Personne d’un pas
joyeux, et m’intéressai à un groupe de Juifs qui se dirigeaient vers Léon et
avaient dû passer à Estella la veille ou l’avant-veille.
    — Si vous voulez un renseignement sur les
Juifs, me répondit le moine en changeant brusquement d’attitude, vous n’avez
qu’à vous rendre dans leur quartier d’Olgacena. Aucun assassin du Christ
n’oserait passer la sainte porte de notre maison.
    Jonas, qui depuis l’incident de Puente la Reina
se montrait plus courtois que jamais, me regarda, surpris.
    — Mais que lui arrive-t-il ?
    — Les Juifs ne sont pas appréciés partout.
    — Ça, je le savais, protesta-t-il sans oser
cependant hausser le ton, ce que je

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