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Il était une fois le Titanic

Il était une fois le Titanic

Titel: Il était une fois le Titanic Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: G.A. Jaeger
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pairs.
    Progressivement, chaudières et machines furent mises en place à l’intérieur de la coque au moyen d’une grue conçue spécialement en Allemagne. Le gros œuvre achevé,
des centaines d’ouvriers vinrent tirer d’interminables gaines et des kilomètres de conduits au milieu d’un enchevêtrement de câbles et de fils en tout genre.
    Les semaines passèrent et ce fut au tour des ébénistes, des sculpteurs et des doreurs à la feuille d’investir l’espace où les maîtres verriers, les ferronniers d’art, les peintres et les tapissiers se mettraient bientôt à l’ouvrage, afin d’en décorer l’intérieur. « Il sera le plus beau, note Gérard Piouffre, plus encore que l’ Olympic , et loin devant les Lusitania et Mauretania de la Cunard. Le luxe de ses installations sera digne des plus grands palaces avec, en première et en deuxième classe, des salles à manger dont le décor forcera l’imagination 76 . »
    Quant à l’élégance de sa coque, dont la ligne noire effilée serait subtilement rehaussée d’un liseré d’or, elle devait faire l’unanimité de la critique. Philippe Masson ne tarit pas d’éloges sur les qualités esthétiques de sa silhouette, qu’il estime particulièrement soignée. « Les superstructures limitées à trois étages apparaissent équilibrées et n’écrasent pas l’ensemble du navire, écrit-il. Les couleurs ont fait l’objet d’une étude particulière et les ponts supérieurs peints en blanc se détachent avec bonheur de la coque 77 . » Quant aux cheminées chamois, elles seront surmontées de la bande noire traditionnelle qui caractérise toutes les unités de la White Star Line. Le soin apporté aux géants de la compagnie de Liverpool allait faire école dans le milieu du transport maritime.
    On avait parié sur la perfection. La technologie, l’élégance et le raffinement en seraient les ambassadeurs.
    Naturellement, si les logements et les parties communes réservés aux passagers de troisième classe étaient moins sophistiqués, sans dorures ni fioritures, ils se distinguaient par un confort que la presse reconnut comme une innovation majeure.

    Contrairement à ce qui se faisait encore couramment sur les paquebots de cette époque, le Titanic ne comportait qu’un seul dortoir situé à l’avant, où l’on installait les hommes qui voyageaient seuls. Les femmes dans la même situation avaient leur logement à l’arrière. Les familles, quant à elles, se voyaient proposer deux cent vingt cabines très bien aménagées, situées sur trois ponts, à l’avant et à l’arrière, dont une partie disposait d’un espace modulable.
    De vastes pièces intérieures étaient en outre attribuées à cette classe de voyageurs modestes, dont une salle commune aux parois recouvertes de panneaux de pin moulurés et laqués de blanc, meublée de bancs ouvragés, de tables et de chaises en teck. Ils s’y réuniraient pour chanter, danser, parler de l’avenir ou se réconforter lorsque la nostalgie du pays viendrait les envahir. Un fumoir aux lambris de chêne et un bar adjacent étaient à la disposition des hommes sur le modèle des première et deuxième classe. Enfin, une élégante salle à manger était prévue sur le pont F où la compagnie, sur des tables nappées de blanc, servirait le breakfast, le repas de midi composé de trois plats, ainsi qu’une copieuse collation en début de soirée.
    De l’avis général, l’offre faite aux émigrants par la White Star était digne d’une deuxième classe à bord des compagnies concurrentes. Sur La Provence , par exemple, que la Compagnie générale transatlantique avait mise en service en 1906, l’entrepont servait encore de dortoir commun et de cantine où s’entassaient des centaines de personnes. À titre de comparaison, ce n’était qu’un fond de cale spartiate où s’alignaient des bannettes superposées, au pied desquelles étaient disposés de longues tables et des bancs de bois brut. « Il n’y avait pas de drap dans les couchettes, racontent Jacques Borgé et Nicolas Viasnoff, les gens dormaient tout habillés, il y avait très peu de vaisselle, on piochait avec les doigts dans les gamelles 78 . »

    Sur l’ Olympic et le Titanic , les passagers de troisième classe pouvaient prendre l’air et se distraire sur la vaste plage arrière surplombant l’océan. Selon Joseph Ismay, le confort atténuait la peur du voyage. Car tous ces gens n’avaient jamais quitté leurs

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