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Il était une fois le Titanic

Il était une fois le Titanic

Titel: Il était une fois le Titanic Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: G.A. Jaeger
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villes et leurs villages avant d’affronter cette épreuve. Pour eux, la traversée de l’Atlantique constituait une obligation qu’ils vivaient plus ou moins bien, selon leurs situations personnelles. Aussi le confort inespéré qui leur était offert adoucissait-il un peu l’amertume du destin qui les frappait. Une cabine double coûtait en moyenne 40 dollars, soit l’équivalent de deux mois de salaire d’un ouvrier irlandais.
    Les espaces communs réservés aux passagers de la deuxième classe étaient quant à eux situés à l’arrière. Répartis sur les ponts B et C, c’est-à-dire dans les hauts du navire, au niveau des superstructures, « ils rivalisaient avec les salons de première classe sur la plupart des paquebots de l’époque 79  ». Dans cette catégorie comme en troisième classe, tout était mis en œuvre pour surprendre le voyageur et le fidéliser. Le fumoir était joliment garni de boiseries de chêne et la bibliothèque, un pont plus bas, de panneaux de sycomore. Des tentures de soie verte en décoraient les fenêtres. Au pont D, la grande salle à manger qui occupait toute la largeur du navire était composée d’un mobilier d’acajou dont les chaises étaient recouvertes de cuir rouge. Les tables de deux, quatre ou six passagers permettaient à ceux qui le souhaitaient de prendre leurs repas en tête à tête ou de se joindre à d’autres voyageurs. La carte prévoyait des prestations de qualité avec, tous les jours, une entrée, deux plats au choix et de nombreux desserts accompagnés d’un café. Chaque déjeuner, chaque dîner devait asseoir la célébrité de la compagnie.
    La qualité des cabines fera par ailleurs la réputation de cette classe intermédiaire fréquentée par la bourgeoisie. Elles étaient situées sur trois ponts, un peu à l’arrière de
la quatrième cheminée. On les atteignait par un ascenseur conduisant à des coursives recouvertes de moquettes, et leurs dimensions variaient en fonction du nombre de lits que l’on avait substitués aux anciennes couchettes. Bien éclairées, peintes en blanc et soigneusement agencées, elles étaient meublées avec goût, souvent agrémentées d’un canapé d’acajou, et nombre d’entre elles étaient ouvertes sur l’extérieur.
    On était bien loin du temps où Dickens, passager de deuxième classe à bord du Britannia en janvier 1842, qualifiait ses cabines de « boîtes inconfortables d’apparence profondément repoussante », de « box à chevaux » ou d’« antres impraticables à peine imaginables 80  ». Et comme il ne fallait débourser en moyenne que 65 dollars pour une cabine classique, les voyageurs seront nombreux à prendre leur billet pour New York à bord de l’ Olympic , puis, dès l’annonce de la mise en servie du Titanic , à vouloir profiter de l’offre avantageuse de la White Star Line.
    Contrairement aux émigrants, la population qui voyageait en deuxième classe était animée par l’envie de prendre passage à bord des grands liners . La traversée n’était pas pour eux une obligation mais un plaisir, une villégiature. Les agréments de quelques jours de mer les mettaient en joie. Bien installés, jouissant d’une bonne table, ils vivaient agréablement le temps passé dans leur cabine, au restaurant ou sur le pont-promenade qui leur était dévolu, tout à côté de la passerelle de navigation. De là, ils bénéficiaient d’une vue sans limite sur l’océan.
    « La différence de tarifs entre la deuxième et la première classe ne se reflétait pas seulement dans la taille, les aménagements et les équipements des cabines et des salons, écrivent Eaton et Haas, mais aussi dans le nombre de commodités mises à disposition des premières 81 . » Les élus pour
lesquels la White Star avait consenti le plus d’efforts en fait de luxe et de loisirs avaient encore une autre philosophie du voyage. Pour ces milliardaires que rien ne surprenait plus, la compagnie n’avait pas été sans ressources. Pour eux, elle avait voulu reproduire sur l’eau l’atmosphère des palaces qu’ils avaient l’habitude de fréquenter, afin qu’ils y trouvent les repères familiers à leurs privilèges.
    Pour une cabine dont le premier prix était de 125 dollars, on avait droit à toutes les prestations réservées à cette classe : accès au gymnase, à la piscine avec plongeoir, au bain turc, aux jardins d’hiver agrémentés de palmiers en pot, aux cafés et au fumoir, aux

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