Il était une fois le Titanic
ponts-promenades abrités, de même qu’à la grande salle à manger de quelque mille mètres carrés desservie par deux ascenseurs. Située au centre du paquebot, au pied du monumental escalier à double révolution, elle était le cœur du navire.
Un grand nombre d’autres cabines, rivalisant d’espace et de raffinement, seront vendues jusqu’à 2 500 dollars à des clients recherchant un maximum de luxe et de modernité. Certaines suites, pour lesquelles il fallait s’acquitter de 4 500 dollars, regroupaient même plusieurs chambres, salons et dressings, ainsi qu’une salle de bains individuelle. Des cabines adjacentes étaient prévues pour les domestiques. Deux de ces suites situées de chaque côté du navire, dont celle de l’armateur, disposaient d’un pont privatif. Ainsi pouvait-on lire, dans le magazine Shipbuilder 82 : « Tout a été fait en matière de mobilier et d’équipement pour que les appartements de première classe surpassent ceux des plus grands hôtels. »
Depuis un peu plus de vingt-cinq ans, les grandes fortunes se donnaient rendez-vous dans les palaces des stations balnéaires et des principales capitales d’Europe. Le Savoy à Londres, le Ritz à Paris, le Carlton à Cannes les accueillaient une partie de l’année ou pour de brefs séjours
au cours desquels ils y traitaient leurs affaires. Ce goût de plus en plus prononcé pour les établissements de luxe avait encouragé la politique de la compagnie. Pour ne pas être en reste avec la gastronomie de ces prestigieux établissements, la Star avait voulu sur ses bateaux des chefs de cuisine de la réputation du grand Auguste Escoffier, qui présidait aux destinées de quelques-uns de ces palaces à la mode. Rick Archbold et Dana McCauley 83 confirment que, sur le Titanic , le restaurant À la carte égalait en effet les meilleures tables d’Europe.
Le contenu du garde-manger du Titanic était à la mesure de sa réputation. Pour donner une idée de la quantité de vivres nécessaires à son approvisionnement, il suffira de citer ses 250 tonnes de viande et de poisson embarquées, ses trente-cinq mille œufs, ses trois mille caisses de pommes de terre, ses vingt-huit mille bouteilles de lait, d’eau minérale, de vin et d’alcools divers… ou encore ses huit mille cigares 84 . Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes.
Des défaillances et des doutes
À Belfast, les travaux d’armement du Titanic avançaient au rythme fixé par le calendrier de mise en service, si bien que la date du voyage inaugural fut officiellement annoncée pour le 20 mars 1912. Les programmes furent imprimés et les places mises en vente auprès d’un public avide de participer à l’événement.
Cependant, tout n’allait pas se dérouler comme prévu.
Le 3 juin 1911, l’ Olympic se présentait devant Southampton où l’attendait une foule enthousiaste. Il y resta dix jours à quai, durant lesquels la compagnie procéda comme prévu à la préparation de la traversée. Les derniers membres de l’équipage y furent également recrutés sous le
regard avisé du capitaine Edward John Smith, que l’armement avait nommé commandant de la flotte de la White Star Line. Réputé pour entretenir d’excellentes relations avec la haute société internationale, il prêterait toute son aura à cette croisière inaugurale. Celui qu’on nommait « le capitaine des milliardaires » profita de cette longue escale pour inviter quelques personnalités à visiter les aménagements de son nouveau paquebot. Le roi d’Espagne Alphonse XIII et son épouse, qui furent notamment ses hôtes, le couvriront d’éloges et concourront à son succès.
Le 14 juin, sous les acclamations, le navire quittait l’Angleterre avec mille trois cent treize passagers. Or un malencontreux incident vint ternir le voyage. À son arrivée à New York après seulement cinq jours, seize heures et quarante-deux minutes d’une traversée sans histoire, le paquebot heurta malencontreusement l’un des remorqueurs qui le halaient vers son appontement. Le Halanbeck subit d’importants dommages que ses propriétaires estimèrent à plus de 10 000 livres, mais si la White Star n’eut pas à s’acquitter de cette facture faute de preuves sur sa responsabilité, elle en subit tout de même une certaine humiliation. Car la presse américaine, notamment, ne manqua pas d’ironiser sur les défaillances du monstre britannique et de son équipage.
L’ Olympic rentra en Angleterre
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