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Imperium

Imperium

Titel: Imperium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
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Hannibal à Cannes, un siècle et demi plus
tôt, dut se retourner dans sa tombe.
    — Elle a fondu sur ce malheureux affranchi comme une
tigresse bondissant d’un arbre, raconta par la suite Cicéron. J’ai presque eu
pitié de ce type.
    Timarchides fut bien contraint de constater que sa mission
avait échoué, et il décida d’arrêter le massacre. Il s’engouffra dans l’escalier,
ses sbires sur les talons, poursuivi par Terentia et la petite Tullia, qui se
cachait derrière ses jupes et brandissait parfois son petit poing pour imiter
sa mère. Nous entendîmes bientôt Timarchides rameuter ses hommes, puis perçûmes
une cavalcade et un claquement de porte. La maison redevint ensuite
silencieuse, à l’exception des pleurs de l’une des servantes.
    — Et tout cela, s’exclama Terentia en prenant une
profonde inspiration pour s’attaquer à Cicéron, les joues enflammées, sa
poitrine étroite se soulevant rapidement, tout cela vient de ce que tu
as pris la parole au Sénat en faveur de ce raseur de Sicilien ?
    — J’ai bien peur que oui, ma chérie, répondit-il
tristement. Ils sont décidés à m’effrayer pour que je renonce.
    — Alors tu ne dois pas les laisser faire, Cicéron,
dit-elle en lui prenant fermement la tête entre ses deux mains – en
un mouvement non de tendresse mais de passion – pour le regarder
droit dans les yeux. Écrase-les !
    Le résultat fut que le lendemain matin, lorsque nous
partîmes pour la basilique Porcia, Quintus marchait d’un côté de Cicéron,
Lucius allait de l’autre tandis que derrière, superbement revêtue du costume de
cérémonie de la matrone romaine, venait Terentia dans une litière louée
spécialement pour l’occasion. C’était la première fois qu’elle prenait la peine
de venir écouter Cicéron, et je puis jurer qu’il était plus nerveux à l’idée de
parler devant elle que devant les tribuns. Il avait une grande escorte de
clients pour le soutenir en quittant la maison, escorte qui se gonfla encore en
route, surtout lorsque nous fîmes halte à mi-chemin de l’Argiletum pour prendre
Sthenius à son refuge. Nous étions donc au moins une centaine à traverser le
forum pour pénétrer dans la salle des tribuns. Timarchides nous suivait à
distance avec sa bande, mais nous étions bien trop nombreux pour qu’il risque
une attaque, et il savait que, s’il tentait quoi que ce fût dans la basilique,
il serait réduit en pièces.
    Les dix tribuns siégeaient. La salle était pleine. Palicanus
se leva et lut la motion –  que de l’avis de ce collège, l’ordre de
bannissement de Rome ne s’applique pas à Sthenius –, et Cicéron s’avança
vers le tribunal, le visage blanc et crispé de nervosité. Il avait très souvent
mal au cœur avant une intervention importante, et cela avait été le cas ce
matin-là – il avait dû s’arrêter près de la porte pour vomir dans le
caniveau. La première partie de son discours fut plus ou moins la même que sa
plaidoirie devant le Sénat, sauf qu’il pouvait à présent faire venir son client
devant l’assemblée et le désigner dès qu’il était besoin d’en appeler à la
pitié des juges. Et jamais victime plus abattue ne fut présentée devant une
cour romaine que Sthenius ce jour-là. Mais la conclusion de Cicéron fut
totalement nouvelle, sans aucun rapport avec ses plaidoiries habituelles, et
marqua un changement décisif dans sa politique. Lorsqu’il y arriva, toute
nervosité l’avait quitté, et il s’exprimait avec fougue.
    — Les marchands de Macellum ont, messieurs, un vieux
dicton qui veut qu’un poisson pourrit d’abord par la tête, et s’il y a quelque
chose de pourri à Rome aujourd’hui – qui pourrait encore en douter ? – je
puis vous certifier que cela a commencé par la tête aussi. Cela a commencé tout
en haut. Cela a commencé au Sénat. (Acclamations et piétinements.) Or, ces
marchands vous diront qu’il n’y a qu’une chose à faire avec une tête de poisson
pourrie qui empeste, c’est de la couper… de la couper et de s’en débarrasser !
(Nouvelles acclamations.) Mais il faudrait un sacré couteau pour couper cette
tête-ci, car il s’agit d’une tête aristocratique, et nous savons tous comment
elles sont ! (Rires.) C’est une tête enflée par le poison de la
corruption, bouffie d’orgueil et d’arrogance. Il faudrait un bras solide pour
manier ce couteau, et il faudrait aussi un cœur bien trempé parce

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