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Imperium

Imperium

Titel: Imperium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
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avec ta permission, Figulus,
je voudrais proposer un amendement à ton projet de loi : Que toute
personne qui brigue, ou cherche à briguer ou est à l’origine de la brigue des
votes de tout citoyen contre de l’argent, soit passible d’une peine de dix ans
d’exil.
    Il s’ensuivit des « Oohhh ! » prolongés et
excités en provenance de toute la chambre.
    Je ne voyais pas le visage de Crassus de là où je me tenais,
mais Cicéron m’assura par la suite qu’il avait viré au rouge vif, car l’expression ou est à l’origine de la brigue lui était particulièrement destinée, et
tout le monde le savait. Le consul accepta placidement l’amendement, et demanda
si quelqu’un voulait s’y opposer. Mais la majorité des sénateurs étaient trop
surpris pour réagir, et ceux qui, comme Crassus, avaient le plus à perdre n’osèrent
pas s’exposer en déclarant leur opposition en public. L’amendement fut donc
adopté sans opposition, et, lorsque la chambre procéda au vote du texte
principal, il fut approuvé par une large majorité. Figulus quitta la curie
précédé de ses licteurs, et tous les sénateurs se rangèrent en file derrière
lui pour le regarder monter aux rostres et remettre le texte de la loi au
héraut pour lecture immédiate. Je vis Hybrida tenter un mouvement vers Crassus,
mais Catilina le retint aussitôt par le bras et Crassus sortit rapidement du
forum pour éviter d’être vu en compagnie de ses candidats. Il faudrait à
présent attendre que s’écoulent les trois jours de marché hebdomadaires
habituels avant que la loi puisse être votée, ce qui signifiait que le peuple
ne pourrait se prononcer qu’à la veille des élections consulaires ou presque.
    Cicéron était assez content de son travail : s’il s’avérait
que la lex Figula passait et qu’il perdait les élections pour cause de
corruption, cela lui laisserait au moins le recours de lancer une procédure non
seulement contre Catilina et Hybrida, mais aussi contre son ennemi juré
Crassus. Il n’y avait malgré tout que deux ans que deux consuls désignés
avaient été démis de leurs fonctions pour malversations électorales. Mais pour
réussir dans ce genre de procédure, il fallait avoir des preuves, et la
pression qu’imposait Cicéron d’en trouver n’en devint que plus intense. Il
passait à présent toutes ses heures de jour à faire campagne, se déplaçant avec
une grande foule de partisans, sans jamais avoir recours à un nomenclateur pour
lui rappeler tel ou tel nom : contrairement à ses adversaires, Cicéron
était très fier de pouvoir se rappeler des milliers de noms et, dans les rares
occasions où il rencontrait quelqu’un dont l’identité lui avait échappé, il
arrivait toujours à donner le change.
    Je l’admirais beaucoup à l’époque, car il devait savoir qu’il
avait tout contre lui, et que la logique voulait qu’il perde. La prédiction de
Pison au sujet de Pompée s’était complètement avérée, et le grand homme n’avait
pas levé le petit doigt pour assister Cicéron pendant la campagne. Il s’était
installé à Amisus, sur la rive orientale de la mer Noire – ce qui est
à peu près aussi loin de Rome qu’on peut l’être – et, là, comme
certains grands potentats orientaux, il recevait hommage de pas moins de douze
rois indigènes. La Syrie avait été annexée. Mithridate était en pleine
débandade. La maison de Pompée, sur l’Esquilin, avait été décorée avec les
proues de cinquante trirèmes pirates et on la surnommait maintenant la domus
rosira –  sorte de mausolée pour ses admirateurs venus de toute l’Italie.
Qu’avait à faire Pompée des luttes minuscules de simples civils ? Les lettres
que lui envoya Cicéron restèrent sans réponse. Quintus fulminait contre une
telle ingratitude, mais Cicéron se montrait fataliste :
    — Si c’est de la gratitude que tu veux, prends un
chien.
     
    Trois jours avant les élections consulaires, et à la veille
du vote de la loi anticorruption, il y eut enfin une avancée.
    Ranunculus arriva en courant pour annoncer à Cicéron qu’il
avait trouvé un courtier corrupteur, un certain Gaius Salinator, qui prétendait
être en position de vendre trois cents suffrages pour cent vingt sesterces la
voix. Il possédait un bar dans la Subura qui avait pour nom la Bacchante, et il
avait été convenu que Ranunculus devait aller le voir le soir même pour lui
donner le nom du candidat pour lequel les

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